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Les Chroniques

J’ai lu Nos Vies de Marie-Hélène Lafon, par Sana Guessous

Ecrit par Sana Guessous , le Mercredi, 11 Octobre 2017. , dans Les Chroniques, La Une CED

 

Mon salon donne sur un vaste immeuble en briques rouges, criblé de fenêtres. Parfois, l’une d’elles s’ouvre, un homme à la bedaine nue et à l’œil fou en surgit. Un étage plus haut, un peu plus à droite, voilà l’homme aux cheveux longs et argentés qui s’accoude à sa fenêtre, les mains serrant sa bière du matin. Le plus souvent, c’est une vieille dame en peignoir qui sort sa tête blanche et promène un regard plissé, pointu sur la rue.

Elle me fait penser à la narratrice de Nos Vies de Marie-Hélène Lafon. Une dame âgée et pensive aussi, qui observe les gens et les choses avec une acuité presque inquiétante. Cela donne des descriptions amples, minutieuses, qui s’autorisent de drôles de digressions.

« Les seins de Gordana ne pardonnent pas, ils dépassent la mesure, franchissent les limites, ne nous épargnent pas, ne nous épargnent rien, ne ménagent personne, heurtent les sensibilités des spectateurs, sèment la zizanie, n’ont aucun respect ni aucune éducation. Ils ne souffrent ni dissidence ni résistance. Ils vous ôtent toute contenance ».

Trois livres expérimentaux, Editions Plaine page, par Didier Ayres

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 10 Octobre 2017. , dans Les Chroniques, La Une CED

 

Editions Plaine page, coll. Connexions, 2017 : à propos de P.Articule, Julien d’Abrigeon (10 €), Esthétique de la noyade, Sébastien Lespinasse (10 €), A-vanzar, Nicolas Vargas (5 €)

 

Prendre contact avec une maison d’édition que je ne connaissais pas, revient à parcourir des paysages nouveaux et parfois intéressants. Ici, avec les livres de la collection Connexions de l’éditeur Plaine page que j’ai reçus il y a peu, c’est à une sorte de plongée en apnée dans l’univers mental de trois poètes que je me suis livré. D’autant que j’ai cherché comment ces trois auteurs pouvaient explorer la langue comme matière, ce qui est en soi un objectif à part entière, et cette collection constituée de livres blancs et presque carrés en est le témoin.

Langage-action à propos de trois livres, par Yasmina Mahdi

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 06 Octobre 2017. , dans Les Chroniques, La Une CED

 

(1) Marchand de sang, Kadhem Khanjar, Plaine Page, coll. Calepins, juin 2017, trad. arabe (Irak) Antoine Jockey, 100 pages, 15 € (voir le site de Kadhem Khanjar : tapin2.org)

 

Le titre et la couverture de ce livre bilingue, arabe et français, annoncent un état du monde arabe contemporain, celui de l’Irak, brisé, déchiqueté. Le sang coule non pour irriguer la vie mais pour l’ôter. Selon le jeune auteur Kadhem Khanjar, né en 1990 à Babylone – la première mégalopole du monde antique, le berceau de nombreux mythes civilisateurs –, la peur côtoie la mort et fait place à un ennui morbide. L’amertume, la dévastation, l’humiliation et la terreur accompagnent le décompte macabre des assassinats. L’odeur du sang s’insinue sous la peau, dans le cerveau, dans les pleurs, dans la crainte d’une prochaine explosion.

Les larmes, serpes minuscules

Que l’on ne peut retenir, même avec nos yeux

Laïcitophobie, une maladie purement islamique, par Amin Zaoui

Ecrit par Amin Zaoui , le Mercredi, 04 Octobre 2017. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

Le musulman, tout musulman à travers le monde, est allergique au concept de « laïcité ». Ce mot « laïcité » lui fait peur ! Le rend malade. L’angoisse. À ses yeux, « laïc » est équivalent à communiste. Similaire au « athée ». Egal au « irréligieux ». Synonyme d’immoral. Ou encore un laïc est un juif. Un juif est un laïc. Un laïc est un chrétien. Un chrétien est un laïc. Tout laïc est un non-musulman. Et tout musulman est un non-laïc, un laïcitophobe. Un musulman ne peut pas imaginer un autre musulman laïc. En l’absence de laïcité comme mode de vie social, comme moyen de penser, comme culture politique, le monde musulman est devenu un monde islamiste. Rongé par l’intégrisme. Même la laïcité en Turquie est menacée par l’islamisme fanatique porté par le projet politique des Frères musulmans. La « laïcité » fait peur aux musulmans, de La Mecque jusqu’à Nouakchott. Elle fait peur au politique musulman de droite comme de gauche, elle fait peur aux « doctours » des universités, elle fait peur au citoyen normal. La laïcité est un monstre ! Mais pourquoi cette « laïcitophobie » chez le musulman ?

Merci, je préfère les huîtres, Marianne Braux

Ecrit par Marianne Braux , le Mercredi, 04 Octobre 2017. , dans Les Chroniques, La Une CED

 

 

C’est nouveau, ça vient de sortir : les traditionnelles perles du bac seraient un symptôme de plus de notre culture éducative « du dédain », défectueuse et obsolète, basée sur l’humiliation permanente de ses jeunes et la hauteur inavouée de ses vieux, lesquels prendraient depuis trop longtemps un malin plaisir à « moquer les idioties » et « exhiber les bêtises » des lycéens qui « non, n’ont pas un QI d’huître ». Madame Cahen, à l’origine d’une contre-offensive visant à valoriser les « anti-perles » (somme des « fulgurances » de bons élèves, fièrement rapportés sur internet), et les médias en quête d’ondes positives qui s’en font le relais, voient-ils donc d’un si mauvais œil les « absurdités » laissées, parfois volontairement rappelons-le, par des élèves, osons le dire, souvent brillants à leur insu et audacieux ?