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Les Chroniques

Plateau virtuel club # 3, par Marie du Crest

Ecrit par Marie du Crest , le Lundi, 05 Février 2018. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

L’émission de janvier donc. Une heure polyphonique : entendre tant de voix humaines, celles des textes de Patrick Kermann et celles des voix radiophoniques. L’auteur n’est pas , comme il est de rigueur, dans la série d’émissions du Plateau virtuel club sur radio Clapas. Son absence comme une singulière présence. Il fait au contraire, par le miracle de la lecture, entendre les paroles qui nous traversent tous. De l’amour et de la Mort. Patrick Kermann est mort en 2000, et sa pièce Vertiges inédite jusqu’alors a été publiée par les éditions Espaces 34 en 2017. Sabine Chevallier présente d’ailleurs son entreprise éditoriale de l’œuvre de l’auteur dont certains textes restaient introuvables.

Marie Reverdy retrace l’itinéraire fulgurant de Patrick Kermann dont l’œuvre « post Shoah » interroge la mort du théâtre (psychologique) après cette Catastrophe et donne la parole aux Morts. Cette parole qui ne peut plus être que ressassement, fragments, glissant vers le poétique, le musical pour résonner encore.

Lecture d'un chef-d'oeuvre : Look Homeward, Angel de Thomas Wolfe, par Léon-Marc Levy

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 01 Février 2018. , dans Les Chroniques, La Une CED, USA, Bartillat

Look Homeward, Angel, Thomas Wolfe, éd. Bartillat, août 2017, trad. américain Pierre Singer, 585 pages, 22 €

 

Entrer dans ce roman ressemble à une entrée dans l’Océan. L’immensité de l’univers de Wolfe, les flux et reflux incessants de son écriture, l’absence d’apaisement comme dans les vents et marées de la haute mer, nous font rapidement renoncer aux bonaces des ports. Le lecteur est emporté, submergé, au bord de la noyade parfois, tant le style de Thomas Wolfe approche du déferlement des vagues. On sait de l’auteur qu’il se tuera à la tâche – à 38 ans – et, en lisant son premier roman on se dit qu’il ne pouvait en être autrement.

L’épigraphe sublime du roman est en soi un parfait avant-goût, une sorte d’annonciation. L’auteur se transforme en prophète de ses propres souvenirs douloureux.

« … Une pierre, une feuille, une porte introuvable ; une pierre, une feuille, une porte. Et tous les visages oubliés.

Nus et solitaires, nous sommes en exil. Dans l’obscurité de ses entrailles, nous n’avons pas connu le visage de notre mère ; de la prison de sa chair, nous sommes passés dans l’indicible, l’incommunicable prison de cette terre.

Le journal de MCDem (6), par Murielle Compère-Demarcy

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 01 Février 2018. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

Dimanche 3 décembre

Stabiliser l’édifice dans le naufrage. Saut dans l’absence au monde ; dans une quête d’absolu ; dans le néant. « Si elle est poursuivie assez loin, l’aventure intérieure mène à l’une ou l’autre de ces trois issues : la folie, la conversion ou la mort », écrit Romaric Sangars dans Conversion*.

Aventure intérieure poursuivie loin également, radicale, par R.M.

Les mots de Richard Millet avancent, dans Déchristianisation de la littérature, pour y « voir clair » dans les impasses d’un monde fragilisé par ses propres leurres bornant son acheminement pour le moins déclinant.

À propos de Un monde de rosée, René Le Corre, par Didier Ayres

Ecrit par Didier Ayres , le Mercredi, 31 Janvier 2018. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

Un monde de rosée, René Le Corre, Monde en poésie, éditions 2017, 130 pages, 12 €

 

Poésie et temps


Il y a je crois deux voies d’accès au recueil de René Le Corre, en jouant sur la polysémie du mot temps. En effet, le poète prête attention au temps historique, social, politique, du monde d’aujourd’hui, ainsi qu’au temps qui passe, temps philosophique, temps théologique, temps de la vie. J’ai été pour ma part très intéressé par la deuxième acception du terme, et particulièrement par l’aspect de cette poésie qui relate la vie d’un poète vieux – sachant que je trouve assez juste cette réflexion que me faisait un ami peintre qui me confiait que la peinture est un métier de vieux, idée que j’étends ici à la poésie. Oui, la poésie est un métier, une école intérieure, où le poète avec l’âge raréfie ses images, quintessencie son vocabulaire afin d’améliorer la force du discours.

MMMM de Jean-Philippe Toussaint, par Pierrette Epsztein

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Mardi, 30 Janvier 2018. , dans Les Chroniques, La Une CED

Spectacle présenté au Théâtre du Rond-Point en octobre 2017

 

C’est sur la recommandation d’un ami, découvreur passionné de littérature contemporaine, qu’il y a plusieurs années maintenant, j’ai suivi, avec délice, dans l’ordre de leur publication aux Éditions de Minuit, les quatre volumes qui composent la tétralogie des Marie que Jean-Philippe Toussaint a passé plus de dix ans à écrire. Dans la foulée, je me suis également empressée de lire et de décrypter L’urgence et la patience, paru en 2012. Cela m’a permis de mieux explorer les motivations qui déterminent la quête d’écrivain de l’auteur.

Débutée avec Faire l’amour, hiver, paru en 2002, cette tétralogie suit, au fil des saisons, les amours complexes du narrateur avec Marie. Suivront Fuir, été (Prix Médicis en 2005), La Vérité sur Marie, printemps-été (Prix Décembre en 2009) puis Nue, automne-hiver (2013). L’auteur a décidé en 2017 d’en faire une transposition scénique qui se jouera durant trois soirs au Théâtre du Rond-Point après que ce travail ait été présenté en province.