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Essais

Je lisais, ne vous déplaise, Thomas A. Ravier (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 28 Novembre 2024. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Tinbad

Je lisais, ne vous déplaise, Thomas A. Ravier, Tinbad, Essai, septembre 2024, 264 pages, 23 € . Ecrivain(s): Thomas A. Ravier Edition: Tinbad

 

« Colette écrit : “une fleur”… et voilà la fleur présente ; elle écrit le mot “rose”… et il y a une odeur ; le mot “soleil” chauffe ; le mot “pluie” mouille. Et le reste est divagation nihiliste » (Colette la prédatrice, Je lisais, ne vous déplaise).

« Danser sur la bibliothèque comme sur le fil divin du temps, tel est notre glorieux chef d’œuvre. Le style, c’est l’homme qui a trouvé le passage » (Proust Party, Je lisais, ne vous déplaise).

Au rugby, lorsque l’on marque un essai, il convient de le transformer, le ballon passe alors des mains aux pieds, de la ligne à entre les poteaux, de la terre au ciel ; en ailier ailé, Thomas A. Ravier, de débordements en esquives, réussit à faire de Je lisais, ne vous déplaise, un essai romanesque, un roman soumis à l’éblouissement et à la transformation de l’essai. Ce festin littéraire convie ses écrivains, qui ont belle allure, il y a Colette vibrante qui fait ronronner le français de plaisir, qui a la main verte quand elle écrit, la main du bonheur.

Des Iraniennes, Femme, vie, liberté, 1979-2024, Collectif (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 21 Novembre 2024. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

Des Iraniennes, Femme, vie, liberté, 1979-2024, Collectif, éditions Des femmes, Antoinette Fouque, septembre 2024, 304 pages, 25 € Edition: Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

 

De la lutte des femmes iraniennes

Des Iraniennes, Femme, vie, liberté, 1979-2024 est un ouvrage édité sous la responsabilité de Sylvina Boissonnas, Catherine Guyot, Élisabeth Nicoli, Christine Villeneuve du MLF-Psychanalyse et Politique, de l’Alliance des femmes pour la démocratie et de sa cofondatrice Antoinette Fouque, avec la collaboration de militantes iraniennes du mouvement Femme, vie, liberté.

Ce livre a le mérite d’analyser du point de vue des femmes la situation politique et sociale de l’Iran, l’apport des Iraniennes aux grandes manifestations qui se sont déroulées dans leur pays et la répression féroce dont elles ont été victimes.

Ces femmes iraniennes ont pris part depuis longtemps aux luttes nationales pour dénoncer la pauvreté, l’analphabétisme, le colonialisme et les inégalités de genre, ainsi que l’instrumentalisation les discriminant comme sujets à part entière.

Comme celui qui voit, Essai sur Dante, Jean-Charles Vegliante (par Valérie T. Bravaccio)

Ecrit par Valérie T. Bravaccio , le Jeudi, 21 Novembre 2024. , dans Essais, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Comme celui qui voit, Essai sur Dante, Jean-Charles Vegliante, Editions Tarabuste, octobre 2024, 156 pages, 16 €

 

Dans le site Tarabuste, on peut lire que cette nouveauté éditoriale se réfère directement à Dante, « prénom célèbre dans le monde entier » (1), mais pas toujours lu. En effet, le sous-titre, Essai sur Dante, sert à diriger le lecteur vers l’œuvre de Dante Alighieri, et plus précisément au vers 58 du chant XXXIII du Paradis, troisième tome de La Commedia : « Qual è colüi che sognando vede », traduit par Vegliante en : « Comme est celui qui voit en rêvant […] » (2).

Puis l’éditeur précise que le long parcours de Dante, enfer-purgatoire-paradis, est particulier car il suit « la force du désir qui entraîne, persiste et pourrait être son ultime garant de vérité » (3). Il met en exergue la « force du désir », l’élan créatif du poète, la puissance de l’invention littéraire qui va l’aider à retrouver sa muse Beatrice, morte très jeune. Cette force du désir est d’ailleurs illustrée dès l’ouverture de l’Essai où l’on peut voir une illustration de Odilon Redon datant de 1914, représentant Dante et Béatrice réunis (une situation qui n’a jamais eu lieu dans la réalité) (4).

La Petite Fille dans la forêt des contes, Pierre Péju (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Mardi, 19 Novembre 2024. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Robert Laffont, Contes

La Petite Fille dans la forêt des contes, Pierre Péju, Robert Laffont, 2018, 296 pages, 21,50 € . Ecrivain(s): Pierre Péju Edition: Robert Laffont

Cinq ans après la publication de Psychanalyse des contes de fées, Pierre Péju élabore en quelque sorte une réponse à Bruno Bettelheim à travers la voix de cette Petite fille dans la forêt des contes : on ne peut pas parler ici d’ouvrage foncièrement théorique, mais plutôt du prolongement d’une réflexion initiale, déjà riche, sur les contes traditionnels. Sans vraiment réfuter l’interprétation qu’en fait Bettelheim, interprétation qui se base essentiellement sur les travaux psychanalytiques de Freud, Péju en propose un élargissement, et avertit aussi des maladresses très dommageables qui pourraient nous revenir si l’on faisait du livre de Bettelheim une vérité établie.

Conduit par le célèbre personnage du joueur de flûte de Hameln qui, grâce à son génie musical, emmène à sa suite tous les enfants d’un village vers un endroit dont on ne saura jamais rien, Pierre Péju se penche sur la figure de la petite fille (mais pas uniquement) et accorde une certaine place aux contes allemands de l’époque romantique : Hoffmann et Grimm sont les noms les plus connus en France, mais l’auteur réserve un éclairage égal à la richesse des contes de Ludwig Tieck, Achim d’Arnim ou Clemens Brentano.

Sur un article du Fremden-Blatt (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Mercredi, 13 Novembre 2024. , dans Essais, Les Livres, La Une Livres

 

La pudeur des biographes et des historiens de la littérature est émouvante. On en a la preuve avec le quasi silence des spécialistes de Rimbaud sur ses possibles aventures « homosexuelles » (qu’on m’autorise l’anachronisme lexical – hasardeux mais indispensable) après son renoncement à la poésie. Une idée trop communément admise, c’est que sa relation avec Verlaine n’aura été pour lui qu’une parenthèse, une expérience, voire une déviation sans adhésion intime participant à l’entreprise du « dérèglement des sens » et qu’il se sera contenté ensuite des plaisirs permis par les bonnes mœurs et les lois de l’époque, ce que démentent sa brève liaison avec Germain Nouveau, avec qui il a partagé un appartement à Londres, 178, Stamford Street, de mars à avril 1874, et les allusions cryptées de nombreux poèmes : Ô saisons ô châteaux ; « Délires I ; Parade ; Aube ; Vagabonds ; Bottom ; par exemple.