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Les Livres

Griffes 14 (par Alain Faurieux)

Ecrit par Alain Faurieux , le Mardi, 26 Novembre 2024. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

 

Madelaine avant l’aube, Sandrine Collette, éditions JC Lattès, août 2024, 252 pages, 20 €

Sandrine Collette m’étant inconnue, je projetais un contenu régionaliste, voire Canadien. Couverture Club des Lecteurs : jolie petite fille sur la joue de laquelle on a tracé quelques lignes boueuses mais élégantes, vent dans les cheveux et regard sérieux, sourcils froncés, vers un futur encore à préciser. Un côté campagnard, pull fait main, une brindille, des bleus des verts, un fond flou. La photo (car c’est une photo, ce qui rend les premières pages plus difficiles à situer) n’utilise que la moitié de l’espace. Nulle part, nul temps. Le premier chapitre (de cinq, tout très court) engage mal l’affaire : intitulé « prologue » nous voyons tout de suite qu’il se passe en fait bien après tous les événements importants qui vont nous être rapportés, il en est la conséquence. Par-dessus la trame historique (?) l’auteur ne rechigne pas à utiliser les poncifs du polar. Avec Cut directorial pour le suspense.

Intermezzo, Sally Rooney (par Alix Lerman Enriquez)

Ecrit par Alix Lerman Enriquez , le Lundi, 25 Novembre 2024. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, Gallimard

Intermezzo, Sally Rooney, Gallimard, Coll. Du monde entier, septembre 2024, trad. anglais (Irlande), Laetitia Devaux, 464 pages, 22 € Edition: Gallimard

 

Deux frères, que tout oppose, Péter et Yvan Koubek, se retrouvent après des années d’éloignement pour enterrer leur père. Peter, le frère aîné, trente-deux ans, est un avocat apprécié qui sait briller en société. C’est un séduisant beau parleur aux multiples conquêtes féminines. Yvan, au contraire, de dix ans son cadet, est un peu autiste et se montre très maladroit en société. En revanche, ce dernier est un brillant joueur d’échecs qui fascine par sa profondeur et sa pensée logique.

Malgré leurs différences, tous deux éprouvent un sentiment de vertige et de vacillement à la mort de leur père. Peter, évoquant son père, se dit en lui-même : « il n’était même pas vieux, les gens ne cessaient de le répéter, à peine soixante-cinq ans, Peter a atteint la moitié de cet âge trente-deux ans et-demi. Selon ce calcul, il en est presque à la moitié de sa vie ». Et Yvan, songeant à son père, profère : « Une personne morte n’existe plus qu’en pensée. Et si elle n’existe plus en pensée, là, elle a vraiment disparu. Si je ne pense pas à lui, c’est comme s’il disparaissait une seconde fois ».

Vies héroïques, Daniel Kay (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 25 Novembre 2024. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Vies héroïques, Daniel Kay, Gallimard, septembre 2024, 114 pages, 15,50 €

 

S’approcher

Le dernier livre de Daniel Kay consiste en un art du portrait – portraits, je pense, plus proches d’Arcimboldo que de Bonnat –, soutenu par une étrangeté et parfois du comique. Je veux dire qu’il y a une invention propre. L’on ne reste jamais sur le même registre et l’on suit avec intérêt l’évolution de l’auteur à travers sentences et anecdotes. L’on y trouve peut-être un peu de Borges, du Roberto Bolaño, des Caractères de La Bruyère, en tout cas une facétie intelligente et instructive. Quoi qu’il en soit, le livre domestique l’étrange, le saisit, le capture, l’aliène.

Cette littérature est une domestication, une appropriation, qui rend proches des êtres réels ou de fantaisie, imposant souvent une vision du monde ; dans la proximité des êtres, avec une certaine tendresse parfois. Du reste, cette écriture se réclame sans doute mieux de la fiction, d’un arrière-monde fictionnel, que d’un naturalisme, il me semble.

Des Iraniennes, Femme, vie, liberté, 1979-2024, Collectif (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 21 Novembre 2024. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

Des Iraniennes, Femme, vie, liberté, 1979-2024, Collectif, éditions Des femmes, Antoinette Fouque, septembre 2024, 304 pages, 25 € Edition: Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

 

De la lutte des femmes iraniennes

Des Iraniennes, Femme, vie, liberté, 1979-2024 est un ouvrage édité sous la responsabilité de Sylvina Boissonnas, Catherine Guyot, Élisabeth Nicoli, Christine Villeneuve du MLF-Psychanalyse et Politique, de l’Alliance des femmes pour la démocratie et de sa cofondatrice Antoinette Fouque, avec la collaboration de militantes iraniennes du mouvement Femme, vie, liberté.

Ce livre a le mérite d’analyser du point de vue des femmes la situation politique et sociale de l’Iran, l’apport des Iraniennes aux grandes manifestations qui se sont déroulées dans leur pays et la répression féroce dont elles ont été victimes.

Ces femmes iraniennes ont pris part depuis longtemps aux luttes nationales pour dénoncer la pauvreté, l’analphabétisme, le colonialisme et les inégalités de genre, ainsi que l’instrumentalisation les discriminant comme sujets à part entière.

Comme celui qui voit, Essai sur Dante, Jean-Charles Vegliante (par Valérie T. Bravaccio)

Ecrit par Valérie T. Bravaccio , le Jeudi, 21 Novembre 2024. , dans Les Livres, Les Chroniques, Essais, La Une CED

Comme celui qui voit, Essai sur Dante, Jean-Charles Vegliante, Editions Tarabuste, octobre 2024, 156 pages, 16 €

 

Dans le site Tarabuste, on peut lire que cette nouveauté éditoriale se réfère directement à Dante, « prénom célèbre dans le monde entier » (1), mais pas toujours lu. En effet, le sous-titre, Essai sur Dante, sert à diriger le lecteur vers l’œuvre de Dante Alighieri, et plus précisément au vers 58 du chant XXXIII du Paradis, troisième tome de La Commedia : « Qual è colüi che sognando vede », traduit par Vegliante en : « Comme est celui qui voit en rêvant […] » (2).

Puis l’éditeur précise que le long parcours de Dante, enfer-purgatoire-paradis, est particulier car il suit « la force du désir qui entraîne, persiste et pourrait être son ultime garant de vérité » (3). Il met en exergue la « force du désir », l’élan créatif du poète, la puissance de l’invention littéraire qui va l’aider à retrouver sa muse Beatrice, morte très jeune. Cette force du désir est d’ailleurs illustrée dès l’ouverture de l’Essai où l’on peut voir une illustration de Odilon Redon datant de 1914, représentant Dante et Béatrice réunis (une situation qui n’a jamais eu lieu dans la réalité) (4).