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Les Chroniques

Danser, une philosophie, Julia Beauquel, par Marc Ossorguine

Ecrit par Marc Ossorguine , le Vendredi, 18 Mai 2018. , dans Les Chroniques, La Une CED

Danser, une philosophie, Julia Beauquel, Carnets Nord, avril 2018, 300 pages, 17 €

 

Elle danse. Il ou elle danse. Ils et elles aussi. Tu, vous… Mais « je », non. Pour autant…

Pour autant il y a indéniablement dans la danse quelque chose qui relève d’une certaine universalité. Quelque chose qui passe le cap et les lignes du temps, des frontières, des cultures et des religions. Le fait qu’elle ait pu être proscrite, voire interdite et condamnée ici ou là, en d’autres lieux ou d’autres temps, ou même aujourd’hui encore, pas si loin de nous, ne change rien à l’affaire. Cela ne fait que confirmer son importance et sa force. Dès lors, cet art de la danse, comme d’autres, est aussi, potentiellement, objet de philosophie. Le propos de la philosophe, qui connaît la danse pour l’avoir pratiquée, va cependant au-delà d’une approche philosophique « classique », allant jusqu’à considérer la danse comme une forme de philosophie en soi. La proposition peut surprendre et la question peut aussitôt venir, teintée d’un certain scepticisme critique : mais de quelle danse parlez-vous ?

Maison d’âme, Mireille Gansel, par Didier Ayres

Ecrit par Didier Ayres , le Jeudi, 17 Mai 2018. , dans Les Chroniques, La Une CED

Maison d’âme, Mireille Gansel, La Coopérative, avril 2018, 112 pages, 15 €

À la croisée

De la Maison d’âme de Mireille Gansel, il faut retenir la maison et l’âme. Pour mieux ressentir cette territorialisation spirituelle et affective. On se trouve avec ce livre dans une demeure qui demeure dont la démarche intelligible motive la pensée et la poésie. Nous sommes loin d’une poésie sans action – action au sens que prête Paul à la charité – ne serait-ce que pour la perspective humaniste qui fait de la maison de la poétesse, une habitation physique pour des concepts errants alliés cependant à des migrants de toute origine et de tout temps. Je me permets de souligner cela en préambule, car il est utile de savoir où s’ancre cette pensée, et de voir avec tant de clarté et de signes la présence de l’auteure dans une matérialité de sa personne.

Je dis préambule en pesant mes mots, parce que je crois que cela fait partie bel et bien de la portée véridique et de la valeur de ce chemin à travers le langage. Chemins, terres, frontières, langues, et aussi rivières, villes et pays se croisent ici et font l’arrière-plan du livre. Et cela avec l’émotion noble et profonde des grands thèmes de l’écrivaine : l’amour, la beauté, l’hospitalité, la parole, les mots et toute la cohorte des belles idées qui agrandissent l’homme et lui font une invitation céleste, supérieure, pleine d’humanité.

Le dernier porc, Horace Engdahl, par Michel Host

Ecrit par Michel Host , le Mardi, 15 Mai 2018. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

Le dernier porc, Horace Engdahl, Serge Safran, mars 2018, trad. suédois Elena Balzamo, 104 pages, 14 €

L’aide-mémoire anticipé

 

« Je me suis toujours demandé comment on allait faire – du point de vue purement technique – pour améliorer les mâles de lespèce humaine »

Horace Engdahl

 

Une lecture est une aventure personnelle, sinon « à quoi bon ? »

Michel Host

 

J’ai fidèlement rendu compte dans les pages de La Cause Littéraire des traductions (1) des livres du suédois Horace Engdahl, et m’engage à poursuivre dans cette voie. Son humour tranchant ou souriant laisse de belles traces dans l’esprit et la mémoire. Il y a dans ses pages quelque chose du flegme anglais et de l’ironie française parfaitement imités. Cela est rare.

Livre d’Heures, Colette Prévost, par Murielle Compère-Demarcy

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 14 Mai 2018. , dans Les Chroniques, La Une CED

Avant-Dire (extr. de la 4èmede couverture) :

« Écrit à la manière des Livres d’Heuresdu Moyen-Age, cet ouvrage s’adresse aux amoureux des mots et du temps qui passe mais demeure grâce à l’écriture. Au rythme des planètes, il nous invite, sans recours à la religion, à l’oubli du monde matériel qui nous menace, à la méditation, au mélange des souvenirs et de l’imaginaire, à la réappropriation de soi ».

Livre d’Heures. Un « curieux » livre, un livre « curieux ». Au sens étymologique de « celui qui prend soin » (cura) et de ce qui se démarque des agendas communément poursuivis. Un livre curatif donc, dont la force d’attaque, a contrariodouce, investit le cours de notre vie comme une fugue de Bach en une nuit éclaireuse. Un livre qui nous invite à prendre ou maintenir le cap d’une vie quotidienne éloignée des séductions matérielles – ces leurres dont il faudra, pour véritablement vivre, nous déprendre –, touchant au sens de nos vies par le voyage intérieur spirituel qu’il nous fait entreprendre, en direction du monde et des autres. Livre de navigation au cours apaisé, hissant pavillon humble sur des eaux tranquillisées, dans l’envergure (re)trouvée de l’insolite et du recueillement. Livre à la force de frappe comme un réveil, amortie par l’onde bienveillante des mots, dans le mouvement et la mouvance des Heures déclinées en autant de lieux/moments méditatifs où se construire en continuant de grandir, d’accueillir le souffle du mieux vivre.

Sens Averse, Valérie Rouzeau, par Philippe Leuckx

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 11 Mai 2018. , dans Les Chroniques, La Une CED

Sens Averse, Valérie Rouzeau, La Table Ronde, mars 2018, 144 pages, 16 €

 

Rivalisant d’inventivité, d’espièglerie, récrivant la langue à coups de verheggenades (style folies belgères), Valérie Rouzeau apporte un vent de fraîcheur dans un genre toujours près de sombrer soit dans l’hermétisme hautain soit dans les poncifs pas si souverains que ça ! Il y faut de la légèreté, et du bagout, et de l’audace, et bien de la grâce, pour éviter tous les écueils dans ce recueil, plus de 110 poèmes tout de même, jamais répétitifs, mais qui creusent leur sillon original : dire le monde d’aujourd’hui dans un répertoire de manies, de travers, de choses imposées, de trucs, de réseaux, de mondes qui tournent vraiment mal !

Oui, Madame, le monde va plutôt mal, alors, jouez muscade, passez poème, semblent dire ces textes enchanteurs d’une Valérie qui réagit et agi(te)poème au quart de tour. En la lisant, en la copiant, ceci me venait à l’esprit, calembour à peine piqué des vers : « Le viticulteur content a prêté sarment » ou « Il n’est pas à prendre avec des princesses ».