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Les Livres

Les féeries profanes, Julien Miavril (par Parme Ceriset)

Ecrit par Parme Ceriset , le Vendredi, 02 Juillet 2021. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Poésie

Les féeries profanes, Julien Miavril, Éditions Stellamaris, 2019, 136 pages, 21 €

 

Le titre de ce recueil fait écho à l’expression « féeries profanes » employée par Rimbaud dans son poème Mauvais sang (Une Saison en enfer). La poésie de Julien Miavril a en commun avec celle du célèbre poète maudit d’être d’une extrême intensité, elle remue, secoue, bouleverse les repères de l’ordre établi.

Rimbaud : « Le poète se rend voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens » (Lettre à Paul Demeny dite Lettre du Voyant).

Le poète Julien Miavril annonce dès le début de son recueil, Les féeries profanes, être porté par une quête d’absolu qui côtoie les rivages de l’inaccessible : « J’ai depuis longtemps cessé de chercher ce qui se trouve sans peine ». Cette quête du Graal est menée essentiellement par l’intermédiaire de la poésie que l’auteur considère comme « un éternel feu nourricier ».

Une Couronne d’Orage, suivi de Beauté et de Royauté, Thibault Biscarrat (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 01 Juillet 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Une Couronne d’Orage, suivi de Beauté et de Royauté, éditions Ars poetica, mars 2021, 108 pages, 18 € . Ecrivain(s): Thibault Biscarrat 

« Et l’éternité n’est plus un instant, mais l’essence de l’instant ; le poème n’est plus une parole mais l’essence de la parole. Ainsi se déploie une infinité de pensées, de chants, de gestes et de lueurs » (Une Couronne d’Orage).

« Une distance nous sépare de ce monde, accroît les signes, le silence, les blessures. Nous sommes les témoins, des éclairs, des éclaircies. Une porte s’entrouvre vers cet autre royaume » (III-Beauté).

Une Couronne d’Orage suivi de Beauté et de Royauté, est touché par la grâce, autrement dit par la parole – Au principe était la parole, la parole était chez Dieu et la parole était Dieu (1). Au principe était la parole pour tout écrivain attentif à ce qui l’entoure, à ce qui l’embrase : un parfum de rose, un chant de moissons, la rosée d’une clairière, les éclairs d’un orage, une femme qui danse, une lumière, le soleil, le sable, la foudre et la pierre. Au principe était la parole, et l’écrivain s’en saisit, comme l’on se saisit d’un instrument de musique pour rendre grâce au ciel, à la lumière divine, à la nature heureuse, à un frisson qui trace sur sa peau une mélodie, à une illumination qui éclaire ses pas.

Duende, Jean de Breyne (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Jeudi, 01 Juillet 2021. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Poésie

Duende, Jean de Breyne, Propos Deux éditions, avril 2021, 158 pages, 14 €

Il existe peu de poètes de la timidité, de la réserve psycho-sociale, puisque la timidité est avant tout une hantise de se montrer trop expressif, alors qu’une ardeur poétique craint de ne l’être jamais assez. Et Jean de Breyne (né en 1943) est un poète de la timidité :

« J’attends ce moment de dire

C’est dans la phrase

Il faut l’entendre

Cela n’est jamais facile

Cependant dite » (p.124)

Il existe, de même, peu de poètes du maintien, de la correction posturale, de la juste appréhension par un corps de ce qu’il lui convient de goûter ou éviter, car la même voix qui, dans le maintien, contrôle la tenue d’un corps entre les autres, donne corps (dans la poésie) à l’entre-tenue des mots. « Vous avez raison tous deux » s’empresse de dire Mr Jourdain aux maîtres à danser et de musique qui logiquement s’empoignent. Notre poète est pourtant un poète du maintien :

Une nuit en Acadie, Kate Chopin (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 30 Juin 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Nouvelles, Editions des Syrtes

Une nuit en Acadie, Ed. des Syrtes, trad. américain, Marie-Claude Peugeot, 152 pages, 15 € . Ecrivain(s): Kate Chopin Edition: Editions des Syrtes

 

Comme une série de tableaux vivants, la trop rare Kate Chopin, brillant météore de la littérature créole du Sud des États-Unis, nous décline des scènes de la vie acadienne, à la manière d’un opéra ancien de Monteverdi ou Purcell. C’est un monde disparu qui prend ainsi vie sous nos yeux, disparu dans le temps, les modes de vie, les structures sociales. Disparu littérairement aussi, par cette langue anglaise parsemée largement de français, et dont la forme générale est largement inspirée du style de Flaubert ou de Maupassant. Kate Chopin a hésité entre les deux langues pour chacune de ses œuvres et a finalement opté pour l’anglais où, peut-être, elle se sentait plus à l’aise. Mais elle parlait surtout le français, comme la plupart des Acadiens de la fin du XIXème siècle.

Il ne faut pas se tromper sur le terme de Créole. Il n’a aucun rapport avec ce que nous nommons les Créoles aux Antilles aujourd’hui. Il s’agit plutôt de grands bourgeois immigrés au Sud des USA, Français pour l’essentiel, et qui vont constituer une classe sociale et un mode de vie à part, élégants, cultivés, souvent prétentieux et arrivistes. Nombre d’entre eux se piquent de littérature – surtout française – et Flaubert, Balzac, Lamartine et Maupassant peuplent les rayons des bibliothèques « nobles ».

Ella Fitzgerald, Il était une voix en Amérique, Steven Jezo-Vannier (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Mercredi, 30 Juin 2021. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Biographie, La rentrée littéraire, Le Mot et le Reste

Ella Fitzgerald, Il était une voix en Amérique, Steven Jezo-Vannier, mai 2021, 367 pages, 24 euros Edition: Le Mot et le Reste

Beaucoup a été dit et écrit sur Ella Fitzgerald. Un livre de plus pourrait-on dire, quel intérêt… Pourtant, intérêt il y a pour qui s’intéresse à la musique, aux mouvements sociaux qu’elle a traduits en créant des courants et des genres musicaux ; et pour qui s’intéresse aux musiciens, l’intérêt ici réside dans le détail d’une vie que « hasard et nécessité » ont vouée à la musique. The first lady of song avait une tessiture exceptionnelle qui lui a permis d’exercer son art dans le jazz, mais aussi le swing, le bebop, avec les plus grands musiciens (la photo de couverture de 1947 la montre en compagnie de Dizzy Gillespie et de Ray Brown), le blues, le rythm and blues et le gospel. Ella Fitzgerald ne s’est jamais laissé enfermer dans un style. Elle n’accorde pas plus d’importance aux frontières artistiques qu’elle n’admet de barrières culturelles, sociales ou raciales. Elle chante pour tout le monde, riche ou pauvre, Noir ou Blanc. A ses yeux, la musique, comme le public, ne doit souffrir d’aucune ségrégation. La musique n’a pas de couleur dira-t-elle en 1963. Des styles musicaux différents donc, qui traduisent aussi son engagement. « Ella était là bien avant le black power, les protest song et la révolution rock. Son truc à elle, c’est le soft power. Elle utilise l’essence universelle de la musique et son pouvoir fédérateur pour abattre les murs ».