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Essais

Deviens ce que tu es, Pour une vie philosophique, Dorian Astor

Ecrit par Guy Donikian , le Vendredi, 28 Octobre 2016. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Autrement

Deviens ce que tu es, Pour une vie philosophique, septembre 2016, 161 pages, 14,90 € . Ecrivain(s): Dorian Astor Edition: Autrement

 

Chacun connaît cette injonction célèbre « deviens ce que tu es », et chacun l’attribue généralement à Nietzsche. C’est pourtant le poète grec Pindare qui l’écrivit il y a vingt cinq siècles, et elle fut reprise et commentée par Socrate, Rousseau, Deleuze, et fut le socle sur quoi le surhomme de Nietzsche devait se fonder.

Commenter cette injonction consiste tout d’abord à refaire l’histoire des commentaires qu’elle a suscités pour en saisir toute l’épaisseur acquise dans le temps, et repérer les strates accumulées d’un penseur à l’autre, d’un siècle à l’autre. Cela conduit aussi à poser la question de la connaissance de soi, car le « deviens ce que tu es » suppose qu’on ne connaisse pas ce que l’on est. Après avoir dépassé ce questionnement, avec notamment le « connais-toi toi-même », que Socrate avait fait sien et pour qui la connaissance de soi peut aboutir à la sagesse, Dorian Astor propose quelques pistes qu’il ouvre pour les refermer ; ainsi se demander ce que l’on devient en devenant ce que l’on est ne peut souffrir un juste milieu comme le disait Pascal cité par l’auteur :

Jean-Jacques Schuhl, Du dandysme en littérature, Guillaume Basquin (2nde critique)

Ecrit par Philippe Chauché , le Samedi, 22 Octobre 2016. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, La rentrée littéraire, Editions Honoré Champion

Jean-Jacques Schuhl, Du dandysme en littérature, septembre 2016, préface Philippe Forest, 200 pages, 30 € . Ecrivain(s): Guillaume Basquin Edition: Editions Honoré Champion

« C’est un styliste. Haute couture ! Vous qui aimez le prêt-à-porter, laissez tomber. Schuhl accélère jouant sans cesse avec les réminiscences du lecteur. A quelle vitesse lisez-vous ? A quelle vitesse écrivez-vous en lisant ? A quelle vitesse comprenez-vous ce que vous venez de lire ? »

Partons d’un principe, on écrit une biographie pour poursuivre son propre travail d’écrivain, son aventure romanesque, pour écrire un nouveau roman sous l’éclairage d’un écrivain complice, ou pour le moins rêvé ainsi. Les exemples ne manquent pas : La vie de Racine de François Mauriac, Francis Ponge de Philippe Sollers, Lautréamont de Marcelin Pleynet, Cours, Hölderlin ! de Jacques Teboul, Dante écrivain de Jacqueline Risset et quelques autres. Reste que pour savoir écrire une biographie, il convient de savoir lire et de savoir écrire (1), de se glisser avec légèreté dans une œuvre – sans oublier de s’y confronter, parfois même de croiser de fer –, savoir lire, pour bien savoir écrire, l’inverse est aussi nécessaire. Guillaume Basquin qui est un styliste s’est déjà attaché à l’œuvre de Jacques Henric, un autre styliste, il y a des parentés qui naissent dans les livres, qui naissent des livres, des communautés de goûts et de manières, des amitiés sélectives.

Le manteau de Proust, Lorenza Foschini

Ecrit par Philippe Leuckx , le Samedi, 22 Octobre 2016. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Italie, La Table Ronde - La Petite Vermillon

Le manteau de Proust, La Petite Vermillon, traduit de l’italien par Danièle Valin, 144 pages, 5,90 € . Ecrivain(s): Lorenza Foschini Edition: La Table Ronde - La Petite Vermillon

 

L’essai de Lorenza Foschini illustre, sans jeu de mots, un pan entier de la vie de Proust et de son cher manteau mondain. Comme il révèle l’engouement de Jacques Guérin, amateur proustien des premières heures et collectionneur de tout ce qui touche à cet univers aussi mystérieux qu’intrigant.

