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Les Chroniques

Il n’y a pas de grand remplacement, Hervé Le Bras (par Martine L. Petauton)

Ecrit par Martine L. Petauton , le Mercredi, 06 Avril 2022. , dans Les Chroniques, Les Livres, Essais, La Une CED, Grasset

Il n’y a pas de grand remplacement, Hervé Le Bras, Grasset (essai), mars 2022, 128 pages, 14 €


Hervé Le Bras est un de nos plus notables démographes, un des plus doués, qui plus est, pour expliquer sa science à tout un chacun dans articles et autres médias, la mettre à notre portée, ce qui honore l’enseignant qu’il est. C’est la même démarche – fondamentale – qui semble avoir motivé cet opus où tout est dit, expliqué, démonté, puis reconstruit, pour aboutir à ce petit moteur démocratique qui marche tout ce qu’il y a de mieux.

« Ce ne sont pas les migrations qui mènent au “grand remplacement”, mais ce dernier qui permet aux politiques de propulser la question migratoire sur le devant de la scène… en un édifice fantasmatique ». Constat de départ.

Ainsi parle le mur, Pascal Commère (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 05 Avril 2022. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Poésie

Ainsi parle le mur, Pascal Commère, éditions Le temps qu’il fait, février 2022, 216 pages, 22 €


Le nouveau livre du poète Pascal Commère qui nous offre ici un roman publié aux éditions Le temps qu’il fait, est à lui seul un mur porteur. Il supporte en effet la charpente d’une œuvre déjà remarquable, comme la structure/texture de planchers solides et typiques à savoir le socle d’une bibliothèque vivante enracinée solidement dans notre paysage littéraire. Pascal Commère est un écrivain de la terre (davantage qu’un auteur du terroir) et Ainsi parle le mur porte les saveurs de cette expérience et ce caractère marqués, à l’instar de ces mains du narrateur lorsqu’enfant une voix sèche l’accueillait au retour de ses échappées buissonnières en lui reprochant de rentrer les mains pleines de terre : « Qu’est-ce que tu peux bien faire pour avoir des mains de la sorte ? ». Reproche réitéré (« Et ça recommençait »), jusqu’à ce que le jeune garçon en ait honte :

Ainsi parlait Montaigne, Gérard Pfister (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 04 Avril 2022. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Anthologie, Arfuyen

Ainsi parlait Montaigne, Gérard Pfister, éditions Arfuyen, janvier 2022, 192 pages, 14 €

 

Humanisme

Retrouver la force vive de l’humanisme de la Renaissance, ici, avec des dits et des maximes de Montaigne, est un plaisir sans partage. C’est voir l’homme du Cinquecento et entendre une voix, un esprit qui a connu la totalité de la littérature de son époque. On n’y trouve nulle pédanterie de savant, mais plutôt des règles morales et une recherche de la vérité. Là, nous sommes au début d’une ère nouvelle. Mais cet homme de la Renaissance qui a irrigué comme honnête homme l’histoire de la pensée, aboutit en ce début de troisième millénaire à un autre homme, celui d’une humanité fragmentée, plongeant les êtres humains dans leur narcissisme, où l’individualité de citoyen se transforme en idée de niches seulement ouverte aux besoins d’un consommateur ciblé, oubliant l’honneur, la dignité de la pensée, la morale des actions. D’une autre manière, Montaigne est lui aussi à un seuil.

Ressource humaine, Louise Morel (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 01 Avril 2022. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

Ressource humaine, Louise Morel, éditions Hors d’atteinte, Coll. Littératures, mars 2022, 192 pages, 19 €

 

Start-up

Dans Ressource humaine – récit-vérité – Louise Morel (née en 1990, analyste financière) décrit le parcours de Marianne, consultante et experte en conseils de stratégie, évoluant dans le milieu entrepreneurial, au sein d’une hiérarchie très sectorisée et pyramidale. La politique commerciale de ces entreprises use d’un jargon et de codes semblables à des jeux de rôles, des jeux vidéo à base d’anglicismes, aidés par des techniques de management à l’américaine. Les employé(e)s de ces entreprises et de ces startups sont formés de couples « moyennement beaux, visiblement riches », les femmes viennent d’une « société de pourries-gâtées », et tous sont des individus hyperactifs sortis d’école de commerce au credo droitier : « Le profit résulte des revenus et des coûts ». Leur existence est régie par des slogans de marketing, des messages elliptiques sur le smartphone, parfois réduits à des icônes ou des émojis.

Un visage habituel, Jean-Claude Leroy (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Jeudi, 31 Mars 2022. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Poésie, Rougerie Editeur

Un visage habituel, Jean-Claude Leroy, éditions Rougerie, mars 2022, 64 pages, 12 €

 

« avec tous ces masques à leur place

j’ai bien vu que les visages sont inutiles

un chiffon fait très bien l’affaire » (p.47)

C’est une poésie, à la fois, de l’atteinte irrémédiable et de l’accès impossible. D’une fascination pour la guerre intérieure (la guerre qui a l’art de « trancher les visions » et « nettoyer les caves » ! (p.9) et d’un mépris horrifié pour l’extérieure (« les soldats se branlaient tristement »). De l’extraordinaire conscience que tout moi qui dure arrive à ses limites, vieillit en juge de moins en moins impartial de lui-même (« une mer traversée en dedans/ et dont nul marin ne témoigne » (p.25), et que pourtant le fou l’est précisément de chercher hors de lui son garde-fou, puisque « se défendre de soi-même/ est un apprentissage » (p.49). Auteur que l’essentiel angoisse mais que, dit-il (p.16) trahir son angoisse tuerait.