Dans un texte surprenant ou déconcertant en raison de sa forme hybride, Abattoirs de Chicago, Le monde humain, Jacques Damade développe une vision personnelle de l’organisation de nos sociétés contemporaines. Il est difficile de classer ce livre parmi les genres habituels. On pourrait simplement affirmer, comme cela a déjà été dit, qu’il s’agit d’une écriture « bizarre ».
Le titre de l’ouvrage, Abattoirs de Chicago, et le sous-titre, Le monde humain, sont choisis à dessein : il s’agit d’alerter le lecteur, qui découvre peu à peu un système « qui aboutit au monde capitaliste industrialisé, où l’homme finit par devenir non plus un être pensant mais une machine à produire et à consommer ».
Tentons de suivre l’auteur dans sa démonstration. Tout commence dans la vaste plaine du Middle West. En à peine un siècle, « un saut brutal » fait passer l’homme d’« un pays de cocagne, un état quasi primitif » à une mécanisation toute puissante qui va bouleverser la conception même de la condition humaine.