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Les Livres

La Ligne d’ombre, Marie Alloy (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 09 Septembre 2024. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Poésie, Al Manar

La Ligne d’ombre, Marie Alloy, éditions Al Manar, juin 2024, 116 pages, 20 €

 

Écrire, voir ; voir, écrire

L’intérêt primordial à mon sens de ce recueil que publie Marie Alloy chez Al Manar, c’est la confrontation de l’écrivaine avec son autre talent, la peinture. L’on y voit d’ailleurs une rencontre avec la saison hivernale, à la fois dans les aquarelles qui illustrent l’ouvrage, et dans la prosodie même, combinaison savamment agencée de la peintre et éditrice du Silence qui roule (une autre corde à son arc). J’ai dit l’hiver en pesant mes mots, car pour moi c’est la saison du poème (comme l’été est celle d’Yves Bonnefoy). La nature se dépouille, les eaux s’immobilisent dans la glace, les chemins sont éclairés par des lumières froides et parfois rasantes. Tout y est poudreux, au contraire de l’été où tout rayonne. J’aime ce sentiment minéral, cette sorte de pureté presque pérenne de la neige dans sa brièveté violente. J’ai retrouvé cela dans La Ligne d’ombre.

La maison Dieu, Céline Laurens (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 06 Septembre 2024. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Albin Michel

La maison Dieu, Céline Laurens, Albin Michel, août 2024, 240 pages, 20,90 € Edition: Albin Michel

 

« Chaque fenêtre de la maison de Monsieur et Madame donne à voir sa saison préférée. Imaginez. Celle du salon de musique, le printemps : Mallora et Abel boivent de la citronnade. Ils feuillettent des livres sur une table blanche et rouillée disposée sur la terrasse en pierre. Le ciel est clair, l’arrosoir rutile perdu dans l’herbe et leurs visages éclatent de nudité dans ces premières tonalités franches du printemps » (Élise, La maison Dieu).

Avant d’être le nom du dernier roman de Céline Laurens, La Maison-Dieu est la lame XVI du Tarot de Marseille, dont Paul Marteau nous dit « qu’elle représente les constructions éphémères et fécondes de l’Homme, toujours détruites, toujours reprises, douloureuses parce qu’elles ruinent ses ambitions, bienfaisantes parce qu’elles accroissent sans cesse les richesses de son savoir (1) ».

Pom Pom Pomme Amos, Anne Cortey, Janik Coat (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 06 Septembre 2024. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Grasset, Jeunesse

Pom Pom Pomme Amos, Anne Cortey, Janik Coat, Grasset Jeunesse, mai 2024, 14 pages, 18,50 € Edition: Grasset

Le petit mangeur de pommes

Le titre Pom Pom Pomme semble tiré d’un jeu enfantin ou du début d’une comptine. Il ne s’agit pas du récit d’une pom-pom girl mais d’Amos, un gentil hybride de koala et de lapin au grand regard étonné et à la truffe gourmande ! Anne Cortey, née en 1966 à Avignon, l’autrice de l’album, est titulaire d’une Maîtrise d’Histoire de l’art sur les illustrations des contes de Perrault ainsi que de nombreux livres jeunesse.

Janik Coat est une illustratrice et graphiste née en 1972 à Rennes, diplômée des Beaux-arts de Nantes, et lauréate de la Pomme d’or de Bratislava en 2011 ainsi que du Prix Ficelle 2022.

Anne Cortey se trouve en compagnie de Janik Coat, et toutes deux ont donné vie à ce quadrupède bleu et rouge, prénommé Amos – prénom masculin d’origine hébraïque signifiant celui qui est chargé d’un fardeau, étant également le 3ème des 12 prophètes de la Bible, un berger, un tailleur de sycomores et un agriculteur.

Demande à la poussière, John Fante (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 05 Septembre 2024. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, 10/18, En Vitrine, Cette semaine

Demande à la poussière (Ask the Dust) traduit de l’américain par Philippe Garnier, 10/18 . Ecrivain(s): John Fante Edition: 10/18

 

Ask the Dust (l’un des plus beaux titres de la littérature romanesque) fut publié pour la première fois en 1939, quelques années à peine après la Grande Dépression dont il est encore profondément imprégné. Cet ouvrage, longtemps sous-estimé, a eu une influence considérable sur le roman américain (on peut aussi penser sur le cinéma), notamment sur Charles Bukowski, qui voyait en Fante sa source littéraire, Richard Brautigan et toute la Beat Generation. Ce roman, à la fois rude et poétique, raconte la lutte d’un jeune écrivain pour trouver sa place, tout en dépeignant la ville de Los Angeles avec une précision crue et évocatrice, un peu à la manière de Raymond Chandler et du roman noir de la Côte Ouest.

La Grande Dépression plane sur le roman, avec sa charge de difficultés économiques profondes qui affectent la vie quotidienne de millions d’Américains, ravagent les esprits, diffusent sur le pays une morosité morbide. Los Angeles, la ville où l’action se situe, est présentée comme un lieu de rêves et de désillusions, une terre d’opportunités où les espoirs souvent se brisent sur une réalité impitoyable.

Tant que le poème n’aura pas dit son dernier mot, Marc Baron (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 05 Septembre 2024. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Poésie

Tant que le poème n’aura pas dit son dernier mot, Marc Baron, Le Taillis Pré, mai 2024, 156 pages, 17 €

 

Durant cinq années, le poète de Fougères a tenu un « vrai cadastre » de ses jours, de ses nuits. Ecrire un poème, c’est pour lui entrer dans la nuit de la connaissance et de l’humilité. Ainsi ces nombreux poèmes se sont écrits la nuit, quand silence et profondeur tissent le travail de création.

Le poète ne peut vivre sans : le poème c’est le « labour » intérieur qui s’impose chaque jour, c’est l’exutoire, c’est « la lumière » des mots qui fend l’obscurité.

Les titres disent assez tout le travail de sape du poème, auquel le poète s’adresse sans cesse : confident, interlocuteur du songe, outil existentiel, etc.

Ressasser le mot « poème » convoque ici tous les sens : la nuit délivre la gangue de tous les mots, susceptibles de trouver une voie dans cette « recherche » quotidienne.