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Les Chroniques

D’Eurêka Springs, écrit sur une véranda de bois et de brume, par Kamel Daoud

Ecrit par Kamel Daoud , le Jeudi, 19 Janvier 2017. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

« La route à partir de Kansas City était si longue qu’elle a tout découragé : les dernières villes, maisonnées, baraques, des stations-service puis la lente montée des collines. Ici, le monde s’est épuisé pour moi, au bord d’une véranda de bois, face à la forêt, dos à un feu. Pas une forêt morte, mais un sombre peuple d’arbres qui a des bruits d’animaux et des immobilités de sagesses anciennes : ours, cerfs et panthères. Les derniers vivants vus étaient de vieux paysans américains, silencieux dans un Mac Do aux odeurs de fritures froides. L’Amérique profonde. Celle qui fait la force de cet empire et sa cécité sur le reste du monde. Habillés grossièrement, réunis en famille. Que savent-ils de nous ?

Sur la véranda, face à l’abrupte falaise, il y a des arbres dessinés sur le papier diaphane de la brume ; la forêt arrive peu à peu, comme en marchant dans les airs. Des feuilles rouges, rouille ou vert-gris qui donnent l’impression d’une saison unique qui joue avec des nuances. Le bruit des pluies éparses sur la toiture fait scintiller les branches mortes avec des gouttelettes. Le silence est pourtant parfait, malgré le ventilo de la chaudière en dessous des lattes de bois. Des écureuils viennent sautiller puis s’éclipsent dans un autre règne.

Brûlots poétiques (Etudes et échos), Ilda Tomas, par Michel Host

Ecrit par Michel Host , le Mercredi, 18 Janvier 2017. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

 

Brûlots poétiques (Etudes et échos), Ilda Tomas, Éditions Hermann, Coll. Vertige de la langue, avril 2016, 195 pages, 13 €

 

« … l’approfondissement de la lecture personnelle et du plaisir qu’on y prend réside précisément dans la découverte de la complexité intarissable d’un texte en lui-même et de ses relations multiples avec le monde, l’histoire, le langage et l’être », Ilda Tomas

 

Grâces éparses et rencontres

Souffles - Quand la mosquée devient une caserne, par Amin Zaoui

Ecrit par Amin Zaoui , le Mardi, 10 Janvier 2017. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

À la lumière de tout ce qui se passe autour de nous, dans le monde musulman comme en Europe, la mosquée, en tant qu’institution sensible, a besoin d’un nouveau statut. A besoin d’être revisitée, réformée.

Dès que Dieu est disputé ou controversé dans sa demeure, la mosquée, cela signifie que toute la société est dans un tournant religieux et moral très périlleux.

Dans une telle situation critique et alarmante, il est d’urgence de revoir le statut de cet établissement qui, de plus en plus, dans le monde musulman comme en Europe, se transforme en un lieu de sédition, pour la sédition, pour la discorde, pour la guerre, pour la haine, pour le djihad.

Quand la mosquée se transforme en une sorte de caserne qui forme les djihadistes ou en une sorte de clinique pour lavage des cerveaux, il est d’urgence d’agir, d'urgence de revoir son rôle et sa mission.

Dictionnaire de la controverse, Cincinnatus, volume 4, de Q à Z Abécédaire de la bêtise (éditions de Londres)

Ecrit par Michel Host , le Mercredi, 04 Janvier 2017. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

6 extraits du Dictionnaire de Cincinnatus (vol. 4)

Suivis, en fin de document, de quelques mots de Michel Host

 

I) Radicalisation

nom commun ; exemples : il y aurait en France cinq cents jeunes radicalisés dans les collèges et les Lycées.

Radicalisation est le nouveau mot à la mode. Hasard de l’ordre du dictionnaire, il se situe entre « Qatar » et « Rafale ».

La radicalisation est présentée comme tenant du pathologique. Être radicalisé, c’est comme se faire mordre par un vampire ; la radicalisation, c’est la vampirisation.

Pendant qu’il neige : le secret véritable de la chronique, par Kamel Daoud

Ecrit par Kamel Daoud , le Mardi, 03 Janvier 2017. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

« C’est comme un chien dans ma tête : il aboie et j’écris. Sauf que ce n’est pas si simple. Il me semble que c’est moi qui suis au bout de sa laisse, qu’il me promène parfois durant une demi-heure par jour, me laisse gambader dans son univers puis me ramène vers mon angle mort qui est ma vie de tous les jours. Je m’explique donc : c’est un chien immense, composé d’étoiles dans une obscure nuit qui lui sert de peau sans fond. Il aboie en Alphabet et j’écris. Parfois bien, parfois mal, quand il va trop vite et que ne me restent que des bouts de phrases. Il est grand, le chien noir qui m’enjambe pour aller boire, à l’autre bout du monde, son eau et revenir. C’est comme ça que je peux décrire les choses qui se passent dans ma tête. Car dehors, pour ceux qui me voient de dehors, il ne se passe rien. Je suis penché sur un gros cahier plein de ratures, devant un micro, en train de tabasser un clavier et j’écris sans cesse, sans cesse et toujours. Un scribe dans un journal où je suis payé au mois pour faire semblant d’être courageux.