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La Une CED

Court vêtue, Marie Gauthier (par Matthieu Gosztola)

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Mardi, 20 Août 2019. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Court vêtue, Marie Gauthier, Gallimard coll. Blanche, janvier 2019, 112 pages, 12,50 €

 

Barthes prévenait déjà en 1955, dans sa « Petite sociologie du roman français contemporain »* : « [L]es œuvres de l’esprit circulent très peu : sauf exception, un roman ne voyage pas à travers les différentes couches sociales, il ne dépayse pas, il ne choque pas, et chose encore plus grave, il ne se transforme pas. En somme, le roman ne va jamais trouver que son public, c’est-à-dire le public qui lui ressemble, qui est avec lui dans un rapport étroit d’identité. C’est là un trait grave, dans la mesure où l’on peut concevoir que la fonction de la littérature est précisément de présenter aux hommes l’image vécue de l’autrui. L’œuvre idéale est toujours une œuvre étonnante, et il faut dire que le cloisonnement des publics ne peut logiquement produire que des œuvres rassurantes ». Si nombre de romans contemporains répondent à cette conception, il est, heureusement, des exceptions. Au premier rang desquelles figure, en 2019, Court vêtue.

Pierres de rêve avec paysage opposé, Michèle Métail (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 19 Août 2019. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Pierres de rêve avec paysage opposé, Michèle Métail, éditions Lanskine, avril 2019, 56 pages, 14 €

 

Réfléchir, reflets

Il m’arrive peu de différer longuement entre la lecture d’un livre auquel je me suis promis d’écrire une recension, et l’écriture à proprement dite de cette note de lecture. Ici, ce sont plus de quinze jours sur lesquels repose mon dernier regard sur ces Pierres de rêve, non pas à cause d’une sorte de paresse ou de désintérêt éprouvé pour le livre, mais à cause d’une maladie chronique qui m’a éloigné de presque tout en matière d’écrire. Je dis cela pour expliquer quand même la force qui m’a poussé à chroniquer ce livre de Michèle Métail, sorte de volonté qu’autorise cet ouvrage, facile d’accès, mais complexe dans son architecture. Je me suis donc attaché dans ces deux moments – lire et écrire – à regarder de près la fabrication du recueil, qui à droite comprend le texte, et sa version pour miroir à gauche – ce qui n’est pas une anecdote. Lecture en miroir, et lecture disons, droite, s’entraident pour donner à penser le voyage de l’autrice à Taiwan où elle a regardé de près les miroirs convexes qui articulent les paysages et les routes, comme en une sorte de miroir de Lorrain.

La bague aux 3 amours, Yvonne Leray, Loïc Collet (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Vendredi, 12 Juillet 2019. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

La bague aux 3 amours, Yvonne Leray, Loïc Collet, Les Editions Baudelaire, avril 2019, 166 pages, 14 €

 

Derrière ce titre à la fois fleur bleue et énigmatique, une bague montée d’un rubis (« à trois nervures serrées l’une contre l’autre ») offerte par un homme à une femme pour signifier, en effet, trois amours à faire (difficilement) vivre ensemble : pour le Christ, pour le prochain (pour le monde des autres, de tous les dignes et mortels), pour cet(te) autre enfin à qui l’on brûle de lier sa vie.

Un couple dans ce livre s’explique sur les raisons de s’être formé, et cherche étonnamment à juger son propre amour : fraternité partiale ? Complicité profanatrice ? Ferveur sortie de ses gonds ? On n’est pourtant pas du tout ici dans la psychologie familiale, ni la spiritualité fumeuse. On est ailleurs, depuis longtemps. Mais ailleurs dans la vie réelle, aussi bien dans la réalité de l’incompatibilité des vocations que dans le partage de la réalité des vies.

Ainsi parlait Gustave Flaubert, présentation Yves Leclair (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Jeudi, 11 Juillet 2019. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Ainsi parlait Gustave Flaubert, présentation Yves Leclair, Arfuyen, mai 2019, 166 pages, 14 €

Réfléchir avec Flaubert

J’ai découvert, à travers ce nouveau livre de la collection Ainsi parlait chez Arfuyen, un Gustave Flaubert dont je n’avais pas assez cerné le côté sombre, ni le pessimisme profond de sa nature. Je le savais « ours », mais je ne soupçonnais pas ses oscillations entre un cynisme philosophique, disons, doux, et des conceptions comme le stoïcisme ou le scepticisme, qui mettent en lumière un écrivain dégoûté de la réalité sociale et de ses conventions, presque touché par le goût de mourir. Durant cette lecture, j’ai pensé à une citation que l’on prête à Georges Sanders, l’acteur, qui avant son suicide, s’est exprimé ainsi : « Je vous abandonne à vos soucis dans cette charmante fosse d’aisance. Bon courage ». Je trouve que cette citation correspond en un sens à l’univers littéraire de Flaubert. En tous cas, à celui qu’exprime sa correspondance – qui est aussi précise et harmonieuse que l’est son œuvre romanesque, à mon sens (sans doute pas travaillée au gueuloir) –, épîtres d’une très haute tenue, notamment au sujet des idées qu’elles avancent. De cette façon j’ai vraiment rencontré « l’ours de Croisset ». Noirceur, pessimisme, mélancolie, désespoir, irritabilité, une sorte de mise en demeure d’un caractère neurasthénique, mais d’une neurasthénie intellectuelle, l’intellection d’un dépressif, qui ne subit pas le malheur et le tient en respect grâce au langage et à l’art.

Quatre saisons en enfance, Catherine de la Clergerie (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 10 Juillet 2019. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Quatre saisons en enfance, Catherine de la Clergerie, éd. Maurice Nadeau, mai 2019, 163 pages, 17 €

Candide au féminin ?

La narratrice à la première personne de ce « roman éclaté » se campe en effet comme une ingénue qui, depuis l’enfance, découvre et subit l’autre et le monde au hasard des circonstances, au gré des rencontres, au cours des transformations de son corps et de l’évolution de sa psyché.

 

Première saison : Née en 51

Candide au féminin ?

Oui et non, puisque tout au long de la première de ces quatre saisons, intitulée Née en 51, Catherine, alias Cathou, de sexe féminin pour l’état civil et l’entourage familial, agitée par des pulsions antagonistes, éprouve une sourde et puissante inclination pour les filles qu’elle fréquente, développe de la répulsion à l’encontre des garçons après qu’un « grand » a tenté de l’embrasser de force, et connaît son premier grand amour lors de vacances partagées avec son cousin Sylvain.