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Les Chroniques

Trois livres de L’Atelier contemporain, par Philippe Chauché

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 05 Septembre 2018. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

 

Bruire, Daniel Blanchard (novembre 2017, dessins Farhad Ostovani, 72 pages, 15 €)

Dans les prairies d’asphodèles, Bruno Krebs (novembre 2017, lecture Antoine Emaz, dessins Cristine Guinamand, 96 pages, 20 €)

Pelotes, Averses, Miroir, Patricia Cartereau & Albane Gellé (mars 2018, lecture Ludovic Degroote, 168 pages, 25 €)

 

« …à mesure que baisse en moi le jour, l’arbre en moi s’éveille et mon corps déploie, comme un sommeil, l’immensité interne de l’arbre… »

« Dans la brise de mai, / avec le grand pin bleu bruire / à l’automne de la vie » (Bruire)

La Styx Croisières Cie (6), par Michel Host

Ecrit par Michel Host , le Mardi, 04 Septembre 2018. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

Juin 2018

 

« “Allons, à quoi bon pleurer comme cela ! se dit avec sévérité Alice. Je te conseille de cesser sur le champ”.

Elle avait l’habitude de se donner de très bons conseils (qu’elle suivait du reste rarement, et il lui arrivait de se morigéner si fort que les larmes lui en venaient aux yeux ; elle se rappelait même avoir essayé une fois de se tirer les oreilles parce qu’elle avait triché au cours d’une partie de croquet qu’elle jouait contre elle-même ; car cette singulière petite fille aimait beaucoup à faire semblant d’être deux personnes », Lewis Carroll

Traduction de H. Parisot

Jules de Montalenvers de Phrysac. Noté dans le Livre de mes Mémoires

Rimbaud et la Rédemption, Fabienne Bader, par Didier Ayres

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 04 Septembre 2018. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

Rimbaud et la Rédemption, Fabienne Bader, éditions Polyglotte, 2018, 10 €

 

Mort et rédemption

J’ai connu les éditions Polyglotte à travers les réseaux sociaux, et j’ai été attiré d’abord par le titre du livre de Fabienne Bader, sans rien connaître de l’auteure. Je cherchais Rimbaud. Quel était ce Rimbaud ? le mien ? celui des amours violentes avec Verlaine ? celui d’Aden ? le Rimbaud voyant ? le Rimbaud escorté par un appareil critique, comme l’est le Rimbaud de Bonnefoy ? Toujours est-il que j’étais prêt à suivre la démarche d’une quête, notamment celle du poète de Charleville. Ce recueil très sobrement présenté, prend donc Rimbaud pour compagnon d’écriture. Et avec le langage, la grave question de la mort et de la rédemption. Cette poésie, que l’éditeur Nasser-Edine Boucheqif publie dans sa collection Féminin Pluriel, cache une femme complexe et douloureuse. Hantée par l’insomnie, et travaillée par la pratique de la poésie, l’auteure questionne la banalité de notre séjour ici-bas, avec en vue la fin de toutes choses et la vie d’un au-delà.

La poésie de Colette Gibelin, par Murielle Compère-Demarcy

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 03 Septembre 2018. , dans Les Chroniques, La Une CED

 

La poésie de Colette Gibelin est « une immense fleur de cactus(qui) renversée s’achemine vers la poussière » (in Mémoires sans visages & autres textes, éd. du Petit Véhicule, 2016), et insuffle l’intensité de si bien savoir la retenir, dans le souffle de la tension, de l’émotion contenue comme la falaise effritée du Dire accueille et relance la force de frappe des vagues qui se brûlent et se renouvellent de leurs ressacs. Altitude / envergure des amers sur la crête des lames de fond ; « iris déchiquetés, (…) mots paralysés » prenant le vent par toutes ses lézardes, « le temps d’un nouvel amandier » (Id.)…

Rythmée par un lyrisme existentiel, l’écriture poétique de Colette Gibelin s’est au fil du vécu dépossédée ou débarrassée d’une expression stricto sensu personnelle pour accéder à un universel singulier. L’écriture ici parvient à exprimer, avec densité et une intensité contenue, les perceptions sensibles et émotions d’une traversée singulière de l’existence tout en touchant ceux et celles qui en lisent les mots. Les mots de Colette Gibelin recueillent « le cri de rage de l’instant jeté en défi dans le vent », ils exercent leur filtre/philtre au lieu-dit mouvant névralgique où s’ouvrent les brèches, où nous vertige la faille inscrite en puissance sur le versant de l’ombre, autre visage du versant ensoleillé.

Tête en bas, Etienne Faure, par Nathalie de Courson

Ecrit par Nathalie de Courson , le Vendredi, 31 Août 2018. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

Tête en bas, Etienne Faure, Gallimard, mai 2018, 140 pages, 15 €

 

Tête en bas, sixième recueil de poésies d’Etienne Faure, est un livre non moins acrobatique – voire vertigineux – que son titre et ses deux exergues :

« Celui qui chute, vole », Hannah Arendt

« … je voyais l’envers de la vie que l’on menait en ville… », Anton Tchekhov

La composition de l’ensemble reste, comme celle des recueils précédents, rigoureuse, équilibrée, avec 130 poèmes de seize à vingt vers, répartis en douze sections et s’étendant chacun sur une page et une phrase à la fois. Ils portent tous un titre placé, à deux exceptions près, à la fin du poème, en quelque sorte tête en bas. Cette caractéristique de la manière d’Etienne Faure, partagée avec les autres recueils, prend ici toute sa signification, dans des pages que l’on est amené à reparcourir de bas en haut en même temps que s’effectuent dans les thèmes traités diverses descentes, remontées et retournements en doigts de gants.