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Les Livres

Dictionnaire amoureux de l’esprit français, Metin Arditi (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 08 Novembre 2021. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Plon

Dictionnaire amoureux de l’esprit français, août 2021, 688 pages, 13 € . Ecrivain(s): Metin Arditi Edition: Plon

Une logique se dégage de la présente chronique, relative à un Dictionnaire amoureux de l’esprit français : l’ouvrage est signé d’un écrivain suisse francophone d’origine turque séfarade, Metin Arditi, et la chronique est signée d’un Belge – c’est dire le pouvoir de fascination qu’exerce l’esprit français, fascination à certains égards plus puissante en dehors de l’Hexagone qu’à l’intérieur de ses frontières. Pour les Français, baignés de cet esprit, de cette recherche d’élégance, de ce désir de plaire, quoi de plus naturel, quoi de moins remarquable ? Dans quel autre pays un futur président de la République a-t-il publié une Anthologie de la poésie française toujours rééditée soixante ans plus tard ? (Remarquons au passage que Pompidou est absent de ce Dictionnaire amoureux, comme nombre d’hommes d’état – dommage, certains y avaient leur place aux côtés de Charles De Gaulle.) Certes, l’élégance, le désir de plaire semblent en voie de disparition – ou du moins n’ont-ils plus la même définition, le même sens, dans une société elle-même de moins en moins élégante ou plaisante, mais il suffit de gratter la surface moderne pour retrouver l’éclat de l’esprit français, ne fût-ce que dans des programmes scolaires qui font la part belle aux classiques, ou dans certaines élégances artistiques.

La proie, Deon Meyer (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Lundi, 08 Novembre 2021. , dans Les Livres, Recensions, Polars, La Une Livres, Afrique, Folio (Gallimard)

La proie, août 2021, trad. afrikaans, Georges Lory, 576 pages, 9,20 € . Ecrivain(s): Deon Meyer Edition: Folio (Gallimard)

 

À Bordeaux, Place Camille-Pelletan, Daniel Darret, un Zoulou, ancien combattant de la branche militaire de l’ANC, s’est retiré après la victoire de Mandela. Il mène une vie simple auprès d’Henry Lefèvre, ébéniste, atteint du syndrome d’Asperger, et de son épouse Sandrine. Son grand plaisir est de caresser le bois, d’en sentir l’âme. Il aime aussi parler à Wackett, le chat, ou discuter autour d’un verre de rouge avec Ali du Mali, ou bien encore faire un tour le dimanche dans les environs sur sa BMW. Tout va bien même s’il est hanté parfois par son passé, jusqu’au jour où il est contacté par Lonnie May, un ancien avocat blanc qui a lutté à ses côtés dans le clan anti-apartheid. Daniel doit reprendre du service, on a besoin d’un tireur d’élite exceptionnel pour commettre un attentat sur la personne du président en place. Lonnie lui parle de l’Afrique du Sud telle qu’elle est devenue après Mandela et la prise du pouvoir par Jacob Zuma (qui n’est pas cité mais facilement reconnaissable dans les descriptions de Meyer). Il lui conte les méfaits de la corruption, de la « kleptocratie », dans un pays rongé par la pauvreté, la volonté de la Russie de Poutine de mettre un pied en territoire africain en voulant y construire une centrale nucléaire.

D’Être en ce monde, Alexandre Blaineau (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 08 Novembre 2021. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Poésie

D’Être en ce monde, Alexandre Blaineau, éditions Milagro, septembre 2021, 72 pages, 10 €

 

Depuis l’Histoire

Pour moi qui aime voir et découvrir l’être derrière l’écriture, cette lecture a suscité en moi une sagacité réelle. J’ai, dans un premier temps, été pris par le caractère squelettique du texte. Cette forme moderne d’une « anorexie » volontaire, m’a fait songer au Bonnes de Genet – qui décrit sa pièce comme étant squelettique – tant le caractère lapidaire des poèmes semble faire référence à un univers froid, emprunt, sujet au détachement, à la distance.

 

Cette vallée devenue plaine

Vaste comme la main d’un dieu

Où s’imposent le toujours des puissances

Le paysage d’un feu nouveau

Et le regard inquiet des antilopes

Les Mots rares, Juliette Brevilliero (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Vendredi, 29 Octobre 2021. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Poésie, Editions Galilée

Les Mots rares, Juliette Brevilliero, septembre 2021, 88 pages, 10 € Edition: Editions Galilée

 

Oser la composition d’une œuvre en en appelant aux « mots rares » ne peut être qu’un défi de poète et, dans tous les cas, ne peut avoir pour finalité que la poésie. Et quel défi ! Suivant la démarche de Juliette Brevilliero, les mots rares ont ici une direction toute particulière : tenter de raconter l’inracontable et d’« esquisser l’inouï des instants ».

Si l’on regarde du côté des deux précédents recueils (Chair papier et Mangeurs de rues), la poète avait, outre le goût avancé des sonorités, une appétence certaine des vocables qu’on rencontre assez peu. Vraisemblablement, elle a souhaité toucher la substantifique moelle de son exploration avec ce nouvel ouvrage, et de là, sous un « ciel zinzolin » et autre « coruscation », nous fait connaître une « immarcescible pensée » et une « absence cordiforme », la « triskaïdékaphobie » croise la « vésanie », pour ne citer que quelques exemples. Les Mots rares nous conduiraient-ils à l’orgie verbale ? Au contraire, cette radicalité dans la proposition poétique ne signe-t-elle pas un amour profond de la langue ?

Le Pays des Celtes, Mémoires de la Gaule, Laurent Olivier (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Vendredi, 29 Octobre 2021. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Histoire

Le Pays des Celtes, Mémoires de la Gaule, Laurent Olivier, Seuil Points Histoire, avril 2021, 448 pages, 10,80 €

À qui désire un livre sur les Celtes, leur culture, leur histoire, etc., le livre de Laurent Olivier ne s’adresse pas, ou du moins pas tout à fait ; on recommande plutôt les ouvrages de Venceslas Kruta, soit Les Celtes, aux Puf pour les amateurs de petits formats, soit Les Celtes, Histoire et dictionnaire, chez Robert Laffont pour les très curieux. D’ailleurs, le premier de ces deux ouvrages est mentionné par Laurent Olivier dans la riche bibliographie à la fin du Pays des Celtes, ce qui n’empêche en rien la critique du point de vue « ethnique » sur les Celtes de Kruta, qui confond « l’extension des productions de la culture matérielle » avec des « phénomènes de migration de peuples, pour ne pas dire de mouvements de conquête ethnique » :

« Selon ce schéma, les Celtes, finalement, reviennent occuper la place laissée vacante par les Germains de la “préhistoire allemande”, qui, l’un et l’autre, avaient été défaits en 1945. Sur un fonds aussi poreux aux interprétations de l’archéologie raciale allemande, il n’est guère surprenant de voir se greffer des thèses visant explicitement à la réhabilitation des “Indo-Européens” ou plus exactement des “Indo-Germains”, tels que les avaient célébrés les anciens chercheurs du régime national-socialiste ».