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Contes, fables et autres fictions, Fernando Pessoa

Ecrit par Philippe Leuckx 09.11.17 dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Langue portugaise, Poésie, Editions de la Différence

Contes, fables et autres fictions, janvier 2017, trad. portugais Parcidio Gonçalves, Préface Teresa Rita Lopes, 192 pages, 18,90 €

Ecrivain(s): Fernando Pessoa Edition: Editions de la Différence

Contes, fables et autres fictions, Fernando Pessoa

 

En vingt pages de préface, Teresa Rita Lopes, spécialiste pessoenne du monde étrange des 72 hétéronymes et de la fameuse « malle » aux 27.000 manuscrits, pose les enjeux, limites et intérêts de ces contes « éparpillés sur des feuilles volantes ». Pessoa rédigea, dit-elle, nombre de récits policiers, il lisait Poe, se le trouvait comme modèle à sa propre écriture.

Vingt-deux textes regroupés en six sections (Paradoxes, Fables, Horreur et mystère, Compassion, Lettres sans destinataire, Conseils) révèlent certaines qualités que les livres majeurs n’ont pas toujours montrées : une certaine qualité d’humour noir, assez british, un souci de dialogues, une intimité avec les aspects ésotériques d’un parcours bien étrange…

Bien sûr, on est assez loin ici de la splendeur mélancolique des pages sans cesse ajoutées du Livre de l’intranquillité ou des poèmes qui ont fait la réputation de l’écrivain orthonyme et de ses principaux hétéronymes.

Les proses, recueillies dans le présent volume, sont des blocs compacts, lisibles pour eux seuls, d’écritures diverses, de thématiques plurielles également.

Un dîner très original ou trente-trois pages de violence et d’horreur, jetées à la tête du lecteur (pp.81-113).

Ailleurs, Pessoa prête voix à une femme qui s’est délivrée de son « Mari », dont l’entame donne le ton :

« Maris

On s’habitue et c’est plus par routine qu’on aime que pour autre chose » (p.31).

Une pensée digne d’un « ascète » donne à L’ermite de la montagne noire l’impression constante d’une intrusion dans le cerveau de l’auteur, comme si, à l’aune de sa réflexion, nous faisions nôtres ses plus pures cogitations :

« Le savoir ? Le seul bonheur du savoir c’est l’ignorance, c’est l’inconscience de tout ce qu’on ne sait pas et qu’on ne saura jamais. Notre plaisir dans l’action vient de ce que nous ne mesurons jamais à quel point tout acte humain est radicalement limité et inutile » (p.149).

Plusieurs textes restent inachevés et découvrent combien, selon le travail de pistage, de compilation et de révélation entrepris par Teresa Rita Lopes, l’univers de Pessoa reste aussi un labyrinthe ouvert, entre indécision, mystère et offre de découvertes inédites.

 

Philippe Leuckx

 


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A propos de l'écrivain

Fernando Pessoa

 

Fernando Pessoa naît à Lisbonne le 13 juin 1888. Son frère décède lorsqu’il a cinq ans et, entre 1896 et 1905, il vit à Durban, en Afrique du Sud, où le second mari de sa mère exerce les fonctions de Consul. De retour au Portugal, il ne quitte guère Lisbonne, où il meurt le 30 novembre 1935, pauvre et méconnu du grand public, malgré son rôle incontesté de chef de file du modernisme portugais et l’importance, qualitative et quantitative, de ses collaborations aux revues littéraires de l’époque. De son vivant, Fernando Pessoa n’a publié que peu de livres ; des dizaines de volumes ont vu le jour depuis sa mort.

 

A propos du rédacteur

Philippe Leuckx

 

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Philippe Leuckx est un écrivain et critique belge né à Havay (Hainaut) le 22 décembre 1955.

 

Rédacteur

Domaines de prédilection : littérature française, italienne, portugaise, japonaise

Genres : romans, poésie, essai

Editeurs : La Table Ronde, Gallimard, Actes sud, Albin Michel, Seuil, Cherche midi, ...