Virginia court les rues de Londres comme d’autres vont à la rivière pêcher. Pour elle, tout est bon, jusqu’au menu fretin qu’elle épice, mitonne et nous sert en quelques pages savoureuses.
Exemples de goujons et d’ablettes : un bout de phrase, pris au vol, entre deux amoureux ; une maigre dispute au sein d’un vieux couple ; « deux hommes qui se concertent sous le bec de gaz [et] déchiffrent le dernier câble de Newmarket dans l’ultime édition du journal » ; les piles de livres chez un bouquiniste…
Mais elle pêche aussi au gros, et ce sont alors des tanches et des brochets qu’elle attrape au fil de ses courses londoniennes et nous sert sur des assiettes de plusieurs pages :
– L’exposition coloniale de 1924 (« Un homme fait sonner une vessie et vous presse d’entrer pour chatouiller des singes ») ;
– Un baptême de l’air (« On voyait […] des congestions routières d’un pied de long ; il fallait les traduire en onze ou douze Rolls Royce à la file ») ;