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Les Chroniques

J.M.G. Le Clézio, militant de l’interculturel (Essai), Issa Asgarally (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 08 Septembre 2022. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

J.M.G. Le Clézio, militant de l’interculturel (Essai), Issa Asgarally, Editions Le Printemps, 2020, 83 pages

 

Issa Asgarally, ami de JMG Le Clézio et exégète régulier de son œuvre, livre en cet essai une intéressante et pertinente analyse d’un des fondements spécifiques de l’écriture du lauréat du Prix Nobel, à savoir la récurrence de sa vision particulière, militante, de l’interculturel. L’origine de cette posture de l’interculturalité comme pilier de l’humanisme est d’abord familiale, ensuite conjugale. Le Clézio, né à Nice dans une famille d’origine mauricienne, cumule dès l’enfance la double culture créole et française. Tout jeune, JMG rejoint son père, médecin anglophone de nationalité britannique, au Nigéria, où il appréhende les cultures locales (L’Africain). Plus tard, il marchera, à Rodrigues, sur les traces de son grand-père mauricien, chercheur d’or, et se plongera dans l’environnement créole de cette île isolée (Le Chercheur d’or, et Voyage à Rodrigues).

Par ailleurs, par l’entremise de son épouse marocaine Jemia, et en sa compagnie, il part sur la piste des origines de sa compagne avec qui il partage un temps « le quotidien des Aroussiyine », dans l’extrême-sud du royaume, dans cette région aride et rude nommée Seguia El Hamra (Gens des nuages et Désert).

Relire Proust sur le tard (par Martine L. Petauton)

Ecrit par Martine L. Petauton , le Mercredi, 07 Septembre 2022. , dans Les Chroniques, La Une CED

 

On ne devrait jamais parler de « relire », car « lire » suffit à tout, quand bien même défilerait un bouquin, lu et relu, pour la énième fois. La découverte, l’histoire, le bruit des personnages et les tons du décor, le goût de l’écriture, sa musique, tout est nouveau, toujours, la première page ouverte, et la lecture démarrée, ce sport, cette nourriture, unique en son genre. Alors, relire, revisiter forcément autrement ? et qui plus est Proust !

Largement plus de cinquante ans, le fossé, entre une classe de seconde éblouie de littérature et aujourd’hui. « – Pour Proust, contentez vous d’A l’ombre des jeunes filles en fleurs », avait dit le professeur à qui je dois tant, pas vraiment dans l’axe pourtant – nous étions si près de Mai 68 ! Du coup, « le » Proust de la liste – après avoir cédé le pas à Flaubert, Balzac, quelques Romantiques dont je me régalais alors, mélangés de Beauvoir, Sartre et déjà Camus – a-t-il été lu sans grand appétit, sans enthousiasme exagéré… – quelques crinolines sur les plages de Normandie, quelques états d’âme me semblant hors d’âge, voilà je crois la couleur proustienne qui m’était restée, guère plus, j’en ai bien peur.

Une seule pierre dans la fronde, Jean Maison (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 05 Septembre 2022. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Poésie

Une seule pierre dans la fronde, Jean Maison, éd. de Corlevour, mai 2022, 14 €

Force

J’ai lu d’un trait le nouvel ouvrage de Jean Maison. J’y ai vu une écriture serrée, dense, dominée, maîtrisée profondément et ouvrant sur un monde symbolique fort et capiteux. Car derrière cette expression qui semble flaubertienne, espèce d’écriture de gueuloir, l’on devine un univers spirituel lui aussi abouti, presque chantant de joie, une spiritualité simple et puissante. Le poète est occupé – à la fois comme un territoire occupé rendant prisonnier, habité par une prière et occupé à prier, à espérer – par ce que devient le poème. Jean Maison est occupé de l’esprit dans l’Esprit.

 

Un cheval de trait règne sur le monde

Tire un tombereau chargé d’éclats de silex

Et reflète sur le fer de la roue

L’enclos imaginaire de la voix

Itinéraire d’un Collabo, J.-M. Karcher, Jacky Nardoux (par Vincent Robin)

Ecrit par Vincent Robin , le Vendredi, 02 Septembre 2022. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Histoire

Itinéraire d’un Collabo, J.-M. Karcher, Jacky Nardoux, éditions Actes Graphiques, juin 2022, 372 pages, 30 €

 

Fin 2015, s’ouvraient à la consultation publique et au plan national les archives judiciaires relatives aux années de guerre. Elles avaient été mises sous le boisseau, ainsi depuis 1946 et pour une période de 70 ans. C’est manifestement parce que ces documents concernaient pour une large part la toute récente collaboration vichyste que l’éteignoir avait ainsi été placé sur les comptes rendus d’enquêtes et les procès tout juste refermés. Vu en effet l’ampleur du dégât « collaborationniste » apparu dès l’immédiat après-guerre, mais afin d’initier au plus vite une « réconciliation nationale » dans une optique de reconstruction du pays, cette décision avait été prise par les instances gouvernementales de la Libération. Guidé par sa curiosité de ce que révèlent aujourd’hui ces documents longuement demeurés secrets, l’historien lyonnais Jacky Nardoux publie un conséquent ouvrage fondé sur ses propres investigations récemment menées aux archives.

L’ange du mascaret, Murielle Compère-Demarcy (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 01 Septembre 2022. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Poésie

L’ange du mascaret, Murielle Compère-Demarcy, Editions Henry, Les Ecrits du Nord, mai 2022, 111 pages, 14 €

Murielle Compère-Demarcy nous offre avec cet ouvrage dense et fluide un poème fleuve ayant pour personnage… un Fleuve !

Le texte, cela va sans dire, coule de source poétique, coule de bouche, et s’écoule de diverses façons, et traverse différents contextes, tout comme l’élément naturel, dont la représentation est personnifiée en un Tu/Vous qu’invoque, qu’interpelle, qu’apostrophe le JE en qui se coule la poétesse.

Le recueil se subdivise en trois parties, après un prologue, lui-même hautement poétique, de Laurent Boisselier intitulé « Dit du Fleuve » :

poème-fleuve, la vie

de la bouche à l’estuaire, l’amour

l’immense mascaret