L’œuvre de Herbert George Wells (1866-1946) se résume en français à quatre romans : La Machine à explorer le temps (1895), L’Île du Docteur Moreau (1896), L’Homme invisible (1897), et La Guerre des mondes (1898). Quiconque est observateur en aura conclu que Wells a dit l’essentiel et, au passage, été le cristallisateur de la science-fiction moderne et de certaines de ses préoccupations, en moins de cinq années. Le même observateur en vient à se demander comment l’auteur anglais a bien pu occuper le reste de son temps sur Terre. En cherchant un peu, il découvre un autre Wells, ou plutôt un Wells qui va plus avant dans les idées sous-jacentes dans ces quatre romans essentiels : Une Histoire des temps à venir (1899, une nouvelle), Les Premiers hommes dans la Lune (1901), Miss Waters (1902), Au temps de la comète (1906), ou La Guerre dans les airs (1908), présents dans quelques anthologies en français (mais sommet d’un iceberg de romans, nouvelles et essais publiés à foison, montrent un Wells prospectif, inquiet de l’avenir de l’espèce humaine, désireux d’un grand renouvellement social, fin connaisseur de l’Histoire de l’humanité – bref, un Wells polygraphe dont l’obsession semble être éviter à l’Homme de foncer droit dans le mur. D’ailleurs, dans la préface de 1941 à La Guerre dans les airs, il écrira : « Je vous l’avais dit. Foutus imbéciles ».