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Les Livres

Bélibaste, Henri Gougaud (par Sandrine Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Vendredi, 27 Août 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Points

Bélibaste, 291 pages, 7,60 € . Ecrivain(s): Henri Gougaud Edition: Points

 

« Guillaume Bélibaste et tous ceux qui peuplent ce livre vécurent en ces temps de débâcle. Ils furent des gens de chair et de sens, non point comme vous et moi, car aucune vie n’est à une autre comparable, mais comme Dieu, ou le hasard, les fit ».

Nous connaissons la langue d’Henri Gougaud, la musique qui s’y loge, chaque mot dans son ton et entre, son essence. Sa partition. Chacun porte une image en mouvement et en fait son icône.

Le père. La première figure. Le quartier de pomme à la pointe du couteau. Les gueules des frères Bélibaste et le cadet, Guillaume. La maison de pierres. Les sécheresses meurtrières. XIIIe siècle, Sud-Ouest, Pays Cathare. Un meurtre.

Menacé d’être dénoncé, pour le meurtre ou la foi qu’il n’a pas, Guillaume doit fuir. De Cubières à Rabastens. Entre les gens d’armes et les gens d’église. « Misérables honneurs qui firent des docteurs du Christ des mercenaires du diable ! ».

Le Cerf-volant, Laetitia Colombani (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 27 Août 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Grasset

Le Cerf-volant, Laetitia Colombani, juin 2021, 208 pages, 18,50 € Edition: Grasset

 

L’Inde, les personnages féminins, la misère, forment le tableau sombre du nouvel opus de Laetitia Colombani, que La Tresse a largement fait connaître. On retrouve ici, dans cette histoire dramatique, les communs dénominateurs du livre La Tresse. Une Française Léna, venue en Inde, pour apurer un chagrin, tombe réellement amoureuse de ce pays d’accueil. Par un concours de circonstance, une petite fille de la sous-caste des Intouchables bouleverse sa vie. On est plongé, avec ce livre, dans l’Inde injuste des castes, dans la misère noire des exclus, des lois discriminatoires qui font que les plus pauvres n’ont guère droit à l’éducation et à la culture.

Léna, professeur autrefois en France, va tout faire pour offrir aux plus miséreux un brin d’éducation et d’apprentissage, et ce, au grand dam des parents, des autorités. La petite fille au cerf-volant, Latifa, Léna, Preeti, la cheffe d’une « Red Brigade » d’autodéfense, sont les personnages principaux de cette histoire prenante, directement axée sur la société indienne d’aujourd’hui, privilégiant les castes hautes.

Le Papier d’orange, La carta delle arance, Pietro De Marchi (par Valérie T. Bravaccio)

Ecrit par Valérie T. Bravaccio , le Vendredi, 27 Août 2021. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Le Papier d’orange, La carta delle arance, Pietro De Marchi, Editions Empreintes, mai 2021, trad. italien, Renato Weber, 190 pages, 9 €

 

Publié en 2016, La carta delle arance complète un triptyque (Parabole smorzate, 1999 ; Replica, 2006) chez le même éditeur, Edizioni Casagrande. Et, la même année, il est distingué par le prestigieux Gottfried Keller. Il arrive cette année en France, grâce à la très belle Collection Poésie-Poche n°26 de l’Édition Empreintes, en bilingue. La fin du volume accueille une note biographique présentant Pietro De Marchi, sa bibliographie, et la traduction de la note de l’auteur. La traduction en français de Renato Weber est d’une grande finesse. Et, dans sa préface, Ivan Farron arrive à transmettre, avec beaucoup de précisions, l’atmosphère de l’ensemble du recueil en se référant clairement aux titres des compositions et, surtout, en indiquant les pages, ce qui pourrait paraître superflu ; la Table, située à la fin du volume, ne renvoie effectivement pas aux titres de chaque composition.

Structuré en onze chapitres (numérotés en chiffres romains), seuls quatre chapitres ont un titre (IV, Paraphrases ; VI, Trois petites allégories ; VII, Allegro giusto ; IX, Paroles rapportées). Et il n’y a aucun autre titre.

Mon maître et mon vainqueur, François-Henri Désérable (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 26 Août 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Gallimard

Mon maître et mon vainqueur, août 2021, 192 pages, 18 € . Ecrivain(s): François-Henri Désérable Edition: Gallimard

 

« Le ravissement a deux acceptions : celle d’enchantement, de plaisir vif, mais celle aussi d’enlèvement, de rapt. Et c’est précisément cela que depuis quelque temps Tina éprouvait, le sentiment d’être enlevée à sa propre vie : celle d’une femme qui aimait un homme, qui lui était fidèle, et qu’elle allait épouser ».

Mon maître et mon vainqueur est un roman d’amour vif, éclairé de ravissements dans ses acceptions. Un roman de raisons, et de déraisons, un roman où le narrateur témoigne devant un juge d’instruction et son greffier, de ce qu’il sait de son ami Vasco, et de Tina qui sera le centre tellurique de cette passion. Vasco, interpellé pour avoir tiré, sans grandes conséquences, sur son rival Edgar, qui épousait Tina, alors qu’il voulait ne pas cesser de la posséder, tiré avec le revolver acheté lors d’enchères fantasques, que braqua Verlaine sur Rimbaud, tout un roman ! Une histoire d’amour qui saisit Tina et Vasco et qui ne cesse de bouleverser Edgar.

Route(s), Poème, Christian Viguié (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Jeudi, 26 Août 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Route(s), Poème, Christian Viguié, Marsa Publications, Revue A, Coll. Poésie sur tous les fronts, mars 2021, Ill. Olivier Orus, 54 pages, 15 €

 

« La route mange la route

La route se mange toute seule »

 

Il n’y a pas de route naturelle : un passage s’institue s’il est d’abord forcé pour être établi puis entretenu. La route est comme un effort qui se fraye une destination, une violence facilitatrice d’autres activités (rejoindre un lieu peu accessible, sécuriser une distance, briser une enclave…). Il n’y a pas non plus de route suffisante : elle est un moyen de se diriger ailleurs, non à elle seule une raison d’y aller (la bonne route n’est que la route du bon ou d’un bien ; le succès d’une route n’est pas le sien). Il n’y a enfin pas de route instantanée : même des yeux, il faut la parcourir. Elle n’avance qu’en faisant tourner le dos au parcouru. Et comme il n’y a pas de route spontanée, il n’y a pas de spontanéité tenant durablement la route : « Le vrai travail est de passer », dit le poète, p.41.