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Science-fiction

Avilion, Robert Holdstock (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mercredi, 01 Mai 2024. , dans Science-fiction, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Folio (Gallimard)

Avilion, Robert Holdstock, Folio, 2015, trad. anglais, Florence Dolisi, 528 pages, 9,90 €

 

« Je suis l’un des neuf aigles […]. Je suis l’un des neuf cerfs. Je suis l’un des neuf hommes perdus dans la forêt qui ont protégé une enfant. Je suis l’une des neuf voix. Je suis toute la vie qui s’est déroulée avant moi… ». Ainsi s’exprime Peredur, guerrier mythologique issu d’un fonds légendaire celtique, durant cette quête tant guerrière qu’existentielle qu’est Avilion. Ce roman est le cinquième et ultime volet d’une suite d’histoires relativement indépendantes les unes des autres et pourtant profondément imbriquées qui forment le cycle de La Forêt des Mythagos, création géniale et ambitieuse de l’Anglais Robert Holdstock étalée entre 1984 et 2009. Peredur s’exprime de la sorte car, comme chacun des personnages de ces cinq romans, il est une histoire et en contient de nombreuses à raconter, des histoires terribles puisque mythologiques, des histoires à la frontière entre notre monde et ceux contenus dans la forêt des Ryhope, des histoires racontant avant tout la quête de soi.

Jean-Philippe Jaworski, Folio (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 16 Janvier 2024. , dans Science-fiction, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Fantastique, Folio (Gallimard)

Edition: Folio (Gallimard)

 

Janua Vera, juillet 2023, 496 pages, 10,20 €

Gagner la guerre, novembre 2023, 992 pages, 13,50 €

Rois du monde, Même pas mort, septembre 2023, 464 pages, 9,20 €

Chasse royale, De meute à mort, septembre 2023, 480 pages, 9,20 €

Chasse royale, Les grands arrières, septembre 2023, 608 pages, 9,70 €

Chasse royale, Curée chaude, septembre 2023, 752 pages, 10,20 €

 

À la faveur d’un programme de réédition au format Poche des récits et romans publiés par Jean-Philippe Jaworski depuis Janua Vera en 2007, jusqu’à la quatrième branche (branche, comme pour le Mabinogi) de Chasse royale en 2020, on se penche à nouveau (on avait déjà évoqué ici le recueil de nouvelles Le Sentiment du fer) sur une œuvre qui certes est siglée fantasy mais est de haute volée littéraire.

Derniers jours d’un monde oublié, Chris Vuklisevic (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mercredi, 22 Novembre 2023. , dans Science-fiction, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Folio (Gallimard)

Derniers jours d’un monde oublié, Chris Vuklisevic, Folio SF, mai 2023, 368 pages, 9,20 € Edition: Folio (Gallimard)

 

Chris Vuklisevic a été l’heureuse élue d’un concours organisé pour célébrer les vingt ans de la Collection Folio SF, et Derniers jours d’un monde oublié est son premier roman publié. Malheureusement, le ramage ne vaut pas le plumage et l’on ressort de ces quelque trois cents pages déçu pour dire le moins. La raison en est très simple, de cette déception : Vuklisevic ne parvient pas à trancher parmi ses idées et l’univers narratif qu’elle a créé pèche par une incohérence perturbante pour dire le moins, sans parler d’un goût prononcé pour la cruauté voire le sordide à tout le moins désolant. Expliquons.

Durant trois cents années, l’île-royaume de Sheltel a été isolée du reste du monde, suite à un événement non décrit appelé la « Grande Nuit », et elle est soudain redécouverte, involontairement, par un navire pirate dont l’équipage assoiffé, quasi déshydraté, débarque en ces lieux où l’eau est sévèrement rationnée – ceci explique le titre.

Celestopol 1922, Emmanuel Chastellière (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 14 Novembre 2023. , dans Science-fiction, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Folio (Gallimard)

Celestopol 1922, Emmanuel Chastellière, Folio SF, mai 2023, 704 pages, 10,90 € Edition: Folio (Gallimard)

 

Après trois romans disséminés chez divers éditeurs, Emmanuel Chastellière retourne à ses amours lunaires pour un second recueil de nouvelles dont l’action se situe à Celestopol. Dans un univers uchronique, voire cyberpunk (mais où le « sélénium » aurait remplacé la vapeur), Celestopol est une cité lunaire gouvernée par le duc Nikolaï, neveu de l’impératrice de Russie, au début du vingtième siècle. Le principe de l’uchronie permet à l’auteur une narration riche, foisonnant de détails liés à l’époque choisie, avec des personnages historiques apparaissant en chair et en os si l’on peut dire (dont Marie Curie), d’autres mentionnés en passant mais avec une pertinence infaillible (une statue de Nikolaï avait été « commandée quelques années plus tôt à Medardo Rosso, un sculpteur à la mode en Europe ») ou d’autres encore se voyant offrir une reconnaissance autre que dans notre univers : ainsi, une note en bas de page de l’auteur signale que Alexandre Chargueï, directeur d’un programme « destiné, selon certains bruits, à l’exploration des astres lointains au-delà de la ceinture d’astéroïdes », était un « mathématicien ukrainien prodige, le premier à théoriser la méthode du rendez-vous en orbite lunaire [;] dans notre réalité –, il est loin d’avoir connu la carrière qu’il méritait ».

Ubik, Philip K. Dick (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 03 Octobre 2023. , dans Science-fiction, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, J'ai lu (Flammarion)

Ubik, Philip K. Dick, éd. J’ai Lu, janvier 2023, trad. anglais, Hélène Collon, 320 pages, 7,40 € . Ecrivain(s): Philip K. Dick Edition: J'ai lu (Flammarion)

 

Publié en 1969, mais écrit en 1966, Ubik est considéré comme le chef-d’œuvre de Philip K. Dick, et est régulièrement cité parmi les meilleurs romans de science-fiction, voire, à en croire le magazine Time, parmi les meilleurs romans écrits en anglais au vingtième siècle. Et il est vrai que la première lecture de ce roman a été marquante, voire troublante. En effet, il s’ouvre sur une situation qu’on pourrait considérer comme conventionnelle dans le cadre de la science-fiction des années soixante : en 1992, la Lune a été conquise, la société est aux prises avec des personnes possédant des pouvoirs « psi » (télépathes, précogs – dont il faut contrer les agissements) et les morts sont maintenus dans une « semi-vie » qui permet à leurs proches de rester en contact avec eux. Dans ce contexte, Joe Chip travaille pour une « agence prudentielle » : sa fonction est de tester les « inertiels » (ceux qui peuvent neutraliser les « psis ») pour son patron, Glen Runciter ; Chip tient un rien du détective privé à la vie ratée des « hard-boiled novels » et son quotidien permet une critique sarcastique du capitalisme dans son ultime aboutissement, puisqu’il est confronté à la porte de son appartement refusant de s’ouvrir faute d’une pièce de monnaie, chaque élément électro-ménager fonctionnant (ou pas…) de même.