Histoire de la littérature récente tome I, Olivier Cadiot
Histoire de la littérature récente tome I, octobre 2017, 160 pages, 6,60 €
Ecrivain(s): Olivier Cadiot Edition: P.O.L
En 2007, dans Désenchantement de la littérature (Gallimard), puis en 2012 dans L’Enfer du roman (Gallimard), l’éditeur, romancier et essayiste polémiste Richard Millet annonçait, de manière quasi apocalyptique, le déclin – voire même la mort – de notre langue, de notre culture et de notre littérature.
Quelques dix années plus tard, Olivier Cadiot entend et écoute les sempiternelles jérémiades des « pleureuses ». « Cette histoire de déclin, note-t-il, ce sont aussi les gens qu’on aime qui nous l’ont soufflée à l’oreille. Des êtres merveilleux, des penseurs, à la fois rigoureux et fantaisistes. Il n’y a plus rien à transmettre, nous disent-ils ; nous ne pouvons plus faire d’expériences. Nous voilà noyés dans le récent éternel, sans les lumières du passé qui viennent éclairer une face inconnue de la maison que vous habitez. Bref, on nous a expliqué qu’on était morts ». Morts ? Vraiment ? Pourquoi ne pas y aller voir de plus près ?
Histoire de la littérature récente est une histoire pour le moins étonnante, « une histoire sans dates et sans noms », un livre de (mauvais) conseils à tous ceux qui voudraient se jeter dans l’arène littéraire, un recueil de réflexions plus ou moins ironiques, souvent amusantes parfois sarcastiques, qui en disent toujours beaucoup sur ce qu’est la littérature et sur ce qu’elle n’est pas, sur ses réussites et sur ses échecs. Plus qu’une histoire, il s’agit d’une (vraie-fausse) « enquête », menée tour à tour auprès des « gens du métier », du professeur Y, des collectionneurs de livres, des lecteurs, des écrivains…, enquête qui ne vise en aucun cas à circonscrire son objet, à l’enfermer dans des repères qui seraient ceux des « spécialistes », mais à démonter les topoï, à railler les écoles ou les modes qui jalonnent l’espace littéraire… Il y en a pour tous les goûts. Pas de jaloux, chacun en prendra pour son grade.
En fait, plus qu’un traité, Olivier Cadiot nous propose une formidable « nébuleuse » à l’intérieur de laquelle on ne sait où il se trouve ni où on se trouve nous-mêmes. Peu importe, à vrai dire. La perte est délicieuse et on retombe finalement sur nos pattes : « Ne me dites pas qu’elle a disparu, elle est partout de nouveau, elle revient en force. La grande, la classique, la sublime : la Littérature. Vous ne la voyez plus – elle est sous vos yeux ».
CQFD.
Arnaud Genon
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