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Les Chroniques

La Styx Croisières Cie (5) Mai 2018, par Michel Host

Ecrit par Michel Host , le Jeudi, 23 Août 2018. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

« Alice se dressa d’un bond, car l’idée lui était tout à coup venue qu’elle n’avait jamais vu de lapin pourvu d’un gousset, ou d’une montre à tirer de celui-ci. Brûlant de curiosité, elle s’élança à travers champs à la poursuite de l’animal, et elle eut la chance de le voir s’engouffrer dans un large terrier qui s’ouvrait sous la haie.

Un instant plus tard elle s’y enfonçait à son tour, sans du tout s’inquiéter de savoir comment elle en pourrait ressortir » (1).

(1) Traductions, de Henri Parisot, Flammarion

Noté par Jules de Montalenvers de Phrysac, dans le Livre de mes Mémoires

 

Lµ 1. Intrépidité, ou inconscience qu’il faut pour se jeter dans les aventures obscures. Alice nous le prouve. Il est à noter que « la chaleur qui régnait ce jour-là lui engourdissait quelque peu l’esprit ».

Debout dans la mémoire, Danièle Corre, par Murielle Compère-Demarcy

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 23 Août 2018. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

Debout dans la mémoire, Danièle Corre, éditions Aspect, 2018, 68 pages, 15 €

 

Debout dans la mémoire se déroule comme un récit de vie. Depuis la station de l’auteur – en l’occurrence la poète Danièle Corre – qui retrace ici le cheminement d’une mère née en 1921 et détachée durant cinq années de celui qui deviendra le père de ses deux enfants pour cause de guerre, nous assistons à la reconstruction d’êtres séparés, retrouvés – des « humbles » (des parents « pionniersde l’humble modernité ») tendus vers leurs tâches fondatrices pour le bien-être d’une famille soudée aux aguets de la vie.

 

« La vie fourmille de bourgeons.

On tait les blessures,

On se hâte vers demain.

Tant de bébés vont naître,

babyboum, babyboum »

Helena, Jérémy Fel, par Yann Suty

Ecrit par Yann Suty , le Mercredi, 22 Août 2018. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Rivages

Helena, Jérémy Fel, Rivages, août 2018, 800 pages, 23 €

 

Faire peur, créer le suspense, maintenir en haleine, c’est aussi une question de méthode. Jérémy Fel connaît les classiques du genre suspense-horreur de « l’ère moderne », qui auraient pour roi celui qui s’est justement affublé d’un tel nom, Stephen King. Dans son deuxième roman, Helena, l’influence du maître de l’horreur est incontestable, avec des scènes qui ne sont pas sans rappeler certains passages de Misery, de Carrie ou encore de Ça. Les hommages (ou emprunts) à d’autres auteurs ou personnages du genre sont d’ailleurs légion, et on pourra déceler ici ou là des clins d’œil à Dexter, à Dragon Rouge, au Silence des Agneaux, mais aussi à David Lynch ou aux portraits de tueurs en série de Stéphane Bourgoin. Soit autant d’ingrédients qui permettent de concocter un thriller avec ce qu’il faut de sanglant, de suspense, voire de fantastique.

Mais Jérémy Fel est un habile cordon-bleu. Car s’il montre, et particulièrement au début de son deuxième roman,Helena, qu’il connaît les recettes classiques du genre (mais doivent-elles pour autant être des passages obligés ?), il parvient au fur et à mesure à se les réapproprier, à les personnaliser, pour livrer au final un ouvrage qui est bien plus qu’un simple pastiche ou un hommage aux maîtres du genre.

Je veux que mon pays ressemble aux pays des impies !, par Amin Zaoui

Ecrit par Amin Zaoui , le Mardi, 21 Août 2018. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

Nous sommes musulmans, donc nous sommes parfaits ! Ainsi ronronne ce vieux disque rayé tournant sur un vieux phonographe, depuis des siècles ! Et depuis des siècles les musulmans avancent les pieds enfouis dans la boue de leur Histoire et les têtes pendues aux illusions ! Sous-développement. Guerres. Famines. Peur. Haines. Dictatures. Théocratie. Prêches. Et hypocrisie.

En toute franchise, pourquoi est-ce que je veux que mon pays ressemble aux pays des impies ? Bien que la nouvelle Constitution, les autres anciennes aussi d’ailleurs, nous apprend matin et soir, noir sur blanc, selon l’article 2, que nous sommes musulmans, par naissance, par la force, par la loi ou par la foi, je rêve de voir mon pays ressembler aux pays des impies, similaire aux pays des qoffars ! Je rêve de me réveiller, par un bon matin, à Alger, à Oran, à Constantine ou à Tamanrasset, et voir les rues de nos villes et de nos villages propres et où les gens souriants, confiants en leur avenir, femmes et hommes se précipitent vers le métro pour rejoindre leur lieu de travail à l’heure, dans l’espoir de construire un grand pays appelé l’Algérie ! Comme le font les femmes et les hommes dans les pays des impies !

Poétique magique - Ce lieu sera notre feu, Pascal Mora, par Didier Ayres

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 20 Août 2018. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

Ce lieu sera notre feu, Pascal Mora, éditions Unicité, mai 2018, 128 pages, 14 €

Une foule de choses se présente à moi à la lecture de Ce Lieu sera notre feu, ce beau livre de Pascal Mora que publient les éditions Unicité. Si j’ai parcouru lentement, chapitre après chapitre, comme un lecteur essayant de suivre, en emmagasinant la véritable magie de cette écriture, la trame forte de ces poèmes plus ou moins longs, mais toujours substantiels, je me retrouvais sans cesse pluriel devant cette poésie. Et même si le sujet pourrait paraître monocorde, la litanie va de poème en poème toujours ou presque dans la haute tenue d’un langage sur la ville. Et que tout soit plus ou moins explicite, cela n’a pas d’importance. Ce qui subsiste, c’est l’état du lecteur qui se lit lui-même au miroir du poème, comme en une pluralité d’énigmes.

Poétique magique donc, car cette ville de pierre et de métal n’est autre qu’habitée par une puissance spirituelle, par des dieux anciens et comme assoupis. Peut-être du reste, pourrait-on se souvenir de Paul quand il écrit : « Notre Dieu est un feu dévorant » ; et à partir de là, réécrire le titre du livre comme retourné par un lecteur double : Ce feu sera notre lieu. On voit nettement la combustion où se tient Pascal Mora, faisant appel à la fois à toutes les grandes villes de notre monde, mais aussi à des métaphores animales, végétales ou anthropomorphiques.