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Les Chroniques

Itinéraire d’un Collabo, J.-M. Karcher, Jacky Nardoux (par Vincent Robin)

Ecrit par Vincent Robin , le Vendredi, 02 Septembre 2022. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Histoire

Itinéraire d’un Collabo, J.-M. Karcher, Jacky Nardoux, éditions Actes Graphiques, juin 2022, 372 pages, 30 €

 

Fin 2015, s’ouvraient à la consultation publique et au plan national les archives judiciaires relatives aux années de guerre. Elles avaient été mises sous le boisseau, ainsi depuis 1946 et pour une période de 70 ans. C’est manifestement parce que ces documents concernaient pour une large part la toute récente collaboration vichyste que l’éteignoir avait ainsi été placé sur les comptes rendus d’enquêtes et les procès tout juste refermés. Vu en effet l’ampleur du dégât « collaborationniste » apparu dès l’immédiat après-guerre, mais afin d’initier au plus vite une « réconciliation nationale » dans une optique de reconstruction du pays, cette décision avait été prise par les instances gouvernementales de la Libération. Guidé par sa curiosité de ce que révèlent aujourd’hui ces documents longuement demeurés secrets, l’historien lyonnais Jacky Nardoux publie un conséquent ouvrage fondé sur ses propres investigations récemment menées aux archives.

L’ange du mascaret, Murielle Compère-Demarcy (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 01 Septembre 2022. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Poésie

L’ange du mascaret, Murielle Compère-Demarcy, Editions Henry, Les Ecrits du Nord, mai 2022, 111 pages, 14 €

Murielle Compère-Demarcy nous offre avec cet ouvrage dense et fluide un poème fleuve ayant pour personnage… un Fleuve !

Le texte, cela va sans dire, coule de source poétique, coule de bouche, et s’écoule de diverses façons, et traverse différents contextes, tout comme l’élément naturel, dont la représentation est personnifiée en un Tu/Vous qu’invoque, qu’interpelle, qu’apostrophe le JE en qui se coule la poétesse.

Le recueil se subdivise en trois parties, après un prologue, lui-même hautement poétique, de Laurent Boisselier intitulé « Dit du Fleuve » :

poème-fleuve, la vie

de la bouche à l’estuaire, l’amour

l’immense mascaret

Avoir 20 ans à l’été 1968 (par Mustapha Saha)

Ecrit par Mustapha Saha , le Mercredi, 31 Août 2022. , dans Les Chroniques, La Une CED

 

« On vivait une parenthèse enchantée »

Avec le sociologue Mustapha Saha, la philosophe Martine Storti, le photographe Thierry Baïze. Reportage Louis Borel

 

Ils avaient une vingtaine d’années quand, à l’approche des beaux jours, un événement a tout précipité. En août, ELLE revient sur ces moments où de simples trajectoires personnelles se mêlent, plus ou moins par hasard, au destin commun. Pour ce premier épisode, la « parenthèse enchantée » de Mai 68 racontée par deux étudiants engagés et un photographe de l’époque.

Et soudain, tout le monde se parlait, sans barrière. Vous vous baladiez, vous alliez au café, vous discutiez, avec n’importe qui. De tout, de rien, du présent, de l’avenir. C’était Mai 68.

Rachilde, Homme de lettres, Cécile Chabaud (par Marjorie Rafécas-Poeydomenge)

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Mardi, 30 Août 2022. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

Rachilde, Homme de lettres, Cécile Chabaud, éditions Ecriture, août 2022, 240 pages, 18 €

 

La vie d’artiste est souvent vallonnée d’ombre et de lumière. Mais celle des femmes artistes du XIXème siècle était redoutablement chaotique tant l’énergie, l’audace, voire la folie étaient nécessaires pour s’échapper de la gangue fangeuse. C’est toute l’œuvre et le talent de Marguerite Eymery, femme de lettres autoproclamée « Rachilde », que retrace avec brio Cécile Chabaud, professeur de lettres.

C’est toujours dangereux de convoquer les morts quel que soit le siècle. Et pourtant le spiritisme était à la mode au XIXème siècle. Était-ce lié à l’influence du spirite Allan Kardec ? Comme le pratiquait Victor Hugo dans l’espoir de retrouver sa fille Léopoldine, les grands-parents de Marguerite, Urbain et Isoline, avaient l’espoir d’entrer en communication avec leur fils défunt. Le spiritisme était une façon de prolonger la vie et l’espoir des retrouvailles.

Un soir, lors d’une séance de spiritisme où le ciel était insondable et voilé, Marguerite entendit un fantôme lui parler… C’était un certain « Rachilde », comte Suédois né en 1523 à Göteborg. La sonorité étrangère et exotique de ce nom lui plut et elle décida d’en faire son nom de plume. La musicalité des mots joue parfois la partition du virage d’une vie.

Zone franche, Jacques Ancet (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 29 Août 2022. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Poésie

Zone franche, Jacques Ancet, éditions Tarabuste, avril 2022, 216 pages, 14 €

 

Dénuder

Ici la cendre du poème – sa combustion tardive, son altération intérieure – se manifeste par des effets graphiques, des décrochés, des blancs au milieu du vers, avec pas ou peu de ponctuation, sans aucune majuscule et parfois des occurrences en langue étrangère. Le poème va comme en une zone non atteinte, indépassable, voire hors d’atteinte. La poésie ne vaut que pour ce qu’elle a d’essentiel. Le rêve du poète est-il peut-être celui de récréer la langue entièrement, sans poids, toujours nouvelle, profonde et ductile ? Tel est là le projet de ce recueil, à mon sens. J’y distingue la cendre de la cendre (comme le signifie Jacques Derrida).

J’ai dressé dans mes notes une petite liste d’épithètes qui pourraient correspondre à mon impression première de lecteur : effacer, retirer, ôter, enlever et enfin, dénuder. Cette prosodie, où la quantité de vide se calcule grâce à la quantité de tentatives pour créer un langage personnel, se réduit à des cercles de vocabulaire stricts, voire pauvres.