Billy le menteur de Keith Waterhouse m’a réellement surprise. Le titre simplet pourrait laisser suggérer une histoire banale, voire un roman jeunesse. Mais dès les premières pages, on se rend compte qu’il s’agit en fait d’un récit sombre, servi d’un humour désespéré et drôlement addictif. Publié d’abord en 1960, Billy le menteur est un roman culte au Royaume-Uni. La plume de Keith Waterhouse s’inscrit dans une vague littéraire des années cinquante apparue dans le nord du pays, et que la critique avait désignée de « jeunes hommes en colère ».
On a bien l’impression d’avoir affaire à un jeune homme en colère avec Billy Fisher, le personnage principal. Mais on ne saurait le réduire à cette couche primaire, qui n’est probablement que le symptôme d’un malaise plus complexe. Billy Fisher habite la ville fictive de Stradhoughton, dans le Yorkshire. Au seuil de l’âge adulte, il habite chez ses parents avec lesquels il se chamaille tous les jours, il travaille dans une compagnie des pompes funèbres où il passe le plus clair de son temps à composer des poèmes satiriques, et en fin de journée il courtise des femmes qui toutes l’irritent d’une façon ou d’une autre : Barbara avec ses manières prudes et sa manie de manger des oranges à longueur de journée, Rita avec son langage ordurier et Liz avec ses vêtements froissés et poussiéreux.