Après huit ans de silence romanesque, les éditions Robert Laffont, profitant d’une opportunité, le bicentenaire de la naissance de Courbet, décide de publier Le Modèle oublié de Pierre Perrin. En choisissant ce titre, l’auteur fait un pari risqué : écrire un ouvrage romanesque en détournant le sujet attendu, qui aurait dû être la célébration du peintre, pour mettre à l’honneur un personnage pratiquement effacé des livres d’histoire de l’art et des nombreuses biographies consacrées au peintre. Elle se nomme Virginie Binet. Pierre Perrin va partir en quête des minces traces qu’il pourra saisir de cette femme. Quand les faits seront absents, il l’inventera pour lui offrir une épaisseur, une ampleur, une densité, une dignité méritée car elle a joué un rôle estimable dans la trajectoire de Courbet. Elégante façon de rendre hommage à toutes les « femmes de l’ombre ».
Mais l’auteur n’a pas pour autant évincé le peintre. Il prend toute sa place dans ses mots, son œuvre et sa terre. Cette décision d’approcher cet homme est d’autant plus tentante pour l’auteur qu’il connaît très bien cette région puisqu’il y est né et qu’il l’a lui-même beaucoup arpentée. La visée de Pierre Perrin est de le dévoiler dans toutes ses contradictions, dans son épaisseur humaine, entre lumière et ombre, entre sa vie intime et sa vie sociale, entre sa dévotion à son art et son engagement politique dans un socialisme finalement accessoire.