Ce livre, donc, n’est pas seulement une enquête minutieuse quasi ethnographique sur le destin de cette pelisse proustienne, retrouvée au Musée Carnavalet, et de tout ce qui entoure cette découverte.

A l’origine, bien sûr, il est cette relation particulière qu’un proustien, Guérin, a réussi à nouer avec la belle-sœur et légataire de Marcel Proust, Madame Robert Proust, qui, d’abord réticente, permit à Jacques Guérin de retrouver certains manuscrits et autres objets des dernières heures de l’illustre écrivain.

Cette relation découvre aussi le mépris dans lequel Marthe, la belle-sœur, tenait l’œuvre de Marcel. Elle consentit cependant à laisser filer quelques traces ; elle en perdit beaucoup, puisqu’elle brûla nombre de papiers et d’écrits.

Les poétiques de l’épopée en France au XVIIe siècle, textes choisis, présentés et annotés par Giorgetto Giorgi

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Vendredi, 21 Octobre 2016. , dans Essais, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Anthologie, Editions Honoré Champion

Les poétiques de l’épopée en France au XVIIe siècle, textes choisis, août 2016, 578 pages, 95 € . Ecrivain(s): Giorgetto Giorgi Edition: Editions Honoré Champion

L’épopée, les doctes français de la Renaissance ont voulu, du fait de leur goût profond pour l’antiquité classique, la voir revivre et l’ont placée, à la suite des théoriciens italiens, au sommet de la hiérarchie des genres. Et si ce genre a connu un « épanouissement considérable » durant le Grand Siècle, c’est également du fait de la profonde influence qu’a exercée le Tasse, lequel a « codifié le poème héroïque chrétien et illustré cette codification dans la Jérusalem libérée, dont la fortune a été remarquable, du moins jusqu’à L’Art poétique de Boileau » (qui contient une sévère condamnation de la poésie chrétienne). En s’inspirant de la Jérusalem libérée, bien des théoriciens et/ou poètes ont donné une interprétation allégorique du récit épique, le but de l’épopée, selon la quasi-totalité des poétologues du Grand Siècle, étant « d’instruire et d’édifier ».

Ainsi, il faut signaler que la riche production, en France, durant le dix-septième siècle, de poèmes héroïques (très majoritairement écrits en alexandrins à rimes plates) a été accompagnée d’une « importante réflexion poétologique sur ce genre narratif (élaborée soit par les auteurs des poèmes, soit par des théoriciens de la littérature, dont certains ont écrit en latin), sans conteste incomparablement plus vaste que celle qui a été conduite, à la même époque, dans les autres pays européens ».

La beauté du monde La littérature et les arts, Jean Starobinski

Ecrit par Marc Michiels (Le Mot et la Chose) , le Jeudi, 20 Octobre 2016. , dans Essais, Les Livres, Critiques, Livres décortiqués, La Une Livres, Gallimard

La beauté du monde La littérature et les arts, coll. Quarto, juin 2016, 1344 pages, 30 € . Ecrivain(s): Jean Starobinski Edition: Gallimard

 

« Un parcours inachevable, à travers une série indéfinie de circuits, appelant le regard critique dans une histoire qui est à la fois la sienne propre et celle de son objet : c’est là sans doute l’image de cette activité sans terme où s’engage la volonté de comprendre (…) Comprendre, c’est reconnaître que toutes les significations demeurent en suspens tant que l’on n’a pas achevé de se comprendre soi-même ».

Pour Martin Rueff (à qui nous devons cette édition parue en Quarto aux éditions Gallimard), Jean Starobinski est l’un des plus grands critiques du 20e siècle, son rapport aux Lumières n’est pas qu’un rapport d’objet. Le critique est homme des Lumières, en partageant son regard, avec la permanence dévoilée, car il fut l’un des premiers à lier l’exposition de soi à la doctrine rousseauiste de la vérité – une société du masque, une insurrection vitale où « le paraître et le mal ne font qu’un ». Starobinski exprime une « vérité absente » par le langage, tout à la fois espace d’une mise en forme de soi, mais aussi dans sa dissimulation, dans sa révélation, dans son dévoilement exprimé ; sans autre appui que l’œuvre elle-même. Ce que doit être l’objet même de la critique c’est de permettre de définir un parcours pour l’offrir à la méditation, la nôtre !