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Les Livres

La Réjouissance, Stéphane Barsacq (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 18 Décembre 2025. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, En Vitrine

La Réjouissance – Stéphane Barsacq – Editions le Corlevour – 192 p. – 20 euros – 21/10/25. . Ecrivain(s): Stéphane Barsacq

 

« Les classiques sont tout le contraire du passé. Ils disent le temps et fixent la durée : ils sont pliés dans leur époque dans l’attente d’être dépliés dans la nôtre. »

 

« On lit un livre consacré qui appartient à l’histoire et soudain on découvre qu’un homme, comme vous, était derrière, qui n’est plus, qu’il a vécu, qu’il a eu des enfants, qu’il est mort, et que, à leur tour, ses enfants sont morts, eux dont le tombeau est visible : on a alors quitté la littérature, pour pénétrer, sans s’en être aperçu, de qui fait son fond – cette manière d’habiter l’exil et l’histoire, et d’indiquer un chemin toujours nouveau. »

Approches de Dante

La marchande d’oublies, Pierre Jourde (par Laurent LD Bonnet)

Ecrit par Laurent LD Bonnet , le Jeudi, 18 Décembre 2025. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

La marchande d’oublies, Pierre Jourde, Gallimard août 2025, 656 p. 25 €

 

Progresser dans nos quêtes, l’Art ne sert qu’à ça :

“That’s the way to do it ![1]

 

On ne peut dénier à Pierre Jourde la cohérence avec laquelle il fait œuvre. Dans une filiation gracquienne, il n’a jamais mâché ses mots à l’égard de la société du spectacle littéraire, et de la tartufferie critique qui l’accompagne. Il le sait, le trop de lumière tend à faire du masque médiatique un visage, et détruit le créateur. Aussi Jourde a-t-il toujours privilégié les rencontres, entretiens écrits, podcasts, vidéos sur des plateformes littéraires ou cultures alternatives et, avant de se lancer vraiment dans l’affaire-roman (après de nombreux essais et Carnage de Clowns en 99) prit-il soin de fourbir son arme ultime d’essayiste.[2]

Claude Simon La corde raide (avec Le Tricheur) (par Gilles Cervera)

Ecrit par Gilles Cervera , le Mercredi, 17 Décembre 2025. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Claude Simon La corde raide (avec Le Tricheur) éd de minuit. 451 pp 23€

 

Claude Simon, deuxième roman

On ne sait jamais de quoi on parle avant d’en parler.

Claude Simon l’écrit plutôt à la fin de son second roman La corde raide. Il reparaît comme une archive, mieux qu’une archive, un peu inerte ou poussiéreuse, ici décapante et tonique.

Édité en 1947, La corde raide est à part entière une œuvre et la matrice de celles à venir. Le journal de guerre s’y écrit, brutal et à tenir pour vrai car si chaud de l’expérience. Sans décor, Sans fioritures ni une quelconque afféterie : brut comme un colonel à cheval fauché par un sniper embusqué ou deux cyclistes filant à l’aller, étendus sur le côté au retour : Sur la droite, au revers du talus, il y avait deux soldats en combinaisons bleues, étendus, leurs vélos auprès d’eux. Ils n’étaient pas là lorsque nous étions passés quelques minutes auparavant. Un regardait fixement. Les morts avaient toujours cet air idiot et surpris, la bouche ouverte.

J’ai un rendez-vous avec la Mort… Alan Seeger (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 16 Décembre 2025. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Correspondance, Les Belles Lettres

J’ai un rendez-vous avec la Mort… Alan Seeger, Lettres et poèmes écrits durant la guerre, réunis par son père et traduits par Odette Raimondi-Matheron, Paris, Les Belles-Lettres, 2025, 302 pages, 23, 50 € Edition: Les Belles Lettres

Existe-t-il un équivalent français d’Alan Seeger, né en 1888 à New York, mort en 1916 sur un de ces fronts absurdes de la Première Guerre mondiale ? Ce n’est pas qu’il n’y ait pas eu de poètes français morts dans ce massacre inutile – la liste en est au contraire fort longue, dont bien des jeunes poètes qui n’eurent que le temps de donner, qui une plaquette, qui un recueil – poètes prometteurs sans le moindre doute, mais fauchés en pleine floraison (on pense par exemple à Jean de La Ville de Mirmont). Le cas d’Alan Seeger est différent : il eut, comme Rupert Brooke, la chance ambiguë de composer au moins un poème devenu très tôt célèbre, qui figure dans la plupart des anthologies de poésie anglo-américaine, une sorte de « Dormeur du val » anglais : « I have a Rendezvous with Death ». Ce poème était, paraît-il, le préféré du défunt président Kennedy (ce qui ne prouve rien en faveur ou en défaveur de sa qualité) et une légende, qui vaut ce que valent les légendes, affirme qu’il en aurait eu une copie dans la poche de sa veste, le jour de son assassinat. Quoi que l’on pense du président Kennedy et de ses préférences littéraires, il faut admettre que le poème de Seeger est un grand texte et son auteur un écrivain de premier plan.

My name is Orson Welles / ouvrage collectif sous la direction de Frédéric Bonnaud (par Charles Duttine)

Ecrit par Charles Duttine , le Lundi, 15 Décembre 2025. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, La Table Ronde

My name is Orson Welles / ouvrage collectif sous la direction de Frédéric Bonnaud / Editions La Table Ronde / 464 pages 320 illustrations / Septembre 2025 / 44,50€ Edition: La Table Ronde

 

Orson Welles ou la figure protéiforme

 

A l’occasion du 40ème anniversaire de la disparition d’Orson Welles, la Cinémathèque française organise une exposition sur le cinéaste, véritable légende du cinéma. Un catalogue d’exposition l’accompagne, un ouvrage collectif très documenté, un « beau livre » comme on dit, riche d’illustrations et de toutes sortes d’informations sur le créateur de Citizen Kane. Ce qui frappe, en premier lieu, lorsqu’on parcourt ce livre, et cette impression va en s’approfondissant, c’est la dimension littéraire d’Orson Welles. Non seulement il apparait dans sa vie comme un véritable personnage romanesque, mais encore la littérature est omniprésente dans ses créations, notamment par ses adaptations radiophoniques et filmiques, de Shakespeare à Franz Kafka en passant Joseph Conrad et H. G Wells.