Identification

Les Livres

La vie devant soi, Romain Gary, Folio (par Anaé Balista)

, le Lundi, 06 Décembre 2021. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Folio (Gallimard)

La vie devant soi, mars 1982, 288 pages, 8,10 € . Ecrivain(s): Romain Gary


C’est entre les dernières pages du livre, cachés au numéro 268, que se dessinent les mots suivants : « Je voyais bien qu’elle ne respirait plus mais ça m’était égal, je l’aimais même sans respirer ».


Avec une remarquable simplicité, Gary rappelle ici que rien ne dépasse l’amour porté par un enfant. Ce dévouement intérieur ne se cultive pas tout au long d’une vie mais prend véritablement sens une fois la mort venue. Et c’est par l’intermédiaire d’un jeune garçon que l’auteur nous fait part de cet enseignement.

En effet, cet amour indéfectible même au-delà de la tombe est au cœur de la relation des deux protagonistes. On retrouve d’un côté le jeune Momo, fils de prostituée, délaissé, et de l’autre madame Rosa, vieille femme juive que le temps a fini par abîmer. Une relation unique va alors se nouer entre eux, pas plus amicale que parentale mais plutôt une attache mutuelle entre deux exclus de la société.

Le Papier d’orange (La carta delle arance), Pietro De Marchi, éd. Empreintes (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 06 Décembre 2021. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Poésie

Le Papier d’orange (La carta delle arance), Pietro De Marchi, éd. Empreintes, mai 2021, trad. italien, Renato Weber, 190 pages, 9 €

 

Sprechgesang

Il n’a pas été facile pour moi de trouver la clé de ce recueil bilingue italien/français de Pietro De Marchi. Je pense, d’une part, que la rédaction s’est faite au long cours, avec une langue qui évoluait peut-être. D’autre part et par conséquent, ses thèmes et ses images multiples et variés faisant des faisceaux de lumière, éclairant des objets dans la nuit, auraient fabriqué un univers complexe et profond. Ce qui m’est venu à l’esprit est donc une question formelle. J’ai opté ainsi pour le « chant parlé », c’est-à-dire une poésie à demi-lyrique dont le récit tremble dans le contenant, dont la réalité tangue dans le signe. De cette manière, généralement, la beauté triomphe. Et derrière cette surface presque légère, ductile, l’on voit le poète en train d’exister. Nous avons affaire à une lueur noire, une encre saturée qui occupe la blancheur du papier.

Lao du placard, Loïc Demey, Cheyne éditeur (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 03 Décembre 2021. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Jeunesse, Cheyne Editeur

Lao du placard, Loïc Demey, Cheyne éditeur, Coll. Poèmes pour grandir, septembre 2021, Ill. Clothilde Staës, 48 pages, 15 € Edition: Cheyne Editeur

 

Loïc Demey est professeur, écrivain, romancier, poète. Il est Lorrain. Le jeune auteur s’est fait remarquer de la critique par quatre livres depuis 2014. Le voici entré dans la collection destinée aux enfants, avec un très beau récit poétique. Tiré à 3000 exemplaires, l’ouvrage pourra séduire les plus réticents à cette littérature d’enfance. Ici respirent l’intelligence, la finesse, l’étonnement, et les mots de Demey ont trouvé un allié sans pareil avec les images très colorées, très vives et imaginatives de Clothilde Staës.

Ou comment en quarante-huit pages entrer dans le monde d’un enfant différent, Lao. Il ne parle pas mais comprend tout. Il s’invente des publicités au creux de son placard. Sa mère est triste. Son père l’a quittée. Il y a bien les grands-parents qui veillent sur lui et l’accueillent.

Dans cet univers feutré, triste, le pouvoir de l’imagination se donne les mots que l’enfant ne possède pas.

Selfies pour la planète, Bénédicte Nemo, éditions Cipango (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 02 Décembre 2021. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Jeunesse

Selfies pour la planète, Bénédicte Nemo, éditions Cipango, septembre 2021, 48 pages, 18 €

La relation de l’homme à l’animal n’a cessé de rapprocher celui-ci de celui-là : de sauvage à domestique puis de familier à apprivoisé (Jean-Luc Guichet)

 

Animalia

Dans ce magnifique livre-jeunesse au format de 29,1 x 22 cm, Bénédicte Nemo, née à Dakar en 1972, diplômée de l’École nationale supérieure des Arts décoratifs de Paris, a portraituré avec virtuosité une vingtaine de jeunes personnes en présence d’animaux de leur choix. L’illustratrice cite en exergue Darwin qui abolit les hiérarchies entre l’homme et l’animal. Des enfants et des adolescent(e)s se sont prêtés à un exercice littéraire ainsi qu’à des séances de pose. Ils ont collaboré avec l’illustratrice comme modèles pour constituer des cabinets de portraits où les œuvres sont logées cadre à cadre. B. Nemo a saisi les visages et le buste de filles et de garçons en compagnie d’herbivores, de carnivores, domestiques ou sauvages, au sein de leur milieu naturel – forêt, plaine, jungle, montagne, océan, fleuve.

Hémon, suivi d’Antigone, Silences et Loin la langue, Bernard Fournier, éditions La Feuille de Thé (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 02 Décembre 2021. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Poésie

Hémon, suivi d’Antigone, Silences et Loin la langue, Bernard Fournier, éditions La Feuille de Thé, 2019, 76 pages, 20 €

Hémon – le fiancé d’Antigone, dont l’amour fut sacrifié par celle qu’il aimait et qui l’aimait, au nom du devoir moral fraternel –, telle est la figure sur laquelle le poète Bernard Fournier a choisi d’orienter l’objectif de son attention pour ce nouveau recueil publié aux éditions La Feuille de Thé. Après l’écriture d’une biographie consacrée à l’un de ses auteurs de prédilection, Jacques Auberti (Métamorphoses d’Audiberti, éd. du Petit Pavé), Bernard Fournier nous plonge dans l’univers d’une figure symbolique, de même trempe que ces personnages directement ou indirectement fondateurs de notre civilisation en en révélant les limites et les excès au travers de récits mythiques et/ou dramaturgiques. La première édition du poème Hémon, nous précise-t-on, a été réalisée sous la forme d’un livre d’artiste avec Valérie Honnart toujours à la Feuille de Thé, et le poème Loin la langue, qui en constitue le dernier volet, a été publié par Daniel Martinez dans la Revue Diérèse en 2018.