Entrer dans ce roman ressemble à une entrée dans l’Océan. L’immensité de l’univers de Wolfe, les flux et reflux incessants de son écriture, l’absence d’apaisement comme dans les vents et marées de la haute mer, nous font rapidement renoncer aux bonaces des ports. Le lecteur est emporté, submergé, au bord de la noyade parfois, tant le style de Thomas Wolfe approche du déferlement des vagues. On sait de l’auteur qu’il se tuera à la tâche – à 38 ans – et, en lisant son premier roman on se dit qu’il ne pouvait en être autrement.
L’épigraphe sublime du roman est en soi un parfait avant-goût, une sorte d’annonciation. L’auteur se transforme en prophète de ses propres souvenirs douloureux.
« … Une pierre, une feuille, une porte introuvable ; une pierre, une feuille, une porte. Et tous les visages oubliés.
Nus et solitaires, nous sommes en exil. Dans l’obscurité de ses entrailles, nous n’avons pas connu le visage de notre mère ; de la prison de sa chair, nous sommes passés dans l’indicible, l’incommunicable prison de cette terre.