Poèmes de Pedro Belo Clara Traduits du portugais par Stéphane Chao (2)
NO ABRAÇO DE MAIO
Vales e colinas de jade luzente. À flor dura da tarde, tudo cintilava em cegueiras de vidro. Só a sombra, despida, dançava aos pés do carvalho emudecido.
Os corpos respiravam como o mundo: lentos, naquela ondulação suave de quem não conhece fome. Não viviam sonhos ou cores que não aquelas. As aves bastavam, desfraldadas à brisa de dorso palpitando como prata ao beijo do sol.
À boca levavas o cálice com a graça de quem louva a luz resplandecente, num gesto de rio reconhecendo águas semelhantes. Meu era o silêncio dos trevos. Naquela intimidade solar, esquecia o insistente apelo dos orvalhos.
Nenhum toque era pedido. Parecia que na tangível eternidade do dia as boninas cintilariam pelas noites vindouras. Mas setembro nunca deixa o verão celibatário em sua morte. Que linho se não tinge no desflorar das amoras?
Uma gota enganou os teus lábios na dormência da hora. Escapando à vigília das mãos trigueiras, encontrou subitamente refúgio no macio conforto dos teus seios. Diante do rastro púrpura, a fulva chama despertou no mais íntimo dos incêndios.
Dans les bras de mai
Les vallées et les collines de jade reluisaient. Dans le dur après-midi en fleur, toutes choses scintillaient, aveugles comme le verre. Seule l’ombre dénudée dansait au pied du chêne muet.
Les corps respiraient au rythme du monde : lentement, ondulant avec la douceur de celui qui ne connaît pas la faim. Il n’y avait de vivant que les rêves et les couleurs. La présence des oiseaux était suffisante, ils flottaient à la brise, le dos miroitant comme l’argent sous les baisers du soleil.
Tu portais le calice à ta bouche avec la grâce de quelqu’un qui loue la lumière resplendissante, imitant le geste de la rivière qui reconnaît une eau familière. Mes gestes imitaient le silence des ténèbres. Dans cette intimité solaire, j’oubliais l’insistant appel de la rosée.
Aucun toucher n’était demandé. L’éternité palpable du jour nous faisait penser que les fleurs sauvages scintilleraient encore dans les futures soirées. Mais septembre ne voulait pas quitter l’été célibataire qui mourait. Quelle laine ne se teint pas lorsque les mûres sont déflorées ?
Une goutte évita tes lèvres, alors que les heures s’engourdissaient. Elle avait échappé à la vigilance de tes mains couleur de blé et elle rencontra soudain un refuge confortable dans la tendresse de tes seins. La tache pourpre éveilla une flamme fauve dans le plus intime des incendies.
Pedro Belo Clara, né à Lisbonne, est actuellement collaborateur et éditorialiste de diverses publications littéraires brésiliennes et portugaises, comme Philos et Subversa dont est tiré ce texte. Son dernier livre, un recueil de poésie intitulé Lydia, est paru en 2018. Il anime les blogs Recortes do Real, Uma Luz a Oriente et The beating of a celtic heart.
Stéphane Chao, traducteur, auteur de nouvelles, ancien directeur du Bureau du Livre de l’ambassade de France au Brésil. Collabore à diverses revues (L’atelier du roman, La femelle du requin, L’Ampoule…).
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