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La Une CED

La smart city entre autogestion citoyenne et manipulation technocratique (par Mustapha Saha)

Ecrit par Mustapha Saha , le Jeudi, 12 Septembre 2019. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

Théoriquement la smart city est une cité régie par les technologies de l’information et de la communication (TIC), qui collectent des données pour optimiser la gestion des ressources, les centrales électriques, les approvisionnements d’eau, et maximaliser les services urbains, les systèmes d’information et de signalisation, les équipements collectifs, les transports… Les agents administratifs interagissent directement avec les infrastructures en surveillant leurs performances et leur bon fonctionnement. Se combinent les infrastructures et les superstructures, la gouvernance algorithmique et l’initiative humaine, l’autorégulation machinique et l’objectivation des perspectives.

La mutation numérique s’avère encore une fois à double tranchant. Se dessinent deux options incompatibles, l’autogestion citoyenne de la vie urbaine ou sa mise sous contrôle technocratique. Le néolibéralisme tente de caractériser la smart city par ses performances dans un système de concurrence générale où les fabricants entretiennent la surenchère gadgétaire, où les nouveaux modèles d’instrumentation électronique mis sur le marché obsolétisent le précédents.

Des animaux plein la tête, par Kátia Bandeira de Mello-Gerlach

, le Jeudi, 12 Septembre 2019. , dans La Une CED, Ecriture, Nouvelles

traduit du portugais (Brésil) par Stéphane Chao

 

Dans une tour de la rue numéro cent, à un demi-métro de la place du Temps

Scène vue à travers une lunette bleue

 

Anuschka plante des graines en sachet dans un vase en argile rougeâtre et fragile ; les mains caressent la terre, accomplissant un rituel printanier en plein automne. Du balcon à la rue, il n’y a que quelques empans tortueux qu’on descend en cordée pouce après pouce. Les sourcils d’Anuschka se rapprochent lorsqu’elle produit un effort intellectuel pour imaginer les sensations que procurerait un saut vertical depuis le balcon. Les doigts d’Anuschka flagellent les racines avec des feuilles de persil et de chèvrefeuille ou tout autre produit de l’oxygène et de la photosynthèse. La naine ne démontre guère l’envie de sortir de l’appartement ou du périmètre des tours. Elle doit semer les graines et attendre la floraison.

À travers les grandes plaines, Sarah Raymond Herndon (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mercredi, 11 Septembre 2019. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

À travers les grandes plaines, Sarah Raymond Herndon, Payot, avril 2019, trad. Hélène Hinfray, 224 pages, 19 €

 

Itinéraire d’une jeune fille du Missouri

En tout premier lieu, l’exil, l’exode, la recherche du bonheur, la foi, accompagnent le grand voyage sans retour de la jeune Sarah Raymond Herndon – étant son nom d’épouse, née en 1840, décédée en 1914. À travers les grandes plaines est le récit de l’origine des peuplements, d’un périple, depuis Memphis (petite ville du Missouri) jusqu’à Virginia City dans le Montana, une traversée de l’Ouest des États-Unis d’Amérique, que qualifie ainsi l’auteure : « parce que c’est très amusant de traverser le continent ! C’est comme pique-niquer tous les jours pendant des mois ». Sarah Raymond tient un carnet intime où elle relate la vie des pionniers partis en chariots bâchés. Elle y consigne les changements imprévus de la nouvelle condition d’émigrantes « habituées à avoir des domestiques (…) ». Ces femmes et ces jeunes filles élevées de manière douillette, à l’abri du besoin, relativement éduquées, abandonnent leur confort pour la précarité du nomadisme.

Cicatrice de l’Avant-jour, Lydia Padellec (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 10 Septembre 2019. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Cicatrice de l’Avant-jour, Lydia Padellec, Al Manar Editions, mai 2018, Gravures Marie Alloy, 75 pages, 17 €

 

La sobriété de la poésie de Lydia Padellec coule au fil limpide des pages comme une source vive, discrète et profonde, charriant dans son lit silencieux le cri de sa douleur. Sa profondeur est celle des eaux souterraines et de résurgence, en résonance avec notre traversée spontanément laborieuse du vécu et de la rencontre difficile avec ses abîmes, son flux opiniâtre à poursuivre sa route malgré le cours parfois obstrué de barrages, obstacles, effondrements, béances (« sur le chemin semé / de ronces et de doutes »). Cours quelquefois interrompu par l’ouverture d’une brèche – surgissement d’un événement tragique – nous laissant abandonné au bord du chemin, sur le bord du vide entre vertige et anéantissement, avec nos blessures, nos plaies, une Cicatrice de l’Avant-jour. Le titre de l’opus évoque le bouleversement provoqué par les événements tragiques de novembre 2015 à Paris ; ses poèmes au cœur de l’humain transcrivent le traumatisme : Dans la nuit profonde du jour, pour la première partie, avant le Chant de la dernière nuit (II), puis le trauma proprement dit, Cicatrice de l’Avant-jour (III), suivis de Nuit de sang (IV) et de La brûlure des cendres (V).

Blancs, Brigitte Mugel ; Je te massacrerai mon cœur, Philippe Thireau (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 09 Septembre 2019. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Blancs, Brigitte Mugel ; Je te massacrerai mon cœur, Philippe Thireau ; éditions PhB, 2019, 10 €

 

J’ai hésité à intituler cette présentation succincte de deux livres que publient les éditions PhB récemment, en questionnant la douleur d’être, qui, me semble-t-il, est inhérente à la personnalité d’un poète. J’ai fini par rassembler mes idées sous l’égide de la fondation, ce qui revenait à dire l’objet réel de mon sentiment. Car c’est bel et bien ce que je retiens des deux lectures des poèmes de Brigitte Mugel et de Philippe Thireau : quelles sont les fondations d’un poète ?

Je me pencherai tout d’abord sur Blancs, livre qui débute sur une série de poèmes qui utilisent le substantif : tête. Donc l’endroit où siège l’intellect, et aussi où habite l’âme, en tous cas, l’esprit de la poétesse. Est-ce conscience de la mort ? est-ce le siège de l’amour ? est-ce une description du corps ? Toutes ces notions se mélangent pour aboutir à ce mot qui revient essentiellement au début du recueil : la tête. Et peut-être est-ce cela qui permet de rentrer dans la matière du poème, rentrer par la tête donc par la partie anatomique qui assure techniquement la possibilité de la lecture.