Fosse aux lions
Venise sous la pluie et par temps froid, dans un palais triste, et tout de suite a lieu l’inversion du cliché de la Venise flamboyante et festive, image répandue et commune. Cependant, tout le XIXème siècle est campé dès les premières phrases, le ton spécifique d’une époque où spleen (déjà), pensées diffuses, romanesques, fiévreuses, agitent les protagonistes, lesquels frissonnent à l’évocation d’aventures presque sadiennes. Soulignons que Proust a été sans doute influencé par George Sand, notamment en ce qui concerne le traitement du temps, étiré, distendu, infini et néanmoins clos. L’auteur(e) endosse le rôle de l’homme, don Aleo, et scrute ainsi les réactions, les poses, les conventions d’une classe sociale. Elle tire les fils de ses marionnettes sophistiquées représentant des spécimens genrés. La diégèse est constituée de couches successives de glacis, de repentirs, de repeints. Venise, cité lacustre isolée, est personnifiée comme la ville des voyages de noces mais également des amours interdites ou illégitimes, des passions cachées, des crimes et des maladies – et ceci jusqu’à Thomas Mann et Mort à Venise de Luchino Visconti.