Identification

Essais

Ainsi parlait Colette, Gérard Pfister (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 28 Mars 2025. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Arfuyen

Ainsi parlait Colette, Gérard Pfister, Arfuyen, janvier 2025, Dits et maximes de vie choisis, 192 pages, 14 € . Ecrivain(s): Colette Edition: Arfuyen

 

Colette Willy

Sidonie-Gabrielle Colette, née le 28 janvier 1873 à Saint-Sauveur-en-Puisaye (Yonne), morte le 3 août 1954 à Paris, est la deuxième femme à être élue membre de l’Académie Goncourt en 1945, elle en devient la Présidente entre 1949 et 1954, et la première femme en France à recevoir des funérailles nationales.

Les écrits de Colette ont souvent concerné les jeunes filles et les femmes, le lectorat féminin. Pour ma part, je lisais la grande auteure depuis l’enfance et y retrouvais une certaine connivence de forme et de fond avec mes impressions de jeune lectrice féministe. Dans sa préface, à ce propos, Gérard Pfister relève une phrase adressée aux femmes : « Ô lutteuses ! C’est de lutter que vous restez jeunes ». Dans ces extraits de l’œuvre de Colette, la nature, dont elle explorait les mystères et les changements, qu’elle savourait en bourguignonne (roulant terriblement les r), occupe une place importante, ainsi que la série des Claudine qui l’a rendue célèbre, l’amour qu’elle portait aux animaux, des aphorismes et de la morale.

L’étreinte Amicale, Marie de Gournay et Michel de Montaigne, Claire Tencin (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 13 Mars 2025. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie

L’étreinte Amicale, Marie de Gournay et Michel de Montaigne, Claire Tencin, Editions Infimes, janvier 2025, 200 pages, 15 € . Ecrivain(s): Claire Tencin

Claire Tencin remet ici en lumière la vie de Marie de Gournay, une femme d’exception, une femme de lettres à l’œuvre quelque peu injustement occultée, autrice de Egalité des hommes et des femmes, un traité d’une grande audace publié au début du XVIIe siècle, à une époque où une femme déterminée à se consacrer aux études et à l’écriture littéraires était immanquablement la cible de gausseries, de mépris, d’ostracisation de la part des écrivains mâles, voire des dames de la haute s’intéressant un tant soit peu à la littérature…

Cette biographie détaillée, documentée, émaillée de références bibliographiques, de citations, d’extraits, met principalement en exergue le rôle de Marie de Gournay dans la rédaction définitive des Essais de Montaigne, et rapporte les efforts incessants, obstinés, voire acharnés qu’elle n’a eu de cesse, durant toute sa vie, de les faire connaître, de les corriger, de les annoter, de les classer, de les préfacer, de les faire apprécier, de les défendre envers et contre tout, de les faire éditer et rééditer par devant et pour les lettrés de son époque, du vivant de l’auteur et de manière posthume jusqu’à sa propre mort.

Le français, parlons-en !, Boualem Sansal (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 11 Mars 2025. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Le français, parlons-en !, Boualem Sansal, Éditions du Cerf, septembre 2024, 188 pages, 19 € . Ecrivain(s): Boualem Sansal

 

Quoi que l’avenir tienne en réserve, Le français, parlons-en ! aura été le dernier livre publié par Boualem Sansal avant son incarcération dans les geôles de la dictature algérienne, le 16 novembre 2024 – début d’un long cauchemar. Il est difficile de dire si cette déclaration d’amour à la langue française, doublée de flèches acérées lancées à l’Algérie (« qui, de son propre chef et héroïquement, s’est jetée dans la gueule du néant grâce à quatre programmes rondement menés par son gouvernement : l’arabisation importée d’Égypte, l’islamisation importée d’Arabie, la militarisation importée d’Irak, la politique spectacle importée de Bollywood et Disneyland », p.43 ; « Les pays qui n’ont pas de langues ou qui ont trahi la leur n’ont pas d’avenir. Le pouvoir algérien l’ignorait car à sa naissance, prématurée et illégitime, durant l’été 1962, il lui manquait une moitié de cerveau » p.127), a joué ou non un rôle dans ce sinistre engrenage judiciaire, mais elle n’a certainement pas été considérée comme une circonstance atténuante. On ne saurait cependant réduire – ce que firent probablement les hiérarques algériens – ce livre à une charge, si justifiée soit-elle, contre le pays natal de l’auteur.

Sortir du travail qui ne paie plus, Antoine Foucher (par Shaun Lévy)

Ecrit par Shaun Lévy , le Jeudi, 20 Février 2025. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, En Vitrine, Editions de l'Aube, Cette semaine

Sortir du travail qui ne paie plus, Antoine Foucher, Éditions de L’Aube, août 2024, 138 pages, 17 € Edition: Editions de l'Aube

 

Dans un contexte où le rapport au travail est profondément questionné, Antoine Foucher, ancien directeur de cabinet au Ministère du Travail, signe avec Sortir du travail qui ne paie plus un essai ambitieux et éclairant. À travers une analyse rigoureuse, l’auteur s’attaque à des problématiques majeures : pourquoi le travail semble-t-il aujourd’hui moins gratifiant sur le plan financier et symbolique ? Et comment redonner au travail une place centrale dans la société française ?

Dès les premières pages, Foucher capte l’attention par un diagnostic limpide et documenté. À ses yeux, la dévalorisation du travail trouve ses racines dans plusieurs facteurs : la désindustrialisation, qui a appauvri les territoires et détruit des emplois bien rémunérés, une polarisation croissante des métiers concentrant d’un côté des emplois très qualifiés et de l’autre des emplois peu qualifiés et un système d’aides sociales qui, bien qu’essentiel, peut parfois dissuader de reprendre un emploi. L’auteur n’hésite pas à pointer les incohérences de ces dispositifs, tout en rappelant leur importance pour les plus précaires. Ce positionnement équilibré renforce la crédibilité de son analyse.

Philosophie féline, Les Chats et le sens de l’existence, John Gray (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 18 Février 2025. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Rivages poche

Philosophie féline, Les Chats et le sens de l’existence, John Gray, Rivages Poche Petite Bibliothèque, mai 2024, trad. anglais USA, Fanny Quément, 128 pages, 8,80 € Edition: Rivages poche

« Les chats sont heureux en étant eux-mêmes, tandis que les humains essaient d’être heureux en s’échappant d’eux-mêmes ». À partir de ce simple constat, John Gray propose un bref essai non dénué d’humour et de légèreté qu’on pourrait qualifier de traité d’anti-philosophie. En effet, quatre des cinq chapitres de Philosophie féline, à partir d’une observation relative au chat, sa façon d’être au monde, se transforment en critiques plutôt fines des courants centraux de la pensée occidentale, quelques rares penseurs (dont Montaigne et Spinoza) semblant trouver grâce aux yeux de Gray. Ainsi, dans le chapitre intitulé Pourquoi les chats n’ont aucun mal à être heureux, dont est extraite la phrase ci-dessus, l’auteur évoque la façon dont les philosophes ont traité du bonheur, montrant la limite effective de leur réflexion, celle de Marc Aurèle par exemple :

« Pour Marc Aurèle, la raison requiert une abdication volontaire de la volonté. Il en résulte une funèbre célébration de l’endurance et de la résignation. Le philosophe-empereur rêverait d’être une statue figée dans le silence d’un mausolée romain. Mais la vie le ramène à la réalité, l’obligeant à reprendre tout le tissage de son voile philosophique ».