« Il prêtait une oreille attentive à son babillage. Il aimait ses éruptions de sons, ces éclats de mots, ce magma du langage qui n’est pas encore la parole. Partition atonale, échos dissonants de ses appétits et de ses affects. Sans se l’avouer, il appréhendait ce moment où les sons allaient se dénouer, éclore, s’envoler et devenir des mots, des mots durs, tranchants, blessants, des mots de grands puis des adjectifs ; il allait être nommé, évalué, corrigé, contredit. C’est que l’enfant a ses maux à dire, sa vérité à faire éclater. Il somme l’adulte de l’écouter ».
En Hollande, René Descartes tombe sur une fleur, sa Francine, sa fille, sa fleur aimée. Il en tirera quelques leçons de vie, donc de pensées. Un éclair, ce mouvement du temps qui file à la vitesse de la lumière, dont il va se nourrir, comme l’on se nourrit d’un sourire, d’un mot, d’une danse d’enfance. L’enfance de l’art et de la raison, l’un ne va pas sans l’autre. L’autre, cette enfant qui le fixe, l’écoute, l’interpelle, lui montre ce qu’elle voit avec ses mots, qui vont un temps le détourner de ses maux.