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Récits

Pépites brésiliennes, Jean-Yves Loude

Ecrit par Cathy Garcia , le Lundi, 16 Septembre 2013. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Actes Sud

Pépites brésiliennes, avril 2013, 380 pages, 23 € . Ecrivain(s): Jean-Yves Loude Edition: Actes Sud

 

Voilà donc une mine, qui fera le bonheur des amoureux du Brésil, mais pas seulement. L’auteur et sa compagne, ethnologues passionnés, nous entraînent sur leur sillage dans une enquête aux allures de road-movie, sur les traces de la mémoire africaine au Brésil. De Rio de Janeiro à São Luis do Maranhão, situé sur l’île du même nom, en passant par le Minas Gerais et le Nordeste, on visitera de multiples lieux, des villes comme Ouro Preto, Belo Horizonte, Salvador, Recife, Petrolina, Teresina… Un périple de plus de 5000 km pour recueillir ces pépites que représentent, pour le couple d’ethnologues, les personnages marquants, d’hier et d’aujourd’hui, de l’identité noire du Brésil. Une identité d’autant plus occultée qu’elle est directement liée à cette autre mémoire, encore aujourd’hui verrouillée, du Brésil portugais colonial et esclavagiste.

Cet ouvrage est en quelque sorte l’accomplissement d’une promesse faite quelques mois auparavant à Zayda, une farouche militante de la cause noire à travers les activités d’un groupe de danse à São Luis, le Tambor de Crioula, et le point de départ de cette chasse aux trésors c’est une photo de Luzia, une ancêtre brésilienne, dont le squelette a été retrouvé au cours des années 70, dans le Minas Gerais. Disparue au moins onze mille ans avant notre ère, son visage fut reconstitué à Manchester et présenté en mars 1999.

La pointe du couteau, Gérard Chaliand

Ecrit par Sophie Galabru , le Mercredi, 11 Septembre 2013. , dans Récits, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Robert Laffont

La pointe du couteau, 460 p. 21,50 € . Ecrivain(s): Gérard Chaliand Edition: Robert Laffont

L’Histoire à portée de main. Découvrir, les yeux derrière l’épaule de Gérard Chaliand, l’histoire et la culture des autres peuples, suivre les évènements fondateurs des luttes de libération. C’est dès son plus jeune âge que Gérard Chaliand a décidé un jour de vivre libre et surtout de découvrir le monde : « j’avais lu Cendrars et je voulais réaliser mes rêves coûte que coûte ». Il y a alors chez l’auteur ce savoureux mélange de poésie et de courage guerrier qui le pousse à partir, rebondir d’un point à l’autre, souvent dans des situations périlleuses mais sur lesquelles il semble toujours glisser avec une grande agilité. C’est en marchant qu’il découvre qu’il est fait pour sillonner la terre : « J’ai longtemps pensé que rien ne me destinait à la vie que j’ai menée, tout, au contraire, m’y préparait ».

Il partit alors le plus léger possible et toujours dans une grande précarité financière aux quatre coins des continents. Algérie, Allemagne, Venise, Grèce, Egypte, Espagne, Turquie, Inde en stop, Iran, le Pakistan, les Etats-Unis, le Mexique et Cuba, la Guinée, la Syrie, la Jordanie, Bagdad, Beyrouth et Israël, Cap-Vert, la Chine, la Côte d’Ivoire, le Japon, Moscou, l’Afrique du sud. Une vie à observer les autres hommes en lutte, observation active voire périlleuse quand il s’agit de rejoindre la clandestinité de soutien au FLN en Algérie, le Vietnam sous les bombes, les FARC en Colombie, la lutte armée en Erythrée. Dans ces périples, la plume de G. Chaliand est libre d’idéologies et de doctrines.

