Identification

Les Livres

Bawab – Un héros de trop, François Momal (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 05 Septembre 2025. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Bawab – Un héros de trop, François Momal, Editeur Erick Bonnier 2025) 180 pages, 16 euros

Revoilà le bawab de qui on a partagé les petites misères, les bonheurs simples, les réflexions philosophiques de bon sens dans un précédent roman de François Momal intitulé  « Le banc de la victoire », paru en 2020 chez Maurice Nadeau, et recensé dans notre magazine en janvier 2021 avec cet exergue :

Ce plaisant roman de société qui fait irrésistiblement penser à celui d’Alaa El-Aswany, L’Immeuble Yacoubian, a pour décor, lui aussi, un immeuble de cette ville du Caire, vivante, grouillante, turbulente, où se côtoient luxe affiché et misère visible, où s’exprime l’exubérance du paraître et où se refoulent les frustrations du mal-être, où fonctionne à l’époque du récit un réseau occulte mais efficace d’espions à la solde du pouvoir. Le personnage central, Tarek, est un bawab, c’est-à-dire un de ces gardiens d’immeuble devant qui et par l’intermédiaire de qui on ne peut éviter de passer lorsqu’on rend visite à des relations dans les grandes villes d’Afrique du Nord.

Tobie des marais, Sylvie Germain (par Sandrine-Jeanne Ferron)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Vendredi, 05 Septembre 2025. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Tobie des marais, Sylvie Germain, éditions Gallimard, 1998, 221 pages

 

Tu n’aimes pas encore si ta vue ne transgresse pas les limites du visible, si ton ouïe ne perçoit pas les changements et soupirs du silence, si tes mains ne savent pas effleurer l’autre à travers la distance, l’étreindre dans l’absence. Non, tu n’aimes pas encore.

Le temps est en arrêt et le visible en crue.

Ce sont pour des phrases comme celles-ci que ça vaut le coup de se lever le matin, peu importe ce qu’il y a sur la table. L’émotion pour que la vie soit mémorable. Les êtres. Ce texte n’est pas une note de lecture, il est un hommage. Une lettre de remerciement adressée au personnage de Déborah. L’arrière-grand-mère de l’enfant Tobie. Ce sont deux des personnages majeurs du livre de Sylvie Germain. Les êtres autour de la table.

Déborah venait de loin, loin dans le temps et dans l’espace. Elle était née avant le siècle dans un village de Galicie polonaise, et jusqu’à l’âge de dix-neuf ans elle avait vécu dans son shtetl situé en bordure d’une rivière nommée Lubaczówka.

La marchande d’oublies, Pierre Jourde (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 04 Septembre 2025. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Gallimard

La marchande d’oublies – Pierre Jourde – Gallimard – 25 euros – 656 p. - 2025

 

« La lune a fait son apparition entre les nuages, enveloppée de vapeurs changeantes, pleine et rouge, gonflée de sang, gibbeuse, soufflée de cicatrices comme un organe malade. Personne d’autre que moi ne levait les yeux vers elle. Enfant, la lune qui se levait m’attirait à la fenêtre, je savais qu’elle serait là, elle m’avait appelé silencieusement. »

Les voyages physiques et mentaux forment le roman, comme ils forment la jeunesse, et les oublies ces petits gaufres en forme de cornet forment et hantent ce roman, ces charmantes douceurs qui fondent dans la bouche : l’oublie fait plaisir et fait mourir, lit-on dans cet étourdissant roman ; ces oublies à l’image de la madeleine de La Recherche, mettent en lumière ce que l’on pourrait appeler le miracle de la fiction romanesque. La marchande d’oublies est une œuvre éblouissante, foisonnante, au verbe altier, qui s’appuie sur deux personnages, un frère et une sœur, Alastair et Thalia, d’une famille de clowns anglais, friande de spectacles macabres, une famille du cirque, avec ses jalousies, et ses rancœurs.

Les cloches, Iris Murdoch (par Marie-Pierre Fiorentino)

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Jeudi, 04 Septembre 2025. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Iles britanniques

Les cloches, Iris Murdoch, traduit de l’anglais par Jérôme Desseine, Folio, 1985, 416 pages, 11,10 euros

 

Humour, émotions, rebondissements.

 

Dora Greenfield a accepté, malgré ses inquiétudes et la mise en garde de Noël avec lequel elle a une liaison, de rejoindre son mari Paul, « résignée comme les êtres qui dans leur vie n’ont encore jamais triomphé. » Elle avait pourtant trouvé la force de quitter cet époux plus âgé qu’elle, possessif et autoritaire, installé provisoirement à l’Abbaye d’Imbert où il mène des recherches.

Là vivent, dans un château, les premiers membres d’une communauté laïque et, derrière une imposante enceinte, des religieuses cloîtrées. Michael Meade, propriétaire du domaine, et James Tayper Pace, quoique n’en ayant pas officiellement le titre, font figures de chefs auprès de Mark et Margaret Strafford, de Patchway, de Catherine et de quelques autres illuminés.

L'Accueil du jour, Gérard Bocholier (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mercredi, 03 Septembre 2025. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Poésie

L'Accueil du jour, Gérard Bocholier, Ad Solem, 2025, 116 p., 17 euros . Ecrivain(s): Gérard Bocholier

 

Le poète tisse autour de la nature et de l'amour de très brefs poèmes denses, que le coeur coud au "fil d'or" d'une tendresse explorée, non feinte, toute pétrie de pudeur.

Accueillir le jour, le brin de paille, "les tilleuls couverts de rouille", "le noir des grappes" : c'est faire une déclaration d'amour au plus menu des choses comme "grains d'espérance" ou un "souffle qui pardonne".

Nombre de questions vrillent cette poésie comme s'il fallait creuser encore plus loin dans l'expérience du sensible :

"Serait-ce un signe

En ce mystère

De ta venue

Dans le couchant ?"