Poétiser et persifler
Je venais d’achever la lecture desBienveillantes, longue et éprouvante, traversant l’Europe orientale en guerre, l’Europe du dérisoire imperium nazi, jusqu’à Stalingrad, sous la conduite de Max le bourreau, de Max le fou. Je faisais des haltes : tout avait sombré dans le chaos de La Shoah. Le livre était aussi une marche.
J’avais ensuite lu une pièce d’un jeune auteur de théâtre qui me consterna. Il me fallait donc reprendre des forces, et ma foi, le volume de JP Siméon m’y aida dans son art de faire court, d’aller ici et là, en suivant l’itinéraire de ses Propos de quelques pages, écrits à des moments divers (on peut regretter ici l’absence des dates des rédaction précises pour chaque texte). Avec son art de persifler, de jouer à la fausse désinvolture, ponctuant son livre de la formule réjouissante : sans rapport avec ce qui précède / Quoique », JP Siméon me ramena au simple et beau plaisir de lire. Rouerie jubilatoire encore du faux vrai sage chinois, Tao Li Fu, qui à maintes reprises clôt un propos. N’est-il pas un double de JP Siméon, auteur duLivre des petits étonnements ? En effet la maxime morale irrigue poésie et méditation philosophique.