Identification

La Une CED

Entretien avec Tristan Leperlier, par Nadia Agsous

Ecrit par Nadia Agsous , le Mardi, 09 Avril 2019. , dans La Une CED, Les Dossiers, Entretiens

 

Algérie, les écrivains de la décennie noire, Tristan Leperlier

 

Le champ littéraire algérien durant la décennie noire. CNRS Editions

A travers son ouvrage, Tristan Leperlier, chercheur au Centre européen de sociologie et de science politique (EHESS), propose une analyse littéraire et sociologique du champ littéraire algérien au temps de la décennie noire (1988-2003). Il met également en lumière le rôle que les écrivains algériens ont joué pendant cette période. Pour réaliser ce travail de recherche effectué sur la base d’entretiens menés auprès de 70 écrivaines et écrivains, et de sources variées, en français et en arabe, l’auteur a adopté une méthode interdisciplinaire qui se situe au croisement des études littéraires et de celles des sciences sociales, et a travaillé sur une population d’écrivains, intellectuels qui prennent des positions sur la situation politique, et en tant qu’écrivains produisant des écrits littéraires. Il montre qu’il existe un lien entre les engagements littéraires et politiques des écrivains algériens pendant cette époque et leurs positions dans le champ littéraire qui est « transnational, bilingue et surpolitisé ».

Nouvelles brésiliennes (V) - Le monde d’un homme seul, Marco Aurélio Cremasco

, le Lundi, 08 Avril 2019. , dans La Une CED, Ecriture, Nouvelles

 

– Où est João ? Il est sorti, il revient bientôt. Il ouvre le journal. Il y apprend que dix bus ont été incendiés. Il traverse la rue et entre dans une boulangerie, avec ce même journal ouvert devant lui. – Joaquim, comme d’habitude. Qui est Joaquim ? Heu, il travaille ici depuis des lustres. Je suis nouveau ici, mais que désirez-vous ? Un café serré et un toast. Un attentat fait cent morts et mille blessés. Un tremblement de terre coupe la Terre en deux et précipite la moitié de la population dans un abîme sans fond – Voici votre café et votre toast. Il referme le journal et il ne voit pas Alice, la caissière. Elle est aux toilettes – dit une fille d’une quinzaine d’années qui est le portrait craché d’Alice jeune. Il marche sur le trottoir en direction de la borne de taxi. Il connaît cette région comme personne : les graffitis, qui sont comme des messages rupestres destinés aux générations futures, les arbres qu’il connaît depuis qu’ils ont été plantés, les gens et leur histoire. Il essaie d’ouvrir la porte du taxi –  Et alors, Juvenal, tu ne veux pas me laisser entrer ? Le chauffeur se tourne vers lui. – Juvenal a pris un jour de congé et il m’a demandé de le remplacer. Il va bien ? Oui, une migraine toute bête. Pourriez-vous me conduire à la Banque. « La » Banque. Attendez-moi.

Deux poètes au Castor Astral - Eric Poindron et CharlElie Couture (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 05 Avril 2019. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Poésie

 

Comment vivre en poète, 300 questions au lecteur et à celui qui écrit, Eric Poindron, Le Castor Astral, coll. Curiosa & Cætera, février 2019, 128 pages, 15 €

 

La Mécanique du ciel, 50 poèmes inchantables, CharlElie Couture, Le Castor Astral, coll. Curiosa & Cætera, février 2019, 272 pages, 18 €

 

« Celui qui vit en poète, c’est celui qui fait, qui dit, qui lit, qui luit. Qui pille puis éparpille » (Eric Poindron, Quelques réponses sans questions avant les questions sans réponses).

« Et ils mettent le feu / En jouant free du Jazz / Oh Jazz ! Eternel Jazz viral et revival, / Comme des flèches d’énergie virile » (CharlElie Couture, Down Town Manhattan).

Conversations (1975-1995), Heiner Müller (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Jeudi, 04 Avril 2019. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Théâtre

Conversations (1975-1995), Heiner Müller, éditions de Minuit, février 2019, 368 pages, 29 €

Le théâtre comme expérience

En me plongeant dans les entretiens que Heiner Müller a donné entre 1975 et 1995, je me suis immergé dans des souvenirs de cours de théâtrologie que je suivais à Paris III. J’y ai reconnu l’influence de Brecht sur le théâtre occidental, influence qui persistait encore un peu à la fin des années quatre-vingt dans mon université, et aussi et surtout la question du lieu théâtral, qui soulevait encore de grandes controverses – même si la scène à l’italienne revenait en force dans la construction des dramaturgies chez les metteurs en scène de l’époque. Et l’intérêt toujours présent d’un spectacle total – dans ces conversations allemandes, traduites pour la plupart par Jean Jourdheuil – quand Müller évoque Bayreuth par exemple.

Cela dit, je ne connaissais pas vraiment l’attachement du dramaturge de Berlin-Est, pour sa patrie socialiste de l’époque et son respect pour la RDA. Bizarrement, il y a quelques jours, je visionnais un documentaire belge sur la RDA des années 1960, et j’ai été surpris de l’allégeance pacifique et bien fondée de la population de l’Allemagne de l’Est, pour la politique socialiste d’Etat, en trouvant convaincant ce qu’ici on prenait pour une dictature, mais qui était d’abord un projet collectif là-bas. En ce sens, le théâtre est lui aussi essentiellement une affaire collective.

La Femme chez Don Luis de Góngora, Luis de Góngora (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 01 Avril 2019. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

La Femme chez Don Luis de Góngora, Luis de Góngora, éditions Alcyone, octobre 2018, trad. espagnol Michel Host, 88 pages, 20 €

 

Une poésie des temps

Aborder la poésie de Luis de Góngora par la traduction de Michel Host, qui organise sa transcription depuis l’espagnol autour des sonnets du poète castillan, revient à plonger dans l’univers rayonnant du Siècle d’or, et de l’influence notable sur les artistes et les lecteurs de poésie de plusieurs siècles et origines. Cette riche composition est attachée en général au gongorisme. Car, même si l’ouvrage met en scène la figure de la femme et plus largement, celle de l’amour, il n’échappe pas à la beauté claire et précieuse de cette littérature devenue classique depuis bien longtemps. Ainsi, quand Boileau écrit : ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément, on pourrait appliquer a posteriori cette citation aux poèmes de ce livre des éditions Alcyone. En effet, aucune tache sombre sur les poèmes, aucune ambiguïté, aucun trouble, qui entraveraient la marche belle de ces textes si lointains dans le temps.