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La Une CED

Les veines du réel, Jean-Yves Guigot (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mercredi, 26 Février 2020. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

Les veines du réel, Jean-Yves Guigot, éditions Littérales, 2015

Via cette ardente et rude traversée (ardoyante) dans Les veines du réel, à la recherche de la source en dépit du poids des pierres, le poète Jean-Yves Guigot nous offre par cet opus poétique (Prix Littérales en 2015) une plongée où s’expérimente la quête de l’unité. Quête du Vivre et du Verbe poursuivie malgré « la fatalité du néant », recherche opiniâtre du réel à même « l’ombre » le traversant, au risque encouru et fécond de rencontrer « en chemin le devenir du doute ». Cet opus s’énonce comme un tableau de George de La Tour peut pénétrer et refléter par le nouveau regard qu’il projette sur elle la réalité quotidienne en sa profondeur, jouant son approche du réel dans un jeu de lumière et d’ombres. Tableau en clair-obscur d’entrée, Les veines du réel nous introduit sur cet autre versant, du côté de la nuit, où êtres et choses dévoilent leur mystérieuse présence, révèlent leur plénitude, acquièrent une autre dimension, propageant une lumière réflexive, comme spirituelle, voire mystique.

 

« Je perçois une lampe et sa flamme m’endort,

comme s’éveille à soi-même qui s’éveille la nuit. »

Gérard de Cortanze, Le goût des arbres ET François Bott, Un amour à Waterloo (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mardi, 25 Février 2020. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

 

Gérard de Cortanze, Le goût des arbres, Mercure de France, Le petit mercure, 2019, 128p., 8,20€.

 

La collection « Le goût de » regorge de petites merveilles. Chaque fois, un écrivain recueille des textes d'écrivains autour d'un thème célébré.

L'anthologie, introduite par un auteur qui s'est souvenu des « érables sycomores », propose de fouiller dans la littérature « des arbres ».

S'ils sont, ces arbres, de « la famille » d'un Jules Renard, dont le regard est aussi acéré que certains troncs, ils parsèment les champs littéraires, même si , comme chez Flaubert « ils n'ont plus de feuilles » lors d'une promenade d'automne.

La Styx Croisières Cie - 1 - Janvier 2020 - par Michel Host

Ecrit par Michel Host , le Lundi, 24 Février 2020. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

ÈRE VINCENT LAMBERT,  AN  II.

Humain, citoyen le plus vulnérable, la République française, la médecine, la banque et la magistrature réunies, t’ayant baptisé Légume, te tueront.

 

« La plupart des homme qui vivent dans le monde, y vivent si étourdiment, pensent si peu, qu’ils ne connaissent pas ce monde qu’ils ont toujours sous les yeux. "Ils ne le connaissent pas, disait plaisamment M. de B., par la raison qui fait que les hannetons ne savent pas l’histoire naturelle." » Chamfort (1745 – 1793)  -  Produits de la civilisation perfectionnée

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La femme-Maytio, Béatrice Castaner (par Sandrine Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Mercredi, 12 Février 2020. , dans La Une CED, Les Livres, Les Chroniques

La femme-Maytio, Béatrice Castaner, Serge Safran Ed., JANVIER 2020, 160 pages

 

Lire « La Femme-Maÿtio », c’est reculer, avancer, se placer trente-mille ans avant le temps présent (A.P : avant le temps présent, unité de temps utilisée en archéologie pour désigner les âges exprimés en nombre d’années passées, avant l’année de référence 1950). Leurs plaies, leurs peurs, leurs souffrances à l’échelle d’une seconde. Nos Ancêtres Néandertaliens avaient un animal totem, en eux le monde complet, et réciproquement.

« Ils ne se rappellent déjà plus qui était cette jeune femme qu’ils ont violée tour à tour, pourquoi l’ont-ils épargnée après avoir fendu la chair de tous les autres hommes, femmes, enfants, nouveau-nés de son clan. Pourquoi, ne laissant derrière eux qu’un entrelacs d’une vingtaine de corps éventrés, les cœurs sortis des poitrines et rassemblés en un monticule sanguinolent devant l’abri sous roche où le clan dormait, l’ont-ils emmenée trois jours avec eux pour en faire leur esclave. (…) faire disparaître de la surface de la terre ces Autres humains qui n’étaient pas comme eux. Lorsque l’abri n’a plus été qu’un charnier, ils ont fendu le crâne des derniers nés et ont mangé leur cervelle, crue. »

Les travaux et les jours 9 (extraits) - La fille (par Ivanne Rialland)

Ecrit par Ivanne Rialland , le Lundi, 10 Février 2020. , dans La Une CED, Ecriture, Bonnes feuilles

 

Devant l’ordinateur familial, elle s’amuse, par la grâce de Google Street View, à se couler dans les rues de sa ville qui, au fil de sa progression saccadée le long de chaussées ensoleillées et désertes, prend les allures étranges, presque inquiétantes, d’un décor de jeu vidéo. Dans les silhouettes fugitives capturées par la Google car, il lui semble parfois reconnaître un être familier. Certaines adresses, certains morceaux de rue sombrent dans l’inconnaissable, le logiciel montrant obstinément, à la place de telle boutique, de tel immeuble, l’entrée d’un parking souterrain ou une façade aveugle, comme si ce point de l’espace avait été effacé, avalé, ou – pour l’entrée du parking – remplacé par cette sorte de portail illusoire vers un autre monde, appel toujours frustré à aller en-dessous, derrière ces images en trompe-l’œil. Pourtant, devant la maison d’une amie, elle ne peut s’empêcher d’attendre l’apparition de son visage, là-haut, entre les rideaux bleus de sa chambre, avec un vague sentiment d’effroi à l’idée, de croiser, à travers l’écran, son regard.