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Les Livres

Exercices à trous, Marc-Émile Thinez (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 20 Novembre 2024. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Editions Louise Bottu

Exercices à trous, Marc-Émile Thinez, éd. Louise Bottu, juillet 2024, 90 pages, 13 € . Ecrivain(s): Marc-Emile Thinez Edition: Editions Louise Bottu

 

 

 

« cul-de-sac

le trou a plus d’un tour dans son sac

le sac plus d’un trou on y voit

le jour

dans les ajours dansent les mots

plus d’un tour dans sa langue »

mise en bec – exercices à trous

Celui qui voulait tout faire très très bien, Alexis Jenni, Zafouko Yamamoto (par Ivanne Rialland)

Ecrit par Ivanne Rialland , le Mercredi, 20 Novembre 2024. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Jeunesse

Celui qui voulait tout faire très très bien, Alexis Jenni, Zafouko Yamamoto, Éditions Paulsen, octobre 2024, 48 pages, 18 € . Ecrivain(s): Alexis Jenni

 

Celui qui voulait tout faire très très bien inaugure, avec Celle qui savait se débrouiller toute seule, une collection d’albums jeunesse consacrée à des vies inspirantes. Leur auteur, le romancier Alexis Jenni, décline ainsi pour le jeune public sa veine biographique. L’explorateur polaire Fridtjof Nansen dont cet album retrace l’existence a d’ailleurs été un an plus tôt le sujet d’une biographie publiée par Alexis Jenni chez Paulsen, Le Passeport de Monsieur Nansen (2022). Alexis Jenni y interroge le parcours assez énigmatique du Norvégien : sportif, scientifique, explorateur, il devient ambassadeur à l’indépendance de son pays et invente, dans les années 1920, un passeport qui a permis aux réfugiés et apatrides créés par l’éclatement des empires de passer les frontières et de trouver un asile. La biographie part ainsi du dialogue entre l’auteur et une Arménienne centenaire qui lui montre « lépapié » grâce auxquels ses parents ont pu s’installer en France.

La Petite Fille dans la forêt des contes, Pierre Péju (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Mardi, 19 Novembre 2024. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Robert Laffont, Contes

La Petite Fille dans la forêt des contes, Pierre Péju, Robert Laffont, 2018, 296 pages, 21,50 € . Ecrivain(s): Pierre Péju Edition: Robert Laffont

Cinq ans après la publication de Psychanalyse des contes de fées, Pierre Péju élabore en quelque sorte une réponse à Bruno Bettelheim à travers la voix de cette Petite fille dans la forêt des contes : on ne peut pas parler ici d’ouvrage foncièrement théorique, mais plutôt du prolongement d’une réflexion initiale, déjà riche, sur les contes traditionnels. Sans vraiment réfuter l’interprétation qu’en fait Bettelheim, interprétation qui se base essentiellement sur les travaux psychanalytiques de Freud, Péju en propose un élargissement, et avertit aussi des maladresses très dommageables qui pourraient nous revenir si l’on faisait du livre de Bettelheim une vérité établie.

Conduit par le célèbre personnage du joueur de flûte de Hameln qui, grâce à son génie musical, emmène à sa suite tous les enfants d’un village vers un endroit dont on ne saura jamais rien, Pierre Péju se penche sur la figure de la petite fille (mais pas uniquement) et accorde une certaine place aux contes allemands de l’époque romantique : Hoffmann et Grimm sont les noms les plus connus en France, mais l’auteur réserve un éclairage égal à la richesse des contes de Ludwig Tieck, Achim d’Arnim ou Clemens Brentano.

Les Ephémères (Mayflies), Andrew O’Hagan (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Mardi, 19 Novembre 2024. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Métailié

Les Ephémères (Mayflies), Andrew O’Hagan, Métailié, août 2024, trad. anglais (Ecosse), Céline Schawller, 288 pages, 21,50 € Edition: Métailié

 

Ce sont les années Thatcher qui constituent la toile de fond de ce roman. Andrew O’Hagan dépeint ces moments particulièrement durs pour la classe ouvrière qui, de grèves en difficultés pécuniaires, a connu des soumissions à l’ordre financier comme jamais. Le monde que l’auteur met en scène est celui des jeunes qui vivent un moment ingrat dont les perspectives relèvent du « no futur » que les punks éructèrent quelques années auparavant. C’est dire aussi que la musique est omniprésente, celle populaire, mais ô combien idoine pour cette époque.

C’est dans ce contexte des années 80 que l’auteur va faire naître et durer une amitié entre Tully Dawson et le narrateur. Tully Dawson est ce garçon fantasque d’une vingtaine d’années qui, en mal de repères familiaux, se tourne vers le cinéma, la musique, et le foot. Nous sommes en Écosse et la jeunesse se morfond dans le chômage et les difficultés qui vont avec, le fric, l’ennui au quotidien, l’alcool, la drogue, ce qui résonne comme une évidence mais ce qui, ici, est le socle d’une amitié qui va se sceller lors d’une virée à Manchester.

Après la fin du monde, nuages Requiem, Colette Klein (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 19 Novembre 2024. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Après la fin du monde, nuages Requiem, Colette Klein, Éditions Henry, Coll. Les Écrits du Nord, 2023, 80 pages, 12 €

Visionnaires s’incarnaient les paysages de Michaux, sous mescaline ou non, puisque, ainsi (et en l’occurrence à l’acmé du souffle, le Poète qui acte (poïen en grec) la parole), l’œil à l’écoute du créateur VOIT le réel dévoilé/révélé. L’exergue de Après la fin du monde, nuages Requiem de la poète et peintre Colette Klein (https://www.coletteklein.fr/) nous plonge in media res dans l’ambiance du Voyage auquel ce nouveau recueil nous invite. En effet Charles Baudelaire, évoquant des études d’Eugène Boudin (peintre éminent des nuages…), nous parle dans ce passage du Salon de 1859 (VIII Le paysage) du phénomène de Pareidolia, cette illusion optique créée par notre regard porté sur le mouvement aléatoire des nuages, et souligne la « profondeur » et « les splendeurs » déployées par cette ivresse contemplée des hauteurs semblable à « une boisson capiteuse ou (…) l’éloquence de l’opium » qui montent telles ténèbres chaotiques à nos cerveaux. La palette expressive du poète des Fleurs du Mal, aussi précise et ciblée que le ravissement de la lumière commis par Delacroix ou Turner dans la tourmente de la tempête, annonce que nous entrons, ici, dans le cadre de l’Infini d’un univers écrit à l’encre forte.