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Les Chroniques

A propos de Ta résonance, ma retenue, Serge Ritman, par Didier Ayres

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 19 Juin 2017. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

Èros et Politikos

A propos de Ta résonance, ma retenue, Serge Ritman, Tarabuste éditions, avril 2017, 324 pages, 22 €

 

La lecture de Ta résonance, ma retenue de Serge Ritman est exigeante et parfois âpre, aussi solitaire que l’exercice de la pensée qui se dévoile au fur et à mesure de ce que l’on pourrait peut-être considérer comme une anthologie. D’ailleurs, il n’est pas improbable que la suite des recueils que compte le livre soit chronologique et nous mène à l’amble de la vie du poète. Je dis cela car il y a une évolution assez visible de pages en pages qui nous font partager la matière, celle du corps disons, érotique, jusqu’à celle du corps, disons, politique et en butte au monde contemporain. Donc pas du tout une poésie de « tour d’ivoire ». C’est ainsi que j’ai balancé d’un chapitre à l’autre pendant plusieurs heures afin de suivre au mieux la pensée du poète, et que j’ai pu en noter le glissement progressif.

Photographie en filigrane : à propos de l’ouvrage La galerie des beautés de Leonardo Marcos, par Yasmina Mahdi

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 09 Juin 2017. , dans Les Chroniques, La Une CED

 

La galerie des beautés de Leonardo Marcos, éd. de La Différence, 2017, 30 €

 

Le livre La galerie des beautés est en lui-même ce qu’on appelle un beau livre, avec une couverture argentée tel un miroir produisant de légères anamorphoses. A l’intérieur, les phrases et citations sont traitées à l’aide d’une typographie élégante et recherchée. Il y a beaucoup de blanc, de vide. La composition de l’écriture forme des figures géométriques sur chaque page, un peu à la manière de calligrammes, mais sobres et courts. On peut aussi apparenter ces textes brefs à ceux utilisés dans l’art contemporain, par exemple chez Sophie Calle ou les Guerrilla Girls, puisqu’il s’agit du sujet « femmes ». Ici, l’écrit est déstructuré, ce qui perturbe la lecture immédiate. Donc, l’écrit de La galerie des beautés participe davantage du slogan que du texte littéraire à proprement dire.

Le trou de serrure de « la porte du Djihad », par Kamel Daoud

Ecrit par Kamel Daoud , le Jeudi, 08 Juin 2017. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

C’est le grand fantasme des foules arabes sans issues depuis dix jours : que l’on ouvre les fameuses « portes du Djihad » pour que tous on aille en Palestine libérer les Palestiniens et tuer tous les Israéliens cachés derrière les pierres et les arbres.

Et aux yeux de ces foules conditionnées au millénarisme, il n’y a pas d’autres solutions et tout le reste n’est que traîtrise et bavardages. Cela console de faire alors le procès de nos régimes, accuser les frontières d’être des artifices en barbelés et avoir la bonne conscience du héros empêché de se battre parce qu’on lui a volé ses chaussures. Que ferons-nous si on débarque, aujourd’hui, par millions à Gaza ? Rien de plus que de mourir en vrac, peut-être, et de rendre la mort à celui qui nous la donne. Le fantasme de la « porte du Djihad » absout trop facilement nos mains encore vides et nous fait commodément oublier qu’on ne mène pas bataille avec les chaussures qui ont servi à frapper George Bush et qu’on ne va pas à la guerre avec le sabre de sa langue.

Et si les Juifs maghrébins n’avaient pas quitté le Maghreb ? par Amin Zaoui

Ecrit par Amin Zaoui , le Jeudi, 01 Juin 2017. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

La réalité est blessante et l’Histoire nous enseigne et nous renseigne. Il faut regarder autour, il faut fixer le dedans, lire le passé et prophétiser le futur. Et si les Juifs algériens n’avaient pas quitté le pays ? Depuis longtemps, cette réflexion me hante, m’habite. Je l’ai montée à maintes prises. Démontée. Remontée. Et je suis certain que cette question dérangera pas mal de monde de chez nous. L’Histoire sociale du Maghreb nous apprend une conclusion qui est la suivante : le développement de notre société maghrébine ne peut se concrétiser qu’avec la présence de deux facteurs primordiaux : la communauté juive et la laïcité.

Toute société, n’importe laquelle, qui n’a pas dans sa composante socioculturelle une communauté juive active et libre peine à accéder à un développement solide sur les plans économique, social, culturel, artisanal, scientifique, commercial, politique, médiatique… L’Histoire nous enseigne. Il faut avouer que la communauté juive, à travers l’histoire de l’humanité, par sa rigueur, par son savoir-faire, par le sens d’entraide, par la persévérance, apporte à sa société, à sa patrie une vitalité exceptionnelle. Apporte à la société, peu importe la majorité qui domine, un souffle de renouvellement, de stabilité, de défi et d’optimisme historique.

A propos de Requiem de guerre, de Franck Venaille, par Didier Ayres

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 30 Mai 2017. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

Requiem de guerre, de Franck Venaille, Mercure de France, mai 2017, 11 €

 

Il s’agit ici de langages sans nom, sans acoustique, de langages faits de matière ; il faut ici penser à la communauté matérielle des choses dans leur communication.

Walter Benjamin

 

J’ai abordé ce recueil de Franck Venaille en toute simplicité, même si je connaissais le nom de l’auteur à travers des témoignages d’amis, pas tous poètes d’ailleurs, dont certains qualifiaient l’auteur de ce Requiem « d’officier de la mort ». Et c’est le cas ici, car on devine sans peine au titre du recueil qu’un office des morts est une position littéraire. Et même si l’on côtoie les sanies humides de la maladie (de l’auteur sans doute), ou si l’on croise l’écho d’une chambre d’hôpital (que traverse le poète), on ne cesse de se questionner sur la qualité, dans le sens de spécificité, de ce qu’est mourir.