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Les Livres

L’Alephebet – Didier Ben Loulou (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Lundi, 17 Novembre 2025. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Israël

L’Alephebet – Didier Ben Loulou – Arnaud Bizalion Éditeur – 96 p. – 25 euros – 23/09/25. . Ecrivain(s): Didier Ben Loulou

 

« Les lettres, gouttes de semence, deviennent ainsi la trace d’une réalité supérieure. Les écrire, les lire sont une manière de remonter à la source première. Elles véhiculent une énergie divine qui dépasse le simple message. Les photographies ont une façon de poursuivre l’acte créateur de Celui qui a tout créé à partir d’elles. »

 

L’Alephebet est l’alphabet en hébreu, comptant vingt-deux lettres, et selon la tradition kabbalistique, Dieu aurait créé le monde en agençant ces vingt-deux caractères qui composent l’Alephebet. Des lettres carrées  qui vont fonder une langue et plus encore. Ces lettres aux résonances inouïes, au graphisme à aucun autre semblable ; le photographe écrivain les découvre, comme l’on découvre une source miraculeuse, il sait que le temps lui appartient, alors il prend son temps pour les voir, les photographier, les laisser s’imprimer en sa mémoire et dans sa chair.

Où seul chasse le vent, Michel Bourçon (par Philippe Leuckx)

, le Lundi, 17 Novembre 2025. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Poésie

Où seul chasse le vent, Michel Bourçon, Al Manar, 2025, 88p., 20 euros, photographies de l'auteur.

 

Pour le suivre depuis longtemps, je peux dire que Bourçon est un poète singulier, prolifique et égal - ce qui est rare quand la poésie est abondante. Une hyperconscience de ce qui l'entoure anime l'écriture, nourrit les poèmes, amplifie les thématiques.

On reconnaît vite un poème de son cru, parce qu'il densifie le sens des réalités intérieures, la découverte du monde (des arbres, du ciel), et la perception intime, unique des ombres au coeur et dans l'espace.

Il faut attendre la page 67 pour bien comprendre le sens et la portée du titre : "le passé/ où seul chasse le vent".

L'être traqué, torturé, tremble d'être cette conscience agissante qui repère "les éboulis", le peu de savoir (nombre de "je ne sais pas, on ne sait guère"), les pertes, et le profil angoissant de la mort et de celle de la mémoire du monde.

La Montagne magique, Thomas Mann (par Marie-Pierre Fiorentino)

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Vendredi, 14 Novembre 2025. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue allemande, Roman, Fayard, En Vitrine, Cette semaine

La Montagne magique, Thomas Mann, traduit de l’allemand par Claire de Oliveira, Fayard, 2016, 782 pages, 39 euros. . Ecrivain(s): Thomas Mann Edition: Fayard

 

Sur la Montagne magique, tutoyer l’amour.

La nuit de Walpurgis, dans un salon de la maison Berghof, sanatorium cossu de Davos, Hans Castorp déclare à Clavdia Chauchat son amour. Il le fait en français, la langue qui permet, dans ce monde « d’en haut » où le seul lien évident entre pensionnaires est un mal identique, d’échanger des politesses entre gens qui ne parlent pas la même.

Mais il n’est plus question, dans l’intimité que tissent piano et rumeurs de la fête, de politesse. « Je t’aime, balbutia-t-il, je t’ai aimée de tout temps, car tu es le Toi de ma vie, mon rêve, mon sort, mon envie, mon éternel désir… »* Hans, qui ne s’est jamais auparavant adressé à Clavdia, la tutoie d’emblée. Car, de même que la tuberculose outrage, sans se laisser d’abord voir puis à grand renfort de drames, la vie de cette communauté dont les apparences doivent rester sauves, de même la vie intérieure de Hans est trop bouillonnante pour se plier encore, cette nuit de Walpurgis, aux cachotteries bienséantes d’une conversation mondaine.

Gustave Flaubert, écrivain, Maurice Nadeau (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 14 Novembre 2025. , dans Les Livres, Recensions, Essais, La Une Livres, Editions Maurice Nadeau

Gustave Flaubert, écrivain, Maurice Nadeau Editions Maurice Nadeau (Poche) – 12 septembre 2025. 396 pages. 12,90€ Edition: Editions Maurice Nadeau

 

Réédition en Poche « d'un essai qui a reçu, lors de sa parution en 1969, le Grand prix de la critique littéraire et qui a fait l'objet de nombreuses traductions ».

Pour la dernière version, revue, corrigée et publiée en 1990, Maurice Nadeau « a tenu compte des travaux critiques qui, ces dernières années, ont été suscités par la sortie du purgatoire d'un de nos plus grands romanciers. Ils confirment la place que la critique fait à Flaubert, non seulement en tant qu'initiateur du roman moderne, mais comme "écrivain exemplaire" ».

Ces lignes, extraites de la présentation de cet ouvrage monumental par les Editions Nadeau, en déterminent la ligne directrice.

En dépit de cette affirmation exprimée en préface avec modestie par le critique : « Je ne suis pas davantage doué pour le travail d’érudition ou, à l’autre pôle, la biographie romancée », le texte est bien d’un érudit, et le lecteur se prend dans la trame de la biographie comme dans les rets et le cours d’un roman.

Les Trois Villes, Émile Zola, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade (par Gilles Banderier))

Ecrit par Gilles Banderier , le Jeudi, 13 Novembre 2025. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, En Vitrine, La Pléiade Gallimard

Les Trois Villes, Émile Zola, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », mars 2025, XLII + 1888 pages, 79 €.

 

Depuis bien des années déjà, on discute régulièrement du caractère opportun (ou non) et indispensable (ou non) de telle ou telle nouveauté venue étoffer le catalogue de la « Bibliothèque de la Pléiade ». Même préfacé par feu Marc Fumaroli, feu Jean d’Ormesson était-il plus important qu’Érasme, Milton, Leopardi, Thomas Mann ou Hermann Broch, tous absents dudit catalogue ? À qui observerait que le comité éditorial de la Pléiade est libre de publier qui il l’entend, on répondra que ce n’est pas tout à fait exact, car la Pléiade, imitée par des éditeurs étrangers (en Italie, Mondadori et Einaudi, qui a fait paraître sous le vêtement de la collection française des auteurs que celle-ci n’a pas publiés en France), a acquis le statut d’une collection semi-officielle, où l’on peut à bon droit s’attendre à trouver les plus grands auteurs étrangers, mais aussi et surtout les plus grands écrivains de ce qu’un critique anglais appelait « the third classic », après la Grèce et Rome : la littérature française.