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Les Chroniques

A propos de Mémoires, suivi de Journal de guerre, Roland Garros, par Jean Durry

Ecrit par Jean Durry , le Jeudi, 26 Octobre 2017. , dans Les Chroniques, La Une CED

Mémoires, suivi de Journal de guerre, Roland Garros, Phébus, 2016, Préface de Philippe Forest, Avant-propos et dossier de Jean-Pierre Lefèvre-Garros, 445 pages, 23 €

 

Cinq années, ou plutôt 59 mois, c’est si peu. Mais ils peuvent contenir la quintessence d’une vie, et même toute la naissance de l’aviation. De là le vif intérêt des Souvenirs, authentiques par définition, de Roland Garros tels qu’ils sont remis – nous y reviendrons – en lumière dans cette édition munie de tout l’appareil le plus utile pour mettre leur texte en valeur : préface, avant-propos, notes très précises de bas de page, « dossier » c’est-à-dire chronologie (6 octobre 1888, naissance à Saint-Denis de la Réunion / 5 octobre 1918, disparition en combat aérien, 38 jours avant l’armistice) et notices biographiques complémentaires. De la révélation reçue en compagnie de son condisciple de HEC, Jacques Quellenec, lors de la première Semaine d’Aviation de Reims (22-29 août 1909), à la visite de sept usines allemandes à la toute fin juillet 1914, le compte y est ; le récit d’un des grands acteurs porte le plus réaliste témoignage, restituant de son angle de vue personnel, au fil des 300 pages serrées, les aléas de la si rapide progression de cette invention majeure de la créature humaine : la conquête du vol du « plus lourd que l’air ».

Georges Bernanos, Folio : La Liberté, pour quoi faire ? et Français, si vous saviez, par Didier Smal

Ecrit par Didier Smal , le Mercredi, 25 Octobre 2017. , dans Les Chroniques, La Une CED

 

Georges Bernanos, Gallimard/Folio, janvier 2017 : La Liberté, pour quoi faire ?, 256 pages, 9,30 € ; Français, si vous saviez…, 496 pages, 11,10 €

 

J’aime bien les diacres de la paroisse où je vis et dans l’église de laquelle je me rends chaque dimanche matin pour tenter de me réconcilier avec la foi en Dieu au lieu de me battre comme un chiffonnier avec, ce que je devrais arrêter de faire à quarante-quatre ans, mais bon, je n’arrive pas à devenir un adulte raisonnable ; ils sont doux, ils sont gentils, ils sont pour la paix dans le monde, et les intentions qu’ils lisent durant la messe regorgent d’une bonté délicate. Mais ils m’énervent. Mais ils énerveraient Bernanos. Ils sont pour toutes les bonnes causes, celles vues au journal télévisé, ils sont contre la misère désignée par le même journal télévisé, contre la pauvreté de ceux qui vivent seuls, et bla-bla, mais ils passent à côté de la plus grande misère qui soit, la seule qui devrait être consolée car d’elle découlent toutes les autres : les âmes modernes sont vides.

Votre regard, Cédric Bonfils, mise en scène de Guillaume Béguin, par Marie du Crest

Ecrit par Marie du Crest , le Mercredi, 25 Octobre 2017. , dans Les Chroniques, La Une CED, Théâtre

 

Le Théâtre de Poche de Genève ouvre sa saison 2017-2018 avec une proposition autour de la forme monologue. Un collectif artistique est constitué à partir d’un choix de quatre œuvres d’auteurs contemporains. Il s’agira du Sloop 4, avec : 4,48 Psychose de Sarah Kane, Les voies sauvages d’après les récits de Dominique De Staercke, Krach de Philippe Malone, Erratiques de Wolfram Höll, et Votre regard de Cédric Bonfils. Les pièces sont répétées pendant deux semaines en parallèle, de manière à pouvoir les proposer en alternance ou en même temps entre septembre et novembre.

 

La femme silencieuse

Richard Strauss composa un opéra bouffe, Die sweigsame Frau, à partir d’une adaptation de Ben Johnson par Zweig. Ce qui est incroyable dans ce livret et dans cette création musicale, c’est que son personnage principal, Morosus, déteste le bruit : la musique, selon lui, ne procure de plaisir que quand elle est finie. Il veut à tout prix épouser une femme mutique. Il se rendra finalement compte que cela n’est pas possible. L’opéra peut-il renier ce qui fait son essence ?

Carnets d’un fou, LIII - Juin 2017, par Michel Host

Ecrit par Michel Host , le Mardi, 24 Octobre 2017. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

« Pourquoi la Crète s’est-elle révoltée ? Parce que Dieu l’avait faite le plus beau pays du monde, et les Turcs le plus misérable… […] parce qu’un maître baragouinant la barbarie dans le pays d’Étéarque et de Minos est impossible ! »

Victor Hugo, au journal belge

L’Orient, en 1867, lors de la répression

sauvage qui suivit la révolte des Crétois

contre le pouvoir de la Sublime Porte.

(cf. Cnossos, L’archéologie d’un rêve,

par Alexandre Farnoux, Découvertes

Gallimard, Archéologie)

Réflexions autour de Quand sort la recluse, le dernier Vargas, par Mélanie Talcott

Ecrit par Mélanie Talcott , le Jeudi, 19 Octobre 2017. , dans Les Chroniques, La Une CED

 

Quand sort la Recluse, le dernier opus de Fred Vargas… Un livre sans surprise, au pitch réitératif. Et comme cela m’a consternée plutôt que fichu les boules, en voici une réflexion décalée.

Quand Michèl(e) sort dans la rue ou qu’elle voit à la télé un truc qui la met en colère ou qu’elle vit quelque chose qui ne lui plaît pas et qu’elle se tait, elle se sent mal. Très mal. Ce qui se passe dans son boulot avec ses collègues n’échappe pas à cette prise de conscience. Son travail n’est pas facile, elle a surmonté plusieurs crises, elle a fait grève, elle était de toutes les manifestations. Il y a eu des changements structurels et des licenciements de personnel, elle a entassé des pneus devant l’entreprise, ils les ont brûlés pour protester. Michèle leur a apporté du café bien chaud et a mangé des merguez avec eux dans le froid, tandis qu’ils empêchaient les camions d’entrer. Ensemble, ils ont résisté aux forces de l’ordre. Bref, ils ont fait tout ce qui leur semblait possible pour sauver leur entreprise. Ils sont une famille. Vingt-cinq ans dans la même boîte à fabriquer la énième pièce d’une Citroën ou d’une Peugeot. Ce qu’elle en retient ? Ses amitiés, la convivialité, l’entraide et la solidarité.