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Essais

La passion des écrivains, Rencontres & portraits, Josyane Savigneau

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Lundi, 14 Novembre 2016. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard

La passion des écrivains, Rencontres & portraits, octobre 2016, 264 pages, 21 € . Ecrivain(s): Josyane Savigneau Edition: Gallimard

Josyane Savigneau, dont on a lu dans les années 1990 et 2000 tant et tant de critiques littéraires dans Le Monde des Livres, publie ici une sélection de ses portraits d’écrivains parus dans ce journal, dont elle fut l’une des plumes. De fait, il s’agit plutôt d’une promenade amicale et empreinte d’admiration auprès d’écrivains et d’éditeurs, d’une femme de théâtre et d’un marchand d’art également, côtoyés, admirés ou chéris, tous respectés à un titre ou à un autre, du moins au moment où les articles ont été écrits, car Josyane Savigneau rappelle de temps à autre que « la vie n’est pas morale ».

Parmi ce florilège de personnalités littéraires, on trouve Patricia Highsmith, William Styron, Françoise Giroud, Salman Rushdie, Toni Morrison, Guy Schoeller, Jean d’Ormesson, Edmonde Charles-Roux, Jérôme Lindon, Claude Durand, Pierre Bergé, Françoise Sagan, Doris Lessing, Simone de Beauvoir, Régine Deforges, Joyce Carol Oates – des auteurs français ou anglophones, beaucoup d’auteures féministes, des éditeurs qui ont compté dans le paysage éditorial français. Les rencontres et portraits interviennent souvent à la fin de la vie des auteurs, ce qui rend les textes d’autant plus riches, plus essentiels.

Parce que les choses peuvent être différentes…, Manuela Carmena

Ecrit par Marc Ossorguine , le Jeudi, 10 Novembre 2016. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Espagne, Editions Indigène

Parce que les choses peuvent être différentes… (Por qué las cosas pueden ser diferentes), septembre 2016, trad. espagnol Delphine Vinck, 160 p. 14 € . Ecrivain(s): Manuela Carmena Edition: Editions Indigène

 

Il y a quelques mois, en mai 2015, pour être précis, Manuela Carmena enlevait la mairie de Madrid tenue par le Partido Popular depuis 1991, portée par une liste d’ouverture de gauche, Ahora Madrid, proche de Podemos. Une élection qui, concomitante de celle d’Ada Calau à la mairie de Barcelone, semblait marquer l’espoir d’une autre politique dans une Espagne épuisée par la crise, les scandales et la corruption de nombre de politiques. De cet engagement, de cette façon de penser et faire de la politique, ce court livre témoigne avec une sincérité, une énergie et une conviction stimulantes, voire communicatives, qui font du bien.

Juge qui a été amenée à occuper les plus hautes fonctions au sein de la justice espagnole, Manuela Carmena revendique d’abord la nécessité de la compétence lorsque l’on prétend gérer les affaires publiques et non l’attachement idéologique, ou plutôt partisan, l’appartenance et la fidélité à un appareil, voire à ses seuls dirigeants. L’entretien des amitiés (même intéressées) pouvant devenir la seule vraie compétence des candidat-e-s ainsi désigné-e-s.

Eclats éphémères, Christophe Vallée

Ecrit par Patryck Froissart , le Mardi, 01 Novembre 2016. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Ipagination

Eclats éphémères, mai 2016, 111 pages, 12,90 € . Ecrivain(s): Christophe Vallée Edition: Ipagination

 

Cet ouvrage du philosophe Christophe Vallée inaugure la collection Savoirs que lancent les Editions iPagination et qui vient compléter une palette déjà riche de genres littéraires (romans d’amour, nouvelles, poésie, polar, science-fiction, fantastique…).

L’ouvrage se présente comme une compilation de quarante courts articles développant chacun une notion, comme une sorte de dictionnaire philosophique comportant quarante entrées. On peut considérer les deux premières entrées (Le signe et La philosophie), comme une association de concepts formant la clé qui ouvre les textes qui suivent.

Christophe Vallée, en effet, dans chacun des articles, part du signe, de cette part du signe qui constitue le signifiant, pour cheminer, par le canal d’un discours philosophique qu’on peut tenir pour clair et éclairant, tant pour les familiers du genre que pour les néophytes, vers le signifié, ou plutôt vers un possible signifié. En ce sens, l’auteur se présente comme un lampadophore qui guide le lecteur consentant vers une lumière, ou vers des lumières, vers une vérité qui n’est toutefois jamais affirmée comme étant LA vérité.

La beauté du monde La littérature et les arts, Jean Starobinski (2nde critique)

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Samedi, 29 Octobre 2016. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard, Arts

La beauté du monde La littérature et les arts, édition de Martin Rueff, juin 2016, 1344 pages, 30 € . Ecrivain(s): Jean Starobinski Edition: Gallimard

 

Une centaine d’études, où brille une « exigence de clarté et de partage », composées sur plus de soixante ans et ayant trait aux arts. La littérature, d’abord : Baudelaire, Bonnefoy, Celan, Char, Jaccottet, Jouve, Kafka, Mallarmé, Valéry… Mais aussi les arts de l’œil : Balthus, Füssli, Goya, Michaux, Ostovani, Sima, Van Gogh… Mais aussi les arts de l’oreille : Mahler, Monteverdi, Mozart…

Si ces études se trouvent rassemblées sous le titre La beauté du monde, c’est parce que « la littérature et les arts répondent à la beauté du monde et le critique, premier lecteur, spectateur et auditeur, célèbre la réponse de ceux-là pour chanter celle-ci » (Martin Rueff).

Répondre… Ainsi que le constate Marsile Ficin dans son commentaire sur le Banquet de Platon (V, 2), « le mot grec kallos signifie en latin beauté. La beauté est donc cette grâce elle-même de la vertu, de la figure ou de la voix qui appelle et attire l’âme vers elle – ad se vocat et rapit ».

L’Impossible Exil. Stefan Zweig et la Fin du Monde, George Prochnik

Ecrit par Didier Smal , le Vendredi, 28 Octobre 2016. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, Grasset

L’Impossible Exil. Stefan Zweig et la Fin du Monde, septembre 2016, trad. anglais (USA) Cécile Dutheil de la Rochère, 448 pages, 23 € . Ecrivain(s): George Prochnik Edition: Grasset

Sous-titré Stefan Zweig et la Fin du Monde, L’Impossible Exil tient à la fois de l’essai, d’une mise en scène de l’auteur et de la biographie : George Prochnik, professeur de littérature anglaise et américaine à la Hebrew University of Jerusalem, entremêle au fil des pages des considérations sur l’exil, son expérience propre (ainsi que celle de sa famille, son père ayant fui le régime nazi à son arrivée en Autriche) et narration de la vie de Stefan Zweig (1881-1942). En quelque quatre cents pages, Prochnik tente de pénétrer l’esprit de l’auteur du Monde d’Hier, cette élégie à un monde culturellement riche et cosmopolite que Zweig vit disparaître à l’avènement du régime nazi, durant ses années d’exil, à partir de 1934. Prochnik suit les traces de l’exilé, entre Vienne, les Etats-Unis, le Brésil et le Comté de Westchester, visitant des maisons, rencontrant des témoins ; il le suit aussi au travers de sa correspondance avec ses amis européens et américains ; il le suit de même en citant ou en paraphrasant abondamment Le Monde d’Hier, l’œuvre testamentaire de Zweig, définitivement un des plus beaux livres du vingtième siècle ; il le suit enfin tel un détective privé, allant jusqu’à tâcher de retirer du sens de son suicide, de la mise en scène de celui-ci, photos à l’appui.