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Les Livres

L’Être et le roman – Lakis Proguidis (Par Laurent LD Bonnet)

Ecrit par Laurent LD Bonnet , le Mardi, 09 Décembre 2025. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Cette semaine

L’Être et le roman – Lakis Proguidis – 2025 – Éditions du Canoë

 

Il était une fois dans le désert.

Il était une fois, aux confins de l’Iran, dans le lointain désert du Baloutchistan, un ingénieur qui construisait des routes. Dans la chaleur, le bruit et la sueur, il œuvrait, consciencieux et assidu, dix heures par jour, trente jours par mois ; ainsi va l’humain, se disait-il un matin comme les autres, alors qu’il roulait seul, réfléchissant croyait-il, à la suite de petits miracles que nécessite le déroulement d’un ruban d’asphalte de quatre cents kilomètres, là où, vingt ans avant, les cris des caravaniers se mêlaient aux blatèrements des chameaux. Un an plus tard, un ayatollah chasserait l’empereur du pays. Les routes interrompues s’ensableraient quelques mois. Mais l’ingénieur serait déjà loin, sa propre révolution accomplie depuis un an, surpris ce matin-là par l’embuscade qu’avaient tendue sous un soleil écrasant, un romancier et une vision : Gombrowitz et un Bédouin. Que sait-on des gens qui vont bouleverser nos vies à un recoin de librairie ou de dune ? Par définition, rien du tout, voici la beauté de l’histoire.

Floreal, Elisabeth Hennebert (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Mardi, 09 Décembre 2025. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Editions des Busclats

Floreal, Elisabeth Hennebert Editions des Busclats (Gallimard) – 13 novembre 2025 102 pages 14€ Edition: Editions des Busclats

 

L’intérêt de ce court roman réside primordialement en l’évocation d’un chapitre historique qui s’est déroulé à Maurice de 1940 à 1945, quasiment inconnu des Mauriciens d’aujourd’hui, s’inscrivant dans la tragédie juive de la Shoah.

En 1940 des milliers de Juifs fuyant l’Europe, ayant débarqué à Haïfa, dans ce qui était alors une colonie britannique, ont été refoulés et déportés par les Anglais, qui ne souhaitaient pas les voir s’installer en Palestine, les uns vers Trinidad-et-Tobago, les autres vers Maurice où ils ont été internés en décembre de l’année à Beau Bassin dans un camp aux conditions de survie délétères.

« C’est l’histoire que personne ne connaît. Presque un mirage. Une petite Shoah dans la grande. Une Shoah minime : que sont cent vingt huit morts au regard de six millions ? ».

Les herbes vertes s’étendent jusqu’à l’horizon, anthologie bilingue de la poésie chinoise (1912-1949) (par Luc-André Sagne)

Ecrit par Luc-André Sagne , le Lundi, 08 Décembre 2025. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Anthologie, En Vitrine, Cette semaine

Les herbes vertes s’étendent jusqu’à l’horizon, anthologie bilingue de la poésie chinoise (1912-1949) présentée et traduite par Guomei Chen, éditions Les Deux-Siciles, 2023, 196 p. 20 euros

Après une première anthologie consacrée à l’âge d’or de la poésie classique chinoise, celle de l’époque Tang*, intitulée « Si profonde est la forêt », et publiée chez le même éditeur en 2020, Guomei Chen nous propose aujourd’hui, avec les mêmes qualités de présentation et de traduction faite directement à partir du chinois, une nouvelle anthologie bilingue consacrée cette fois à un temps plus méconnu, ou en tous les cas moins fréquemment évoqué, celui qui va de la proclamation de la République de Chine en 1911 à l’accession au pouvoir du parti communiste chinois et à la fondation de la République populaire de Chine en 1949. Un temps de profondes mutations, d’un changement complet du cadre politique et culturel doublé d’une guerre civile et d’un conflit militaire avec le Japon.

Pour cette période particulière, à la fois confuse et fertile, Guomei Chen a réuni dix poètes dont trois poétesses, certains traduits pour la première fois, présentés et classés par ordre chronologique, représentant la plupart des écoles poétiques du moment, qui sont nombreuses, voire foisonnantes. Un ensemble de soixante poèmes en version bilingue chinois / français, illustrant une période charnière de l’histoire contemporaine de la Chine.

Tibet de l’âme, Marc-Henri Arfeux (par Parme Ceriset)

Ecrit par Parme Ceriset , le Lundi, 08 Décembre 2025. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Poésie, Unicité

Tibet de l’âme, Marc-Henri Arfeux, mai 2025, 84 pages, 14 euros Edition: Unicité

 

L’auteur, Marc-Henri Arfeux, nous offre, avec « Tibet de l’âme », une élévation, un voyage de l'altitude spirituelle.

Il dédie ce recueil, illustré par ses propres toiles dont la flamboyance éclaire les mots d’un étonnant « feu intérieur », à Ani Rigsang, nonne bouddhiste ayant quitté la civilisation pour devenir moniale errante au Tibet oriental, renouant avec la liberté des Hauts-Plateaux, nécessaire à son épanouissement.

Au fil des pages, hommage est rendu à cette « petite âme » « aussi ténue que les fils d'épilobe en fin d'été", "fragile et tenace", que le poète considère comme une sœur.

À elle seule, elle semble incarner une partie des principes fondateurs du bouddhisme, dont la dissolution de l’individualité dans le Tout, se fondant aux montagnes qu’elle arpente, devenant forêt, cheminant dans « l’outre-loin », s’effaçant dans ce « lent pays de  neige et de cuir fauve », « chèvre malicieuse grimpant à l’arbre de l’azur ».

Sargent, Catalogue et Carnet d’exposition (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 05 Décembre 2025. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard, Arts

Sargent, catalogue d’exposition, Gallimard/Musée d’Orsay, sous la direction de Caroline Corbeau-Parsons et Paul Perrin, 256 p., 150 illust., 2025, 45€ / Sargent. Éblouir Paris, Caroline Corbeau-Parsons, carnet d’expo, Découvertes Gallimard/Musée d'Orsay

 

John Singer Sargent, né en 1856 en Italie, issu d’une famille bourgeoise du Massachusetts, homme éduqué, grand voyageur, s’installe à Paris en 1874. Il fréquente l’atelier de Carolus-Duran (1837-1917), ainsi qu’une société internationale de peintres, de sculpteurs et d’écrivains. Dans sa bibliothèque, l’on trouve Baudelaire, A. Dumas, Flaubert, A. France, E. Fromentin, Huysmans, Les Goncourt, Stendhal, Verlaine, etc. John Singer Sargent mourra en avril 1925 à Londres, célibataire et sans enfant. Au moment de son décès, un article de presse de Lancaster stipule que l’artiste est adulé dans les pays anglo-saxons, vu comme « le plus grand portraitiste américain de son temps (…) et du monde ».

L’artiste crée ses modèles au moyen de « la touche virtuose et moelleuse qui lui vaut une ascension fulgurante et fera de lui le portraitiste plébiscité par l’élite internationale ». [Caroline Corbeau-Parsons].