Identification

Les Livres

Je suis mon instinct comme un animal, Valérie Fauchet (par Marjorie-Rafécas Poeydomenge)

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Mercredi, 17 Septembre 2025. , dans Les Livres, Recensions, Essais, La Une Livres

Je suis mon instinct comme un animal, Valérie Fauchet, Avril 2025, 163 pages, 19,90 €, Editeur : Les Ouvreurs de Mondes


Ce nouvel essai poétique et pluriel, à la fois philosophique et esthétique (illustré par 18 photos de Bob Ostrovidow) rayonne d'énergie féline et se lit avec l’instinct de l'instant. Clin d’œil à L'intuition de l'instant de Gaston Bachelard, Valérie fauchet interroge subtilement : « Et si l'intuition de l'instant c'était l'instinct ? » Comme un coup de talon, l’instinct nous raccroche à l’instant présent et à la vraie beauté… Structuré autour de 14 poésies, ce livre est également intensément vivant par le nombre de témoignages recueillis par l’auteure sur l'instinct qui sauve, qui console et qui rend à la vie sa puissance.

Soleil blanc, Sabine du Faÿ (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Mardi, 16 Septembre 2025. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Jeunesse

Soleil blanc, Sabine du Faÿ, Oskar Éditeur – Février 2024, 136 pages – 12,95 €

 

D’emblée, ce roman destiné aux adolescents affirme un caractère politique : la dédicace faite à « Giovanni Falcone et Paolo Borsellino, juges antimafia assassinés » interpelle le regard, mais il est tout aussi important de souligner qu’à cette dédicace s’ajoute celle « à tous les enfants ».

Le sujet dont s’empare Sabine du Faÿ est parmi les plus délicats à aborder quand il s’agit de s’adresser à la jeunesse : la dépendance lancinante, avant qu’elle ne puisse devenir dévorante, à la drogue – le cannabis, quant au roman qui nous intéresse. Comment éviter, en effet, le piège du manichéisme ? Mais comme il s’agit d’une fiction, la différence se fera avec son personnage principal, Guillaume.

Dès les premiers chapitres, le talent de Sabine du Faÿ émerge à travers la dimension poétique qu’elle donne aux moindres éléments du quotidien. Qu’il s’agisse d’une atmosphère matinale ou d’un après-midi d’été brûlant, l’observation portée autour de soi nous fait entrer dans un tableau – une observation reliée directement à la curiosité d’un enfant.

Sylvie Le Bihan L’ami Louis (par Gilles Cervera)

Ecrit par Gilles Cervera , le Mardi, 16 Septembre 2025. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Sylvie Le Bihan L’ami Louis éd. Denoël 423 pp 22€50

 

Palimpseste pour Louis Guilloux

Voilà le dilemme.

Nous sommes tellement heureux de retrouver Louis Guilloux. L’écrivain du Sang Noir, du Jeu de patience, des Batailles perdues ou d’Herbe d’oubli entre autres Maison du Peuple ou Coco perdu.

Prix Renaudot, Prix de la littérature populiste, tant d’autres et celui de l’Académie Française. Se rend-on compte pour cet ami de Camus ce que le Grand Prix National des Lettres (1967) veut dire ? Comme le Nobel à Camus ? Se rend-on compte quand on sait que l’un naît à Alger d’une mère illettrée et d’une grand-mère sourde et muette, et l’autre, Guilloux, fils d’un cordonnier, le plus humble des cordonniers socialistes de Saint Brieuc ?

Nous sommes tellement heureux de retrouver Louis Guilloux.

Souches, Myriam Ouellette (par Jacques Desrosiers)

Ecrit par Jacques Desrosiers , le Lundi, 15 Septembre 2025. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits, Québec

Souches, Myriam Ouellette, 230 p., 25 € (disponible à la Librairie du Québec à Paris), Edition: Le Cheval d’août

 

Souches raconte l’épreuve qu’a traversée l’auteure atteinte il y a quelques années d’une leucémie aiguë. D’abord, la vaine chimio qui vous dénude le crâne et « vous tue un peu pour vous sauver ». Puis l’obligatoire greffe de cellules souches, dont les chances de prendre sont de cinquante-cinquante et qui demandera deux ans avant que les médecins puissent prononcer leur verdict. Le récit se concentre sur cette attente interminable où la greffée vit en compagnie de sa mort prochaine, avec de nombreuses échappées dans sa généalogie familiale. L’éditeur a beau présenter le livre comme un roman, c’est un récit autobiographique où Myriam Ouellette ne semble pas s’être livrée au jeu de cache-cache de l’autofiction ; si elle a inventé, c’est dans les marges. Elle a rebaptisé certains des nombreux acteurs qui gravitent autour d’elle, notamment son frère, nommé ici Aaron. Il a été un blogueur politique et photographe québécois connu, jusqu’à sa mort en 2022. Aaron est le frère de Myriam dans l’Ancien Testament.

La Guerre des chambres dans ma maison, Hans Thill (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 15 Septembre 2025. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Langue allemande

La Guerre des chambres dans ma maison, Hans Thill, trad. allemand Habib Tengour, préf. Jean Portante, éd. APIC, coll. Poèmes du monde, 156 p., 2022

 

Poésie composite

Il y a des mystères que l’on traverse sans le savoir. Il y a des énigmes qui trouvent réponse. Entre ces deux états se tient la ligne poétique de Hans Thill. L’on y est à la fois saisi par la force du langage, son secret, sa profondeur, et une inquiétante étrangeté. Le monde décrit procède, pour le lecteur francophone, par fragments, touchant à l’étrange. Oui, par une espèce de baptême de la signification. Une matière « noire » du langage.

Malgré tout, même cette sorte de sfumato des signes ne perd pas le lecteur qui voit un travail quand même concentré sur la ville, qui ne traite pas comme souvent en poésie, des notions communes de descriptions bucoliques. Et même si la forêt a son importance par exemple, la focale du recueil c’est la cité, le monde urbain avec sa richesse, son étrangèreté.