Un dessin. Du noir et du blanc. Ça commence par un dessin. Un poisson. Une chambre d’enfant. Lou a douze ans.
Lou-Moaï Seigneur a une mère, une mère qui a un talent, Roberte fabrique des vasarbres en argile et rêve d’avoir son atelier de poterie.
Lou est toute puissante. Ce qu’elle désire se réalise.
Amusez-vous à la contrarier et vous serez engloutis sous cent quarante kilos de crottin.
La mère dort sur le canapé, dort dans le salon, le salon cuisine, fait ce qu’elle peut pour payer la pièce qui sert à tout, un deux-pièces pour elles deux. À payer en euros-yens. Lou a sa chambre, Lou voit le monde depuis son petit donjon. Elle vit Avenue du Bonheur, habite une tour appelée L’Immeuble de l’Incendie. Au deux-cent-soixante-treizième étage, appelé l’étage des indigents, sans majuscules. Écorche-cieux ou crève-yeux. Le conte n’a pas sa place ici. Entre réalité et magie, entrons plutôt chez Jean Teulé par les double-portes, les grincements comme autant de ricanements, en poussant des portes coupe-feu. Pour voir soudain se métamorphoser les papiers en fleurs, les larmes en mers, les cheveux en vagues. Voir toutes nos injures se matérialiser.