Un renoncement, René de Ceccatty

Ecrit par Martine L. Petauton , le Vendredi, 06 Septembre 2013. , dans Récits, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Flammarion

Un renoncement, mars 2013, 422 pages, 21 € . Ecrivain(s): René de Ceccatty Edition: Flammarion

 

Habitué des biographies, dont il dit qu’il ne fait que celles qui croisent, ou sont en écho avec lui-même, René de Ceccatty – un écrivain, un vrai – attend les dernières pages de cet étonnant récit pour nous dire pourquoi Garbo ? « Quand un écrivain prend pour sujets de tels monuments, il s’expose à la banalité et même à une certaine vulgarité. L’unique paravent, c’est la précision ». Ce chapitre à lui seul, vaut l’arrêt ; c’est si rare chez les biographes, et cela va pourtant tellement de soi ! pourquoi « j’ai » parlé d’elle, comment (en cercles concentriques, au risque d’une certaine redondance, et non pas de façon banalement linéaire – elle est née, elle a fait…).

Cercle réduit, que ce long récit étonnamment précis et renseigné de la vie de cette unique « divine » (entendons par là, « d’ailleurs ») puisque son épicentre est – en 1949 – la décision de son retrait, du cinéma, d’une sorte de vie publique, d’une visibilité qu’on dirait de nos jours médiatique ; à résonances multiples, au point que le terme utilisé par Ceccatty, « le renoncement », s’éclaire de quelque chose de solennel, de religieux.

Les esprits de la Steppe, Corine Sombrun

Ecrit par Cathy Garcia , le Lundi, 26 Août 2013. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Albin Michel

Les esprits de la steppe. Avec les derniers chamanes de Mongolie, 330 pages, 19,50 € . Ecrivain(s): Corine Sombrun Edition: Albin Michel

 

Si on a eu la chance de suivre Corine Sombrun depuis le début de ses incroyables mais bien réelles aventures, nous ne pourrons qu’apprécier au plus haut point ce nouveau livre, qui raconte la vie d’Enkhetuya. Cette femme chamane tsaatane a initié pendant de longues années Corine Sombrun, après que celle-ci se soit inopportunément, et bien malgré elle, retrouvée en transe dans la peau d’un loup, alors qu’elle participait à une séance chamanique chez un autre chamane, afin d’en faire des enregistrements sonores pour la BBC.

C’est ce que Corine Sombrun raconte dans son livre Mon initiation chez les Chamanes (Une Parisienne en Mongolie), paru chez Albin Michel en 2004. Cela dit, son séjour d’alors en Mongolie n’était pas totalement dû au hasard. Si on lit son tout premier livre, Journal d’une apprentie chamane, paru en 2002, on apprendra que lors d’un séjour chez un ayahuascuero en Amazonie, où elle était partie suite à la perte d’un être très cher, elle s’était mise à chanter, lors d’une cérémonie sous ayahuasca, des chants diphoniques qu’elle ne connaissait pas du tout, mais qui lui avaient indiqué, sans qu’elle comprenne pourquoi, la voie vers la Mongolie où est pratiquée cette technique de chant traditionnelle.

Les cygnes sauvages, Kenneth White

Ecrit par Lionel Bedin , le Lundi, 19 Août 2013. , dans Récits, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Iles britanniques, Le Mot et le Reste

Les cygnes sauvages, traduit par Marie-Claude White, juin 2013, 120 pages, 16 € . Ecrivain(s): Kenneth White Edition: Le Mot et le Reste

 

« Je suis parti dans le vent »


Un beau jour, à la fin des années 80, Kenneth White décide de faire « une virée » au Japon, en forme de « pèlerinage géopoétique », pour « rendre hommage aux choses précieuses et précaires » et pour faire un « voyage-haïku » dans le sillage de Bashô. Il espère bien en tirer un livre, qu’il voudrait « petit livre nippon extravagant, plein d’images et de pensées zigzagantes ». S’immerger dans un pays, dans une culture, dans des souvenirs littéraires, et « si possible, voir les cygnes sauvages venus de Sibérie s’abattre avec leurs cris d’outre-terre sur les lacs du Nord où ils viennent hiverner ». On ne peut pas avoir de buts plus clairs pour un voyage. Le résultat est ce récit, Les Cygnes sauvages, un livre à l’air inoffensif, pas très épais, et pourtant rempli à craquer d’histoires, de descriptions, de sons, de poésie, de philosophie, d’histoire littéraire, d’érudition – mais une érudition douce, qui ne fait pas mal à la tête, et même une érudition qui rend intelligent. Ou zen.