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Essais

Le Zen dans l’Art de l’Ecriture, Ray Bradbury

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Mardi, 17 Janvier 2017. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA

Le Zen dans l’Art de l’Ecriture, Editions Antigone 14, novembre 2016, 208 pages, 16 € . Ecrivain(s): Ray Bradbury

 

Voici un ouvrage comme on en peut lire concernant l’art d’écrire et l’imagination créatrice. Ici, c’est Ray Bradbury, auteur de Fahrenheit 451 et des Chroniques martiennes qui nous livre avec beaucoup d’humour, d’énergie et de passion son rapport à l’écriture. Quelle excellente idée ont eu là les Editions Antigone 14 en publiant cet ensemble !

Si on y retrouve à peu près les mêmes conseils donnés par d’autres écrivains – on pense à Stephen King ou Rosa Montero (avec son livre La folle du logis) par exemple – c’est toujours un régal que d’entrer dans l’intimité d’un écrivain d’imagination, d’autant que Ray Bradbury n’a aucune retenue pour nous parler de sa vie et de son écriture qui sont intimement liées et nous donner ses conseils. « Vous devez bondir, installer votre plongeoir et sautez tête la première dans votre machine à écrire ». Une seule vérité commune et valable pour tous, nous recelons tous des trésors, enfouis au fond de nous, « vous êtes un puits profond alors reculez-vous et criez, faites-y résonner votre voix, et vous resterez ébahi par l’explosion de révélations que vous sentirez gronder en vous ».

Un désir d’humain « Les love doll au Japon », Agnès Giard

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Lundi, 16 Janvier 2017. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Les Belles Lettres

Un désir d’humain « Les love doll au Japon », août 2016 (Prix Sade 2016), 376 pages, 25,90 € . Ecrivain(s): Agnès Giard Edition: Les Belles Lettres

 

Agnès Giard est une jeune chercheuse qui explore le monde le l’éros et plus particulièrement son développement dans certaines marges (parfois très larges) de la culture nippone. Dans son dernier livre, elle s’intéresse aux « love doll » japonaises, présentées par leurs fabricants et selon une « belle » tartufferie non comme objets (de luxe) sexuels mais en tant que « filles à marier ». De fait elles deviennent, et si l’on peut dire, le cache-sexe de la misère sexuelle et de la solitude. Visage absent, corps édulcoré cette poupée-ustensile de grandeur nature fluidifie le manque par approximation.

Souvent ces poupées sont façonnées avec les yeux à demi-fermés. C’est la cas de celle nommée « Madoromi » et que l’auteure définit ainsi : « une jeune fille au bord de la narcose, commercialisée par la firme Level sur le modèle de la Pieta ». Agnès Giard a d’ailleurs interviewé son créateur, Sugawara. Il se dit inspiré par les Vierges de la Renaissance italienne et leur pureté. Le créateur précise : « les hommes veulent préserver l’innocence de la poupée. Elle possède quelque chose qu’il faut protéger : une histoire d’amour inavouée, un secret lourd à porter, un cœur brisé… (…) Au client d’imaginer ce qui rend la poupée si mélancolique ».

Des livres mouillés par la mer, Pensées simples III, Gérard Macé

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Vendredi, 13 Janvier 2017. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard

Des livres mouillés par la mer, Pensées simples III, novembre 2016, 144 pages, 19 € . Ecrivain(s): Gérard Macé Edition: Gallimard

Les livres autour de moi, mémoire et carapace, forment un « exosquelette »

 

Avec ce troisième volume de ses Pensées simples, intitulé Des livres mouillés par la mer, Gérard Macé nous invite à une promenade méditative faite de fragments d’histoires, contes, mythes et légendes, occasion d’évoquer la langue poétique, la littérature mais aussi comme il est d’usage dans les ouvrages composés de notes, son rapport au monde, à l’Histoire avant même les histoires.

Faisant suite à deux autres tomes, il commence par le chapitre VII.

A quoi reconnaît-on une langue ? se demandait Darwin en imitant les habitants de la Terre de feu… Les enfants sont capables d’inventer une langue imaginaire… Wilde ne sait pas autrement penser qu’en contes, et Gide ne nous rappelle-t-il pas que la pensée ne se résume pas au langage mais qu’elle doit trouver une forme ? « Rien ne sert de parler de sirènes et de licornes si personne ne vous croit, rien ne sert de raconter une histoire vraie si elle paraît invraisemblable ». Les histoires comme les licornes ne sont intéressantes que parce qu’elles n’existent pas… « Personne ne se serait vanté d’avoir rencontré le diable si on avait pu le voir ».

Le Titanic fera naufrage, Pierre Bayard

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Jeudi, 12 Janvier 2017. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Les éditions de Minuit

Le Titanic fera naufrage, octobre 2016, 176 pages, 16,50 € . Ecrivain(s): Pierre Bayard Edition: Les éditions de Minuit

 

Dans quelle mesure les écrivains et les artistes bénéficient-ils d’un talent particulier qui leur permettrait de prévoir l’avenir et de le retranscrire dans leurs écrits ou productions artistiques ?

La thèse de l’ouvrage de Pierre Bayard s’inscrit dans cette problématique que l’on peut caractériser d’intégrationniste (c’est-à-dire qui envisage des relations possibles entre le monde réel et le monde créé par la fiction), en se situant entre deux avis opposés, celui des coïncidences que défend Gérald Bronner, plutôt ségrégationniste en ce qu’il ne perçoit pas de relation de causalité entre les écrits fictionnels et les événements réels, et celui de la précognition, que soutient Bertrand Méheust, et duquel Bayard se rapproche.

Contrairement à Cassandre, à qui « les dieux avaient donné […] le don de prophétie, en la privant de la capacité d’être entendue », le pouvoir prédictif des écrivains a un impact politique fort, dans la mesure où il permet aux hommes sinon de modifier l’avenir, du moins de mieux s’y préparer.

Éloge de l’érection, suivi de Lycaon, apologie du désir, Barbara Polla, Dimitris Dimitriadis

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Lundi, 09 Janvier 2017. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Éloge de l’érection, suivi de Lycaon, apologie du désir, Dimitris Dimitriadis, Le Bord de l’Eau, Coll. La Muette, novembre 2016, trad. Michel Volkovitch, 160 pages, 20 € . Ecrivain(s): Barbara Polla

Barbara Polla propose à travers l’œuvre de Dimitris Dimitriadis une apologie d’un gai savoir. La figure du phallus y est moins totem que source de vie et initiatrice de toutes les créations et plus précisément autour d’une scène : la Grèce qui n’est plus seulement antique. L’érection est envisagée ici comme le contraire de la dépression. Elle est un état intérieur général de création. Les Grecs l’ont prouvé jadis et, écrit Dimitriadis, « ils y parviendront encore, j’en suis persuadé, dans la situation actuelle ».

Comme l’être, toute société abattue se relève et s’érige par l’engagement dans la pensée, la culture, la politique et l’art. Et Dimitriadis de préciser encore : « Tout acte créateur est par conséquent fondamentalement politique ». Mais pas seulement : pour preuve l’écologie architecturale. Le « construire haut » n’a rien d’une aberration écologique : elle est le seul espoir d’un développement durable. Manhattan est un modèle en termes de surface et d’énergie consommée. Et plus généralement, tout art est érection d’un point de vue non pas « créateur » mais « instaurateur » de ce qui érige, de ce qui s’érige.