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La Une CED

La Styx Croisières Cie - 1 - Janvier 2020 - par Michel Host

Ecrit par Michel Host , le Lundi, 24 Février 2020. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

ÈRE VINCENT LAMBERT,  AN  II.

Humain, citoyen le plus vulnérable, la République française, la médecine, la banque et la magistrature réunies, t’ayant baptisé Légume, te tueront.

 

« La plupart des homme qui vivent dans le monde, y vivent si étourdiment, pensent si peu, qu’ils ne connaissent pas ce monde qu’ils ont toujours sous les yeux. "Ils ne le connaissent pas, disait plaisamment M. de B., par la raison qui fait que les hannetons ne savent pas l’histoire naturelle." » Chamfort (1745 – 1793)  -  Produits de la civilisation perfectionnée

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La femme-Maytio, Béatrice Castaner (par Sandrine Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Mercredi, 12 Février 2020. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

La femme-Maytio, Béatrice Castaner, Serge Safran Ed., JANVIER 2020, 160 pages

 

Lire « La Femme-Maÿtio », c’est reculer, avancer, se placer trente-mille ans avant le temps présent (A.P : avant le temps présent, unité de temps utilisée en archéologie pour désigner les âges exprimés en nombre d’années passées, avant l’année de référence 1950). Leurs plaies, leurs peurs, leurs souffrances à l’échelle d’une seconde. Nos Ancêtres Néandertaliens avaient un animal totem, en eux le monde complet, et réciproquement.

« Ils ne se rappellent déjà plus qui était cette jeune femme qu’ils ont violée tour à tour, pourquoi l’ont-ils épargnée après avoir fendu la chair de tous les autres hommes, femmes, enfants, nouveau-nés de son clan. Pourquoi, ne laissant derrière eux qu’un entrelacs d’une vingtaine de corps éventrés, les cœurs sortis des poitrines et rassemblés en un monticule sanguinolent devant l’abri sous roche où le clan dormait, l’ont-ils emmenée trois jours avec eux pour en faire leur esclave. (…) faire disparaître de la surface de la terre ces Autres humains qui n’étaient pas comme eux. Lorsque l’abri n’a plus été qu’un charnier, ils ont fendu le crâne des derniers nés et ont mangé leur cervelle, crue. »

Les travaux et les jours 9 (extraits) - La fille (par Ivanne Rialland)

Ecrit par Ivanne Rialland , le Lundi, 10 Février 2020. , dans La Une CED, Ecriture, Bonnes feuilles

 

Devant l’ordinateur familial, elle s’amuse, par la grâce de Google Street View, à se couler dans les rues de sa ville qui, au fil de sa progression saccadée le long de chaussées ensoleillées et désertes, prend les allures étranges, presque inquiétantes, d’un décor de jeu vidéo. Dans les silhouettes fugitives capturées par la Google car, il lui semble parfois reconnaître un être familier. Certaines adresses, certains morceaux de rue sombrent dans l’inconnaissable, le logiciel montrant obstinément, à la place de telle boutique, de tel immeuble, l’entrée d’un parking souterrain ou une façade aveugle, comme si ce point de l’espace avait été effacé, avalé, ou – pour l’entrée du parking – remplacé par cette sorte de portail illusoire vers un autre monde, appel toujours frustré à aller en-dessous, derrière ces images en trompe-l’œil. Pourtant, devant la maison d’une amie, elle ne peut s’empêcher d’attendre l’apparition de son visage, là-haut, entre les rideaux bleus de sa chambre, avec un vague sentiment d’effroi à l’idée, de croiser, à travers l’écran, son regard.

Le Diable et l’Histoire (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Vendredi, 07 Février 2020. , dans La Une CED, Les Dossiers, Etudes

« De la Ville, les mourants se lamentent

et l’âme des blessés crie au secours,

mais Eloah n’entend pas la prière !

Au petit jour se lève l’assassin,

Il tue le pauvre et l’indigent

Et l’œil de l’adultère épie le crépuscule

Il se dit : « un œil ne m’aperçoit point ! »

Et il met le voile sur sa face.

Et dans la nuit marche le voleur,

Il perfore, dans les ténèbres, les maisons

Qu’il a repérées le jour (…)

S’il n’en est pas ainsi, qui me convaincra

De mensonges et réduira à néant ma parole ? »

Job. XXIV. 12-25

Correspondance, tome V (Janvier 1885/Décembre 1886) Friedrich Nietzsche (par Matthieu Gosztola)

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Vendredi, 31 Janvier 2020. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Correspondance, tome V (Janvier 1885/Décembre 1886) Friedrich Nietzsche, Gallimard, mars 2019, trad. allemand Jean Lacoste, 368 p. 29 €

 

Fin décembre 1886. Nietzsche écrit à Ernst Wilhelm Fritzsch (à Leipzig), depuis Nice, depuis sa « Pension de Genève » dans la « Petite rue Saint-Étienne » : « Lorsque les avant-propos à [m]es deux livres [Aurore et Le Gai savoir] […] seront imprimés, quelque chose d’essentiel aura été accompli pour faciliter la compréhension de toute mon œuvre (et de ma personne). Et, de fait, on comprendra que quelqu’un qui se sera une fois “attaché” à moi ne pourra que poursuivre, étape par étape, son chemin en ma compagnie ».

Le ton, victorieux, enjoué, de cette lettre, marque l’aboutissement d’un parcours personnel frappé peut-être du sceau du doute, du moins gorgé, comme d’eau un tissu, de la douleur de ne pouvoir écrire que « pour tous », comme l’indique le sous-titre d’Ainsi parlait Zarathoustra, c’est-à-dire « pour personne ». Aussi un an auparavant le ton des lettres est-il singulièrement différent…