Identification

Les Livres

Respire, Victor Malzac (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 25 Novembre 2021. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Poésie

Respire, Victor Malzac, éditions de La Crypte, 2020, 64 pages, 12 €

 

Respire de Victor Malzac est édité à la Crypte. Le Prix de la Crypte 2020 est attribué à un jeune poète né en 1997, intense, brillant. « Gilet rouge » dans un univers qui tremble, où il faut reprendre respiration. Rien de faux dans cette description.

 

« tôt dans la nuit je respire

la mer

et je converse avec – »

« les lumières de la ville font maintenant comme un carrefour

dans les nœuds crispés de ma conscience

maintenant libre – »

Leçons sur la traduction, Franco Fortini (par Jean-Charles Vegliante)

, le Jeudi, 25 Novembre 2021. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Leçons sur la traduction, Franco Fortini, éditions Les Belles Lettres, octobre 2021, 155 pages, 25 €

 

Il est toujours délicat, pour qui connaît une œuvre étrangère, de rendre compte le plus « objectivement » possible de sa publication nouvelle dans notre langue. Publication (et traduction) dont avant tout l’on ne peut que se réjouir. Dans le cas présent, Fortini étant l’un des intellectuels, critiques, poètes, professeurs qui ont certainement compté dans l’Italie du XXème siècle, on salue d’abord cette seconde parution d’un de ses livres en France, et l’on attend toujours la réédition annoncée de ses poèmes.

Cet ouvrage est la version française, avec une Présentation de Julien Bal, des Lezioni sulla traduzione procurées chez Quodlibet (Macerata) par Maria Vittoria Tirinato, qui signait également une ample Introduction au titre intéressant (mais non explicité) Larvatus prodeo, en 2011. L’ouvrage comportait également un court Avant-dire de l’un des meilleurs éditeurs-connaisseurs de Fortini en Italie, Luca Lenzini, également coordonnateur du Centre Fortini de Sienne. Il possédait aussi un très utile Index des noms (p.223-31), que les éditeurs français auraient été bien inspirés de conserver, et quelques documents d’Archives de reproduction plus délicate.

Contes philosophiques du monde entier, Jean-Claude Carrière (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mercredi, 24 Novembre 2021. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Plon

Contes philosophiques du monde entier, Jean-Claude Carrière, août 2021, 384 pages, 12 € Edition: Plon

Feu Jean-Claude Carrière avait la passion des histoires, celles qui, sans aucunes distinctions géographiques ou temporelles, nous fondent, nous les humains, qui nous disent qui nous sommes de façon symbolique, qui nous incitent à nous poser des questions auxquelles il n’y a pas nécessairement de réponses – peut-être les plus intéressantes parmi les questions, soit dit en passant – un exemple ? Pourquoi j’aime telle personne – aucune réponse, aucune certitude, juste le sentiment. Il suffit pour se sentir humain.

Le présent recueil, dans sa première édition datant de 2008, était sous-titré Le Cercle des menteurs 2, et donc présenté comme une sorte de suite au recueil Le Cercle des menteurs, publié quant à lui en 1998. Des menteurs ? Non, des diseurs de vérités, ces vérités simples que la psychanalyse moderne a dévoyées – le plus bel exemple étant le supposé « complexe d’Œdipe », auquel aucun helléniste ne comprend rien puisque toutes les histoires, de celle de la famille des Labdacides à celle de Blanche-Neige ou même d’une petite fille devant échapper à l’emprise de sa grand-mère-loup, disent ceci : le parent a toujours tort de chercher à empêcher l’enfant de grandir, de lui échapper, de le dépasser, de prendre sa place, alors que telle est pourtant la destinée commune.

Éphémères, Annie Perec Moser (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Mercredi, 24 Novembre 2021. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Poésie, Le Coudrier

Éphémères, novembre 2019, 74 pages, 18 € . Ecrivain(s): Annie Perec Moser Edition: Le Coudrier

 

Le titre Éphémères fait immédiatement référence dans notre esprit à des instantanés, à des photographies saisies par le regard de la poète. La photographie de la couverture, signée Damien Gatinel, laisse cependant présager que, par-delà le regard, se situe l’imaginaire. Et c’est bien ce qui nous attend dans ce recueil, où Annie Perec Moser affirme l’acuité de sa vision.

À la lecture de ses poèmes, dont la forme nous paraît dès l’abord traditionnelle, quelque chose nous interpelle pourtant, comme si la rime attendue ne venait pas, comme si nous avions été bernés par cette apparente tradition formelle. C’est cela, en vérité : la poète nous surprend l’air de rien, mais elle nous ouvre en même temps à une grande fluidité au sein de sa poésie. Il n’est parfois qu’à se laisser conduire par le courant ; mais c’est pour mieux être saisi à la fin : l’ingénuité de la jeunesse rencontre fréquemment la cruauté la plus perverse, comme le montre excellemment L’enfer, commençant par le vers : « J’aimerais coudre les nuages ».

À la folie, Joy Sorman (par Martine L. Petauton)

Ecrit par Martine L. Petauton , le Mercredi, 24 Novembre 2021. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

À la folie, Joy Sorman, Flammarion, février 2021, 288 pages, 19 €


Le titre d’abord, qu’on peut lire avec des sens différents : est-ce de la part de l’auteure un j’ai aimé à la folie mener cette enquête ? ou bien a-t-elle dédié ce livre à la folie et à tous ceux qui à divers titres ont affaire aux pathologies mentales, dans le secteur fermé d’hôpitaux psychiatriques ? Sans doute les deux, à l’issue (mais peut-on parler d’issue au retour de telles enquêtes ?) des mois passés dans deux hôpitaux-immersion d’un genre inédit, auprès des soignants, patients – tous différents – dans des lieux pour le moins à part, notamment le pavillon 4 B, et ses 12 lits et une chambre d’isolement. Il faut aussi dans le lot compter l’auteure car, même si elle se présente dans les lieux comme journaliste, ce qui diffère de bien d’autres investigations « en caméra cachée », elle revendique les postures, émotions, pensées d’un humain venu du monde dit « normal » chez « les fous ». Elle nous emporte du coup avec elle dans cette aventure à l’intérieur, nous évitant ce regard extérieur, voyeur, et vaguement protecteur, qu’on lit ou regarde tant ailleurs.