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La Une CED

La Styx Croisières Cie (V) Mai 2019 (par Michel Host)

Ecrit par Michel Host , le Mercredi, 19 Juin 2019. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

La porte est défoncée. Le Père Ubu et les forcenés pénètrent.

Père Ubu : – Eh ! Bougrelas, que veux-tu faire ?

Bougrelas : – Vive Dieu ! Je défendrai ma mère jusqu’à la mort ! Le premier qui fait un pas est mort.

Père Ubu : – Oh ! Bordure, j’ai peur ! Laisse-moi m’en aller.

Un soldat avance : – Rends-toi, Bougrelas !

Le jeune Bougrelas : – Tiens, voyou ! voilà ton compte ! Il lui fend le crâne.

La Reine : – Tiens bon, Bougrelas, tiens bon !

Alfred Jarry, Ubu Roi, Acte II, Sc. IV

 

Jules de Montalenvers de Phrysac, noté dans le Livre de mes Mémoires

Je te massacrerai mon cœur, Philippe Thireau (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mercredi, 19 Juin 2019. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Poésie

Je te massacrerai mon cœur, Philippe Thireau, PhB éditions, mai 2019, 46 pages, 10 €

Composés de tankas et de haïkus, ce nouveau recueil de Philippe Thireau déroule, dans le soufre/le souffle discrètement assassin d’une renaissance biographique, sept jours de re-création/de jours ad-venus, insolites et déroutants. Terriblement curieux par la douce puissance redoutable que dégage le journal/roman de « la fille non advenue », l’héroïne de Je te massacrerai mon cœur. Fille n’étant pas advenue, cette dernière apparaît dès le « 1er jour au printemps », sur le seuil du livre, dans les frasques d’un garçonnet, « nu », d’être d’entrée dépossédé d’un amour déterminant : celui d’être désiré, celui d’être attendu

« un impossible ventre toi

advenu garçon pas fille

ainsi je fus nu

n.u. nu garçon pas fille

mais fille serai second »

Révolution et mensonge, Alexandre Soljénitsyne (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 18 Juin 2019. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Révolution et mensonge, Alexandre Soljénitsyne, Fayard, octobre 2018, préface Georges Nivat, trad. russe José Johannet, Georges Philippenko, Nikita Struve, Georges Nivat, 186 pages, 20 €

 

Soljénitsyne possédait une double formation intellectuelle : d’un côté, les mathématiques et la physique ; de l’autre la philosophie et l’histoire. La littérature ne vint qu’ensuite, si l’on peut dire cela d’un Russe, peuple lettré entre tous.

Historien, Soljénitsyne eut le goût des sources, des mémoires, des chroniques, qu’il lut par centaines pour composer La Roue rouge. Un des premiers conseils que les professeurs d’histoire donnent à leurs étudiants est de fuir comme la peste le raisonnement contrefactuel (« que se serait-il passé si tel événement ne s’était pas produit ? »). Soljénitsyne, au contraire, s’y adonna avec délices. De même que l’historien, le scientifique recherche les causes des phénomènes observés, leurs influences mutuelles, leurs interactions. De même que le savant, le philosophe s’attache à l’aspect général des choses, derrière la foisonnante infinité des détails.

La séduction de la fiction, Jean-François Vernay (par Arnaud Genon)

Ecrit par Arnaud Genon , le Lundi, 17 Juin 2019. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

La séduction de la fiction, Jean-François Vernay, Hermann, mars 2019, 216 pages, 24 €

 

Fiction, mon amour…

Pourquoi, comme le remarque Jorge Luis Borges dans ses Conférences, « le livre est[-il] un des bonheurs possibles de l’homme » ? Pourquoi, selon lui encore, « la lecture est[-elle] une forme du bonheur » ? (1). C’est parce que la fiction a un pouvoir dont chaque lecteur a un jour fait l’expérience : elle nous séduit. Si l’on s’accorde aisément sur le constat, les motifs pour lesquels le charme opère restent obscurs. La raison en est que peu de travaux existent sur le sujet dans la mesure où des réticences à croiser les neurosciences et les études littéraires se faisaient sentir, alors que le champ littéraire a tout à gagner de cette « interdisciplinarité féconde qui ouvre de nouvelles perspectives et donne un nouveau souffle aux études littéraires que les déclinologues jugent moribondes et menacées d’asphyxie » (p.16).

Depuis toujours le chant, Gérard Bocholier (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 17 Juin 2019. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Depuis toujours le chant, Gérard Bocholier, Arfuyen, mai 2019, 128 pages, 13 €

 

 

Poésie-chant

En espérant limiter l’emphase de ma lecture, je dirais quand même que le dernier livre de Gérard Bocholier se compare assez à une psalmodie, comparable donc avec le chant spirituel du Livre des psaumes de David, identifiable au moins à l’environnement mystique de la représentation de la divinité dans l’aire chrétienne. C’est à une sorte de « lyrisme des neiges » si je puis imager mon propos ainsi, à quoi je rapprocherais cet acte de foi du poème, poésie qui calque à la fois un espace invisible, immatériel, et les éléments physiques du monde terrestre, et de cette manière la beauté des glaces et leur physiologie hivernale.