Identification

La Une CED

Michel de Montaigne, artisan de la laïcité diversitaire (par Mustapha Saha)

Ecrit par Mustapha Saha , le Vendredi, 21 Décembre 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

 

Michel de Montaigne travaille dans sa bibliothèque, nichée dans une tour de son château, où les œuvres d’Aristote, d’Avicenne (Ibn Sina), d’Averroès (Ibn Rochd) occupent une place centrale. « Je passe dans ma bibliothèque la plupart des jours de ma vie et la plupart des heures du jour ». « Là, je feuillette à cette heure un livre, à cette heure un autre, sans ordre et sans dessein, à pièces décousues. Tantôt je rêve, tantôt j’enregistre et dicte, en me promenant, mes songes que voici ».

Montaigne installe sa librairie, microcosme circulaire où la liberté se goûte dans la solitude, comme un poste stratégique, où il se protège des tumultes extérieurs et veille en même temps sur ses affaires. « Je m’égare, mais plutôt par licence que par mégarde ». « J’aime l’allure poétique, à sauts et à gambades ».

Solal et les Solal, Albert Cohen (par Matthieu Gosztola)

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Jeudi, 20 Décembre 2018. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Solal et les Solal, Albert Cohen, Gallimard, coll. Quarto, octobre 2018, édition de Philippe Zard, 1664 pages, 34 ill., 32 €

 

Soit Belle du Seigneur :

Ô aigu bonheur du secret. Avant la représentation, elle lui avait dit qu’au premier acte lorsqu’elle descendrait les marches, sa main se poserait près de l’aine, pour prendre de l’étoffe et soulever un peu la robe, une robe d’un bleu profond, un bleu si beau, et ainsi par ce geste il saurait qu’en cet instant, étrangère et lointaine, c’était à lui qu’elle pensait, à leurs nuits.

Elle allait, nue sous la robe voilière qui claquait au vent de la marche, marche enthousiaste, marche de l’amour, et le bruit de sa robe était exaltant le vent sur son visage était exaltant le vent sur son visage haut tenu, son jeune visage en amour.

La Styx Croisières Cie (8) Août 2018 (par Michel Host)

Ecrit par Michel Host , le Jeudi, 20 Décembre 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

« … son pied glissa et, à l’instant suivant, plouf ! elle se trouvait plongée jusqu’au menton dans l’eau salée. Sa première idée fut qu’elle était, par suite de circonstances inexplicables, tombée dans la mer. “Dans ce cas, se dit-elle, je pourrai prendre le train pour faire le voyage de retour” (Alice était allée au bord de la mer une fois dans sa vie, et, par une généralisation hâtive, elle en avait conclu que partout où l’on va sur les côtes anglaises on trouve un grand nombre de cabines de bain trempant dans l’eau, des enfants en train de creuser des trous dans le sable à l’aide de pelles en bois, puis une rangée de pensions de famille et, derrière ces pensions de famille, une gare de chemin de fer). Cependant, elle ne tarda pas à comprendre qu’elle se trouvait dans la mare formée par les larmes qu’elle avait versées lorsqu’elle avait deux mètres soixante-quinze de haut ».

Lewis Carroll, traduction H. Parisot

Jules de Montalenvers de Phrysac, noté dans le Livre de mes Mémoires

Compte-rendu du colloque : Valère Novarina, Les quatre sens de l’écriture, Centre Culturel International de Cerisy-la-Salle (par Pierrette Epsztein)

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Mardi, 18 Décembre 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

Compte-rendu du colloque : Valère NovarinaLes quatre sens de l’écriture, Centre Culturel International de Cerisy-la-Salle (du vendredi 10 au vendredi 17 août 2018), direction Marion Chénetier-Alev, Sandrine Le Pors, Fabrice Thumerel

 

Chaque été, comme une ritournelle ou un passage obligé, j’assiste, depuis 18 ans, à au moins un colloque du Centre Culturel International de Cerisy. J’aime le lieu, j’aime l’équipe qui l’anime. Je commence à bien en connaître tous les membres. J’arrive à y trouver mon espace, sur la frontière, comme toujours, puisque je ne suis pas universitaire.

Cet été, du 10 au 17 août, j’ai, longtemps à l’avance, réservé ma place pour le colloque consacré, pour la première fois dans ce lieu, à l’œuvre de Valère Novarina. J’ai bien fait car il y avait beaucoup de demandes. En plus, j’ai ainsi échappé à la canicule parisienne.

Sur un roman d’André Dhôtel (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Lundi, 17 Décembre 2018. , dans La Une CED, Ecriture, Nouvelles

 

1) La scène se passe à Charleville, place Ducale, un matin de printemps. Ciel grisâtre. Une terrasse presque vide. LUI est propriétaire d’un vaste appartement rue du Moulin. Profession libérale. Aisance financière. MOI est venu pour régler un héritage. Profession indéfinissable.

MOI (posant un livre sur la table) : C’est un bien beau roman, cher ami, que Bonne nuit Barbara. Oui, merci, mademoiselle, un grand café avec un verre d’eau.

LUI : D’André Dhôtel ? Un café aussi. Et le journal s’il est disponible.

MOI : D’André Dhôtel. Gallimard. Février 1978.

LUI : J’ai lu un peu Dhôtel dans ma jeunesse. Et je l’ai aperçu assez souvent aux environs d’Attigny.

MOI : Il y possédait une maison où il séjournait régulièrement, je crois. Ah, Dhôtel ! Arland ! Follain ! Ils étaient très liés et, aussi différentes soient-elles, il y a comme un air de famille dans leurs œuvres. Le quotidien dans son ahurissante banalité, dans sa fabuleuse et inépuisable évidence. Paulhan, qui les éditait, les appréciait beaucoup.