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La Une CED

Quatre saisons en enfance, Catherine de la Clergerie (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 10 Juillet 2019. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Quatre saisons en enfance, Catherine de la Clergerie, éd. Maurice Nadeau, mai 2019, 163 pages, 17 €

Candide au féminin ?

La narratrice à la première personne de ce « roman éclaté » se campe en effet comme une ingénue qui, depuis l’enfance, découvre et subit l’autre et le monde au hasard des circonstances, au gré des rencontres, au cours des transformations de son corps et de l’évolution de sa psyché.

 

Première saison : Née en 51

Candide au féminin ?

Oui et non, puisque tout au long de la première de ces quatre saisons, intitulée Née en 51, Catherine, alias Cathou, de sexe féminin pour l’état civil et l’entourage familial, agitée par des pulsions antagonistes, éprouve une sourde et puissante inclination pour les filles qu’elle fréquente, développe de la répulsion à l’encontre des garçons après qu’un « grand » a tenté de l’embrasser de force, et connaît son premier grand amour lors de vacances partagées avec son cousin Sylvain.

Le Modèle oublié, Pierre Perrin (par Pierrette Epsztein)

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Mercredi, 10 Juillet 2019. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Le Modèle oublié, Pierre Perrin, Robert Laffont, avril 2019, 234 pages, 20 €

Après huit ans de silence romanesque, les éditions Robert Laffont, profitant d’une opportunité, le bicentenaire de la naissance de Courbet, décide de publier Le Modèle oublié de Pierre Perrin. En choisissant ce titre, l’auteur fait un pari risqué : écrire un ouvrage romanesque en détournant le sujet attendu, qui aurait dû être la célébration du peintre, pour mettre à l’honneur un personnage pratiquement effacé des livres d’histoire de l’art et des nombreuses biographies consacrées au peintre. Elle se nomme Virginie Binet. Pierre Perrin va partir en quête des minces traces qu’il pourra saisir de cette femme. Quand les faits seront absents, il l’inventera pour lui offrir une épaisseur, une ampleur, une densité, une dignité méritée car elle a joué un rôle estimable dans la trajectoire de Courbet. Elégante façon de rendre hommage à toutes les « femmes de l’ombre ».

Mais l’auteur n’a pas pour autant évincé le peintre. Il prend toute sa place dans ses mots, son œuvre et sa terre. Cette décision d’approcher cet homme est d’autant plus tentante pour l’auteur qu’il connaît très bien cette région puisqu’il y est né et qu’il l’a lui-même beaucoup arpentée. La visée de Pierre Perrin est de le dévoiler dans toutes ses contradictions, dans son épaisseur humaine, entre lumière et ombre, entre sa vie intime et sa vie sociale, entre sa dévotion à son art et son engagement politique dans un socialisme finalement accessoire.

Li Qingzhao : la fleur de la mélancolie (par Véronique Saint-Aubin El Fakir)

Ecrit par Véronique Saint-Aubin Elfakir , le Mardi, 09 Juillet 2019. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

A l’ombre des canneliers, Li Qingzhao, l’illustre poétesse chinoise, semble nous sourire à travers ces siècles qu’elle aura su traverser avec élégance et raffinement. La particularité́ de son œuvre réside dans la sensualité́ et l’extrême sensibilité́ qui émane de ses textes à une époque où se développe un type d’esthétisme plus impersonnel. Li ose la singularité́ et échappe ainsi à toute forme de normativité́ en assumant avec audace sa propre subjectivité́ à travers une forme de poésie chantée très codifiée dans sa forme et dans ses rimes que l’on nomme « le Ci » (1).

En ces débuts, la poésie de Li Qingzhao est une ode à la jeunesse et célèbre cette passion ardente pour son époux en une sorte d’érotisme extrêmement vibrant et subtil. Elle échappe ainsi aux carcans de l’époque comme en témoigne le texte suivant :

Apôtres, Sur les pas des Douze, Tom Bissell (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 09 Juillet 2019. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Apôtres, Sur les pas des Douze, Tom Bissell, Albin-Michel, septembre 2018, 542 pages, 25,90 €

 

Est-il fréquent que des personnes qui, dans leur enfance, ont pratiqué les rites d’une religion avec l’innocence et le sérieux propres à cette période de la vie, s’en détachent une fois venu l’âge adulte ? Sans doute. Qu’éprouvent-elles alors vis-à-vis de la foi qu’elles ont abandonnée ? De la nostalgie ? De l’indifférence ? De la rancœur ? Ressentent-elles le besoin de régler des comptes avec cette religion qui fait partie de leur passé et de leurs souvenirs ? Peut-être. Il est toutefois rare – heureusement – qu’un règlement de comptes prenne la forme d’un volume de plus de cinq cents pages, consacré aux douze hommes inégalement célèbres regroupés sous le nom d’« apôtres ». On raconte qu’Ernst Robert Curtius, le grand romaniste allemand, aimait taquiner les ecclésiastiques qui s’aventuraient dans son séminaire, en leur demandant de lui énumérer les noms des douze apôtres. Rares étaient ceux qui parvenaient au bout de la liste.

Vies silencieuses, Daniel Kay (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 08 Juillet 2019. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Vies silencieuses, Daniel Kay, Gallimard, mai 2019, 128 pages, 14,50 €

 

Poésie de la couleur


Ce que je retiens des Vies silencieuses de Daniel Kay, c’est surtout la plasticité des images, lesquelles illustrent souvent l’univers de la peinture. Oui, c’est une apologie de la peinture italienne notamment, à quoi se livre le poète morlaisien. J’ai retenu davantage les textes en rapport avec la peinture ténébriste en fait, laquelle révèle le génie esthétique des grandes figures artistiques de la Haute Renaissance. Du reste la peinture est un art suprême du silence, et c’est sans doute là où le titre un peu énigmatique du recueil trouve son sens. C’est ce silence qui autorise la « conversation » poétique et l’exercice de la poésie elle-même.