Dire ton nom, Max Alhau (par Philippe Leuckx)
Dire ton nom, Max Alhau, Les Lieux Dits, 2021, Coll. Les Cahiers du Loup bleu, Ill. Germain Roesz, 40 pages
Ce qui intrigue bien sûr, dans ces poèmes, c’est le « nom » qui ne sera jamais prononcé, gage à la fois de mémoire, de respect et d’étrangeté.
Le poète décline ainsi sur une petite quarantaine de pages le « visage », la lumière de cette figure secrète, riche et féconde de tous les signes.
Elle est ce « tu » auquel nombre de poèmes s’adressent :
Tu ne te dérobes pas au blizzard,
à ce qui brise la marche.
(…)
Tu es l’habitante d’un pays
dont les légendes fortifient la réalité.
(…)
Ton visage et le temps s’effondre.
Tu le renvoies à son absence.
Toi seule demeures avec le monde en partage.
Elle est cette présence insensée, tremblante, lumineuse, « signe brûlant à même la peau », « son nom importe peu ».
Oui, elle « est ce mot jamais prononcé/ dont tu possèdes le secret ».
Le poète aligne ainsi avec un rare bonheur d’écriture toutes les qualités – de mémoire, de lumière, de passé, de cheminement – d’un « visage toujours présent/ et à venir même au cœur/ des plus vives alarmes ».
Cette fidélité, hautement poétique, nous vaut de brefs poèmes, portés par une écriture fluide et chaleureuse, lyrique avec modération, dense et incisive.
Le livre sert sans doute d’exutoire à une peine si peu dévoilée, que la pudeur réserve dans les marges d’une poétique du mystère personnel.
Quand l’absence profile son visage, le temps déjà a passé, et la mémoire souveraine dessine alors avec justesse « sa place singulière ».
Alhau signe ici un petit chef d’œuvre de poésie intime, et partageable.
Il sait comme pas un décrire cette zone de turbulence qu’un cœur aimant peut connaître et les reliefs toujours brûlants d’un amour.
Un « Loup bleu » prenant.
Philippe Leuckx
Max Alhau, membre de l’Académie Mallarmé, poète français, auteur de nombreux livres de poésie, dont : D’asile en exil ; Si loin qu’on aille ; Les mots en blanc.
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