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Les Livres

A la fin de l’été, Magdalena Blazevic (par Anne Morin)

Ecrit par Anne Morin , le Lundi, 27 Janvier 2025. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

A la fin de l’été, Magdalena Blazevic, Les éditions Bleu & Jaune, janvier 2025, trad. croate, Chloé Billon, 169 pages, 19,90 €

 

D’une saison l’autre, d’un paysage l’autre, larvé, miné par l’arrière-plan, la menace, toujours présente, entre cours de la vie, une vie ordinaire et arrière-cour, ce qu’il s’y profile. Comme au théâtre, on entre côté cour, du côté des vivants, du sursis, on sort côté jardin, du côté de la mort, ou l’inverse, on ne sait plus très bien.

Le temps défile, passe, revient sur ses pas, balbutie, dans le souvenir d’une toute jeune fille qui s’en va. Et qui dit… l’avant, l’après, le moment : « Les lèvres de la Mort pâlissent. Son index est habitué au contact du métal. Il ne tremble pas » (p.106)… La mort, un tout jeune homme, tue une toute jeune fille, c’est l’ordinaire, dans ce pays, cette guerre qui broie, s’en va, revient, flux et reflux, menace de tous côtés, comment ne pas se retrouver après, comment ne pas accompagner ?

Le paysage, le végétal lui-même porte en germes des menaces, les plantes piquent, se refusent à la consommation.

Griffes 16 (par Alain Faurieux)

Ecrit par Alain Faurieux , le Lundi, 27 Janvier 2025. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

 

Les Hommes manquent de courage, Mathieu Palain, L’Iconoclaste, août 2024, 289 pages, 20,90 €

Difficile de parler de ce livre. Tout d’abord rester sur les faits, le solide. Le fiable. L’écriture. Une sorte de reportage de Détective écrit à la première personne. Je sais, pas de première personne dans Détective ; et je ne sais même pas (la flemme de vérifier) si le magazine Détective existe encore. Des extraits de vie, avec des personnages vrais. Du sensationnalisme, du choquant pour la France profonde. Du viol, de la soumission, de la double vie. Des choses qu’on ne voit pas souvent mais avec les mots de tous les jours. Plus une construction en vignettes, des blocs mal rattachés ou pas attachés du tout. Une temporalité élastique, et des flashbacks. Ensuite ce n’est pas si simple, parce que cette première personne, c’est l’auteur (sans E) qui parle pour/au nom d’une femme qui s’est confiée à lui. Et on se demande où est l’artifice ? Un seul ? Plusieurs ? Cette femme (si elle existe) s’est-elle confiée ainsi à son fils ? Son parcours social (des détails ont été changés pour protéger… etc.) est-il bien celui-ci, si « pratique » de bien des manières ?

Au cabaret des oiseaux et des songes – Roman d’escapades - Éric Poindron (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 24 Janvier 2025. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Roman, Le Passeur

Au cabaret des oiseaux et des songes – Roman d’escapades - Éric Poindron – Préface de Denis Grozdanovitch – Le Passeur Éditeur – 349 p. – 17 euros . Ecrivain(s): Eric Poindron Edition: Le Passeur

 

« Mes éducations et mes écoles primesautières furent les églises de campagne et les cathédrales d’Europe, les musées de guingois et de province, les vignes sacrées, les presbytères confidentiels, l’océan qui chahute et les cours d’eau qui chuchotent, la correspondance des peintres et les journaux d’écrivains, la forêt confessionnal, les châteaux et les bistrots, les bibliothèques publiques et les chapelles privées. »

 

Au cabaret des oiseaux et des songes est peut-être le roman le plus personnel d’Éric Poindron ; une escapade dans l’enfance et la grande jeunesse de l’auteur aux mille faces. Comme la vie est un roman, le roman est une vie inspirée et inspirante. Il y a l’école des buissons et des rivières, celle des chemins traversés et des lanternes magiques et poétiques.

L’Enfant et le temps, Marie Sellier, Elsa Oriol (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 24 Janvier 2025. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Jeunesse

L’Enfant et le temps, Marie Sellier, Elsa Oriol, éditions L’Étagère du bas, mai 2024, 32 pages, 15 €

 

La petite fille en rouge

Ce délicat album jeunesse prend pour sujet un thème universel, qui concerne l’univers dans sa totalité ainsi que tous les êtres vivants : le temps. Mais qu’est-ce que le temps pour une toute petite fille ? Une abstraction… Et c’est ce que son entourage affectueux va tenter d’expliquer à la petite fille en rouge.

Marie Sellier, née en 1953, est écrivaine et scénariste, diplômée de l’Institut d’études politiques de Paris. Nommée Chevalier des Arts et des Lettres en 2007, elle a, durant de nombreuses années, été présidente de la Charte des auteurs et illustrateurs pour la jeunesse. Elle a également écrit 5 films documentaires sur des peintres et des sculpteurs, pour la télévision et le cinéma. Pour ce nouvel album, l’autrice écrit ce joli récit à la manière d’une comptine, d’un conte, d’une poésie, sous forme de dialogues brefs, afin d’élucider quelques problématiques temporelles.

Les meilleures nouvelles françaises du XXe siècle, anthologie (par Marie-Pierre Fiorentino)

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Jeudi, 23 Janvier 2025. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Nouvelles, Anthologie

Les meilleures nouvelles françaises du XXe siècle, anthologie, Collectif, Les Éditions Rue Saint Ambroise, 2022, 400 pages, 16,50 €

Mettre en avant, dans notre culture littéraire française qui la réduit à une forme anecdotique et la marginalise, la nouvelle, à travers une anthologie dont le principe rappelle les découpages et assemblages frustrants ou indigestes des manuels scolaires : tel est le double défi que les Éditions de la Rue Saint Ambroise relèvent dans ce volume.

Son préfacier, Gilles Philippe, admet que son titre « pourra faire sourire » ou « pourra agacer ». Il appartiendra en effet à chacun de juger si les vingt-sept nouvelles de ce recueil sont réellement « les meilleures du XXème siècle ». Il est cependant indéniable qu’elles sont très représentatives non seulement du genre mais plus largement des centres d’intérêt et des styles littéraires du siècle passé.

Vingt et un auteurs ont été retenus, Colette en ouverture, Annie Ernaux en clôture entourent Irène Némirovsky. Ces noms et quelques autres soulignent qu’au XXème siècle, publier ses écrits – car les femmes ont toujours écrit dans l’intimité ou l’anonymat – n’est plus le domaine réservé des hommes qu’il était au XIXème siècle.