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Les Chroniques

À propos de André et Leone Leoni, George Sand, par Yasmina Mahdi

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mercredi, 13 Décembre 2017. , dans Les Chroniques, La Une CED

André et Leone Leoni, George Sand, éditions Honoré Champion, octobre 2017, 450 pages, 70 €

 

Fosse aux lions

Venise sous la pluie et par temps froid, dans un palais triste, et tout de suite a lieu l’inversion du cliché de la Venise flamboyante et festive, image répandue et commune. Cependant, tout le XIXème siècle est campé dès les premières phrases, le ton spécifique d’une époque où spleen (déjà), pensées diffuses, romanesques, fiévreuses, agitent les protagonistes, lesquels frissonnent à l’évocation d’aventures presque sadiennes. Soulignons que Proust a été sans doute influencé par George Sand, notamment en ce qui concerne le traitement du temps, étiré, distendu, infini et néanmoins clos. L’auteur(e) endosse le rôle de l’homme, don Aleo, et scrute ainsi les réactions, les poses, les conventions d’une classe sociale. Elle tire les fils de ses marionnettes sophistiquées représentant des spécimens genrés. La diégèse est constituée de couches successives de glacis, de repentirs, de repeints. Venise, cité lacustre isolée, est personnifiée comme la ville des voyages de noces mais également des amours interdites ou illégitimes, des passions cachées, des crimes et des maladies – et ceci jusqu’à Thomas Mann et Mort à Venise de Luchino Visconti.

Le Maître de Ballantrae, Robert Louis Stevenson, par Didier Smal

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 12 Décembre 2017. , dans Les Chroniques, La Une CED

Le Maître de Ballantrae, Robert Louis Stevenson, Gallimard/Folio, juin 2000, trad. anglais Alain Jumeau, 368 pages, 7,20 €

 

Un topos facile : dans l’œuvre de Robert Louis Stevenson (1850-1894) éclate une fascination certaine pour le mal, pour la part sombre de l’âme humaine, et voilà que s’embraye une lecture psychologisante s’appuyant sur la biographie de l’auteur, à toute fin utile, et voilà qu’un thésard s’en tire avec les honneurs, et voilà qu’un éditeur peut participer à la déforestation et encombrer les librairies. Certes, tout cela est bien beau, mais c’est faux.

Stevenson n’éprouve pas de fascination pour le mal ; il montre un homme complexe qui peine à s’avouer ses zones d’ombre, et il refuse de l’en juger. Car au fond, qu’est Mister Hyde si ce n’est un Docteur Jekyll sans surmoi, puisque tout lecteur attentif de la nouvelle les concernant aura constaté que le second possède en fait des caractéristiques (a)morales présentes chez le premier, mais décuplées, mais centuplées, et dépourvues de tout vernis de bienséance ?

Le Journal de MCDem (2), par Murielle Compère-Demarcy

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Vendredi, 08 Décembre 2017. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

Jeudi 9 novembre 2017

 

Trilobite (j’y reviens) : un crustacé de l’époque primaire. La carapace de ce large « mille pattes » portant casque est justement nommée, puisque son corps se divise longitudinalement en trois parties : tête, thorax et pygidium. Les trilobites, qui constituent une classe d’arthropodes marins du Paléozoïque, ont disparu il y a deux cent cinquante millions d’années (250 MA). Si tous les fossiles ne sont pas des trilobites, tous les trilobites sont des fossiles.

 

Si l’alcool peut rendre d’humeur triste, l’Écriture demeure euphorique – en dépit de la dépression post-scripturale, celle qui tombe après l’acte, réelle.

PVC, « Plateau virtuel club », par Marie du Crest

Ecrit par Marie du Crest , le Jeudi, 07 Décembre 2017. , dans Les Chroniques, La Une CED

 

Radio Clapas 93.5 Montpellier, « Culture et Citoyenneté », propose en collaboration avec les Editions Espace 34 une série d’émissions autour d’un texte d’auteur de théâtre contemporain. Il s’agit de la retransmission d’un travail avec de jeunes comédiens de l’ENSAD à partir d’extraits de l’œuvre retenue, complétée par un entretien avec l’auteur.

PVC, « Plateau virtuel club », est animé par Marie Reverdy. La première émission (le 3 novembre 2017) est consacrée à Neverland de David Léon, publié en 2017. L’auteur ici se fait metteur en voix, conseillant les jeunes interprètes.

Voix blanche / voix noire

Je « podcaste » aujourd’hui. Désormais la radio se joue du temps : elle s’écoute en direct et se réécoute au gré de nos moments de liberté. C’était donc, il y a quelques jours, dans le studio de radio Clapas à Montpellier. Je l’ai déjà écrit ailleurs, la radio et le théâtre ont depuis longtemps entretenu des relations précieuses : la pièce radiophonique étant comme la création la plus remarquée de cette connivence. La radio et le théâtre sont affaire de voix, de textes.

Eugénie Grandet, Honoré de Balzac, par Didier Smal

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 05 Décembre 2017. , dans Les Chroniques, La Une CED

Eugénie Grandet, Honoré de Balzac, Folio Classique, mai 2016, édition de Jacques Noiray, 384 pages, 3 €

 

 

Ce que je voudrais, dans ces quelques lignes, ce n’est pas abaisser Balzac à la modernité, comme l’a fait le pauvre Rochefort avec Flaubert dans une pathétique vidéo où il résume Madame Bovary à destination des non-lisants ; non, ce que je voudrais, modestement, avec maladresse, c’est élever la modernité à Balzac, la confronter à lui. Je voudrais m’écarter de tout ce que j’ai appris à l’université, et depuis, à force de lectures, de préparations de cours, d’une vie d’intellectuel, ne pas par exemple m’appesantir sur la structure de la Comédie Humaine, et ainsi oublier qu’il est question quelque part dans Eugénie Grandet d’une soirée chez Nucingen ; je voudrais faire ressentir Eugénie Grandet, mon roman favori de Balzac avec Illusions Perdues, dire la chance que c’est d’être tenu par l’actualité éditoriale de m’y replonger, d’en goûter les virulences et les partager.