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La Une CED

Chants du voyageur, Benjamin Guérin (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 12 Novembre 2019. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Chants du voyageur, Benjamin Guérin, Editions de Corlevour, juin 2019, 92 pages, 15 €

 

Prémices

La question de l’origine lyrique du chant poétique me paraît toujours cruciale. Ce principe dit souvent le mystère du texte, et permet de connaître ce qui engendre, et encore constitue la compréhension et autorise l’englobement du fond et de la forme. Ici, avec ces Chants du voyageur, je me suis interrogé dès le premier poème. Ce fondement, cette profondeur de l’acte métrique de l’énoncé de ces morceaux versifiés, qui m’ont d’abord apparu comme un mouvement, m’ont laissé une impression non arrêtée, marchante, et invitant à aller l’amble avec l’auteur. Et même cette pérégrination m’est restée parfois énigmatique à moins de décider que l’essence du poème serait l’ivresse. Oui, le poème se véhicule et véhicule son univers, son atmosphère, à l’instar d’un enivrement sanguin, courant par l’ensemble du système du poème comme en un système veineux.

Jeux II - Contrepoint rétrograde (par Charles Orlac)

Ecrit par Charles Orlac , le Mardi, 12 Novembre 2019. , dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

 

II-Contrepoint rétrograde

 

Je lis un livre

Tu livres un lit

Je porte un masque

Tu masques une porte

Je bois une coupe

Tu coupes du bois

Je vois mon père

Tu perds ta voix

Zainab Fasiki* La révolution des mœurs par l’art (par Mustapha Saha)

Ecrit par Mustapha Saha , le Jeudi, 07 Novembre 2019. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

La bande dessinée de Zainab Fasiki s’intitule Hshouma, mot-clé qui clignote, depuis des siècles, dans les cerveaux marocains comme une alerte culpabilisante. Une machine morale qui broie d’avance toute résistance. Le livre, rouge et noir, indocile et libertaire, se décline comme un blog réfractaire, un graff’zine pamphlétaire. L’esprit soixante-huitard souffle sur les slogans ravageurs. Le message se condense dans sa métaphore. L’image émoustille et scintille comme un sémaphore. Les slogans, les aphorismes, les fragments livrent l’insoutenable vécu dans sa crudité liberticide. Dans cette sémiotique minimaliste, le signe et le signal se répandent en écho. Le cri se fait symbole. La candeur apparente cache une ambition désarmante. Zainab Fasiki veut, à l’instar du poète Arthur Rimbaud, que son dessin soit plus qu’un dessin, qu’il soit catalyseur de révoltes salutaires et locomoteur d’une libération des mœurs, transformateur de la société et transfigurateur de la vie. Qu’il soit une onde de choc, qui délivre les âmes malades de leur tourmente héréditaire.

Mes amis (décrits en quelques mots), Marianne Braux

Ecrit par Marianne Braux , le Mardi, 05 Novembre 2019. , dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

 

J’accroche

avec les gens plein d’épines

et à la langue râpeuse

Auprès des bêtes et des cloches

je suis heureuse

Je suis cul et chemise

avec les démunis les mendiants

Je fais bon ménage

avec les cocus et les adultes errants

Très vite je sympathise

avec les ivrognes au pas lent

Jours, Marwan Hoss (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 04 Novembre 2019. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques, Arfuyen

Jours, Marwan Hoss, éditions Arfuyen, septembre 2019, 246 pages, 18 €

 

Poème-action

C’est avec un intérêt de qualité que j’ai découvert la poésie de Marwan Hoss, au travers de sa dernière publication chez Arfuyen. De fait, Jours fut pour moi un ouvrage de découverte. Cela m’a permis de connaître un auteur – comme on connaît une personne par la certitude d’une amitié, juste en voyant le visage d’autrui, de l’aubain, du prochain – et au-delà, ce que recouvre le poème en sa force performative. Que cela soit à la vie ou à la mort que les poèmes s’adonnent ici, ils sont toujours action.

Ainsi, du premier poème de cette anthologie – laquelle couvre tout le parcours littéraire de l’auteur et de l’homme de l’art qu’est Marwan Hoss –, premier texte donc qui évoque l’enfance, jusqu’au dernier, lequel constitue un texte en surplomb de l’œuvre achevée, le recueil est cohérent. Il passe des origines, par l’univers de la maladie, ou encore par le sentiment de l’exil, des liens avec sa famille, toujours attaché à une spiritualité. Tout cela fait de cet écrivain un témoin actif de sa propre expression, croyant visiblement que l’on peut « habiter le monde en poète », agir depuis le poème vers la vie, et en cela contenir la vie dans le poème.