Identification

Les Livres

Des anges dans la neige (Snow Angels, 1994), Stewart O’Nan (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 02 Avril 2025. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, L'Olivier (Seuil)

Des anges dans la neige (Snow Angels, 1994), Stewart O’Nan, Éditions de l’Olivier, 2016, trad. américain, Suzanne V. Mayoux, 287 pages, 13,90 € . Ecrivain(s): Stewart O’Nan Edition: L'Olivier (Seuil)

 

Il s’agit du premier roman de Stewart O’Nan et, déjà, les thèmes et la mélopée sombre de son œuvre murmurent tout au long du livre. O’Nan est, de tous les romanciers américains d’aujourd’hui, probablement le plus… américain. Ses sources plongent profondément dans la vie quotidienne de la middle class se tenant aux limites de la pauvreté matérielle et en plein dans la pauvreté culturelle. Le talent de O’Nan tient dans son regard empathique sur ses personnages et dans son écriture glissando, sur tous les tons de gris comme est la vie des gens dans ce livre.

Un coup de feu létal sonne le lever de rideau et le roman décortique les éléments qui ont mené au drame. Annie est morte et le roman est l’histoire d’une structure implacable des choses qui mènent à cette mort. Petites choses en apparence qui scandent la vie sans relief de la classe moyenne de l’une des provinces américaines les plus grises, la Pennsylvanie : amours, désamours, fâcheries, divorces.

La Ligne, Aharon Appelfeld (par Anne Morin)

Ecrit par Anne Morin , le Mardi, 01 Avril 2025. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, L'Olivier (Seuil), En Vitrine, Israël, Cette semaine

La Ligne, Aharon Appelfeld, Editions de L’Olivier, mars 2025, trad. hébreu, Valérie Zenatti, 172 pages, 21,50 € . Ecrivain(s): Aharon Appelfeld Edition: L'Olivier (Seuil)

 

Erwin Ervin, c’est le prénom du personnage principal du livre, et le vrai prénom de l’auteur.

A bord de trains improbables, Erwin emprunte année après année le même circuit.

Quel est son métier, son emploi, sa quête ? Qui sont ses « associés », ses « collaborateurs » qui sont avec lui de loin ? Qui sont ses « concurrents » ? Quelles affaires se trament tout au long de ce parcours, toujours le même, qu’il refait, partant toujours le même jour de l’année ?

Des gares où presque tout a commencé : « C’est dans cette gare reculée que les Allemands nous ont conduits et abandonnés. (…) Mon étrange vie a commencé ce matin-là, et il me semble parfois que tout est figé dans ce matin. La mort comme la résurrection y sont ternes. Personne n’avait exprimé de joie. Tout le monde était pétrifié » (p.16).

Les Cinquantièmes hurlants, Tom Buron (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 01 Avril 2025. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Poésie

Les Cinquantièmes hurlants, Tom Buron, Gallimard, février 2025, 80 pages, 17 €

 

Géographie du monde

Géographie du monde fut le titre de mon mémoire de troisième cycle sur Le Soulier de satin de Paul Claudel. Je dis cela à dessein, car j’ai retrouvé cette émulation des mers, des voyages et des désirs sacrés, ici, dans ce recueil que Tom Buron publie chez Gallimard. J’y ai été confronté à une sorte de dérive des continents, d’un glissement du poétique. Donc, à la fois une hospitalité et à une inhospitalité des régions australes. Quelque chose d’une matière sacrée que Claudel illustre avec la présence de la Croix du Sud. Donc, un mouvement habité, un récit fusionnel.

Sommes-nous dans la quête de Pequod de Tom Buron ? Et cela fait, quel voyage au milieu des mots et des embruns ? Sommes-nous plus dans L’Odyssée que dans Moby Dick ? Dans le transport vidéographique d’Ocean Wuong ? Oui, nous demeurons en poésie.

La mort dans tous ses états, Modernité et esthétique des Danses macabres, 1785-1966, Vincent Wackenheim (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Lundi, 31 Mars 2025. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Arts, L'Atelier Contemporain

La mort dans tous ses états, Modernité et esthétique des Danses macabres, 1785-1966, Vincent Wackenheim, L’Atelier Contemporain, Coll. Histoire de l’art, février 2025, 944 pages, 39 € Edition: L'Atelier Contemporain

Memento mori

Ce bel et imposant ouvrage scientifique dirigé et composé par Vincent Wackenheim rassemble plus de 1000 illustrations assorties de textes référencés. Vincent Wackenheim, né à Strasbourg en 1959, libraire à Paris après des études de lettres, d’histoire et de droit, directeur général des éditions Prat, directeur général des éditions du Rocher, travaille actuellement pour La Documentation française. Il est également romancier et critique littéraire

L’auteur a privilégié les artistes des écoles européennes du nord, et ce, en raison du « grand nombre de Danses macabres nées en terre germanique, bien supérieur à l’Angleterre, l’Espagne, le Portugal, l’Italie, la Belgique ou la France ». Tout d’abord, c’est Hans Holbein (1497-1543) qui a codifié le canon de la représentation de la Mort : « Ces gravures vont pour trois siècles codifier les représentations livresques des Danses des Morts, une succession d’images, parfois commercialisées individuellement lors de foires ou par colportage ». Conféré maître par la Guilde des peintres, Holbein « rompt avec la tradition de la farandole et propose une suite de scènes issues de la vie quotidienne ».

Ainsi parlait Colette, Gérard Pfister (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 28 Mars 2025. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Arfuyen

Ainsi parlait Colette, Gérard Pfister, Arfuyen, janvier 2025, Dits et maximes de vie choisis, 192 pages, 14 € . Ecrivain(s): Colette Edition: Arfuyen

 

Colette Willy

Sidonie-Gabrielle Colette, née le 28 janvier 1873 à Saint-Sauveur-en-Puisaye (Yonne), morte le 3 août 1954 à Paris, est la deuxième femme à être élue membre de l’Académie Goncourt en 1945, elle en devient la Présidente entre 1949 et 1954, et la première femme en France à recevoir des funérailles nationales.

Les écrits de Colette ont souvent concerné les jeunes filles et les femmes, le lectorat féminin. Pour ma part, je lisais la grande auteure depuis l’enfance et y retrouvais une certaine connivence de forme et de fond avec mes impressions de jeune lectrice féministe. Dans sa préface, à ce propos, Gérard Pfister relève une phrase adressée aux femmes : « Ô lutteuses ! C’est de lutter que vous restez jeunes ». Dans ces extraits de l’œuvre de Colette, la nature, dont elle explorait les mystères et les changements, qu’elle savourait en bourguignonne (roulant terriblement les r), occupe une place importante, ainsi que la série des Claudine qui l’a rendue célèbre, l’amour qu’elle portait aux animaux, des aphorismes et de la morale.