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Récits

Portraits, Dezső Kosztolányi

Ecrit par Yann Suty , le Samedi, 15 Juin 2013. , dans Récits, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Pays de l'Est, La Baconnière

Portraits, traduit du hongrois par Ibolya Virág avec la collaboration de Michel Orcel, mai 2013, 192 p. 16 € . Ecrivain(s): Dezső Kosztolányi Edition: La Baconnière

 

Dans le portrait inaugural de ce livre qui en contient une trentaine, Dezső Kosztolányi explique qu’il recourt à la méthode de la maïeutique. A la manière de Platon, il tente « d’accoucher les esprits ». Il pose des questions, rebondit sur les réponses qui lui sont données. Et le terme « d’accoucher » est effectivement très à propos, puisque le premier portrait concerne… une sage-femme.

On sent déjà affleurer cette petite touche d’humour qui sera présente dans tous les portraits qui émaillent l’ouvrage.

Certains sont étonnés que Dezső Kosztolányi s’intéresse à eux, qu’il veuille à ce point connaître des détails de leur vie. Lui s’étonne qu’ils s’étonnent.

« Ils ne comprennent pas qu’ils sont intéressants en eux-mêmes ».

Feux, Marguerite Yourcenar

Ecrit par Sophie Galabru , le Mardi, 04 Juin 2013. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Gallimard

Feux, 1993, 147 pages . Ecrivain(s): Marguerite Yourcenar Edition: Gallimard

Recueil de narrations lyriques ou de poèmes en prose, comme on le voudra, Feux est un des plus beaux écrits de la littérature française contemporaine. Il y a mille particularités qui convergent vers un universalisme littéraire, poétique et humain. Comme le dit l’auteur elle-même « produit d’une crise passionnelle » le recueil aurait pu s’appeler l’Amour Fou, mais c’est un titre plus à l’image du style baroque, métaphorique, classique et racinien auquel Marguerite Yourcenar a recours qui nommera ces écrits. Feux telle est la métaphore vive qui baptise ces plaidoyers passionnés.

L’ensemble proposé ici est celui de neuf récits tous empruntés à la Grèce Antique sauf Marie-Madeleine ou le salut de Dieu ; entrecoupés de réflexions brèves et foudroyantes, extraits sans doute d’écrits intimes et personnels. Yourcenar emprunte tous les sentiers détournés, narration à « il » ou « elle », nouvelle identité mythique de « je » pour nous parler de ce qui n’en finit pas de se vivre, l’amour passion. Ces détournements sont moins une mise à distance qu’une pudeur, mais peut-être aussi parce que dans l’incapacité à souffrir la souffrance ce ne peut être un « je » souffrant qui parle mais une souffrance s’écri(v)ant à travers des prête-noms. Ces personnages, ce style emphatique mais sublime, ces métaphores et ces images au service d’histoires simples soutiennent ensemble l’idée majeure selon laquelle l’amour est un support de passions abstraites et transcendantes.

L'épître des ombres et des trombes, Ibn Shuhayd

Ecrit par Victoire NGuyen , le Vendredi, 24 Mai 2013. , dans Récits, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Bassin méditerranéen, Poésie, Sindbad, Actes Sud

L’Epître des ombres et des trombes, texte établi, annoté et traduit de l’arabe par Philippe Vigreux, mai 2013, 116 pages, 20 € . Ecrivain(s): Ibn Shuhayd Edition: Sindbad, Actes Sud

 

Le chant audacieux de Ibn Shuhayd

 

L’ouvrage est composé de trois parties accompagnées d’un prologue. Dans cette ouverture, ivre de poésie, Ibn Shuhayd compose. Cependant, il se rend compte assez vite de son manque d’inspiration. Cet état l’aurait plongé dans le désespoir s’il n’avait pas rencontré un allié bien particulier : « A ce point je restai court et le souffle tari. Je vis alors à la porte du lieu où j’étais assis un cavalier monté sur un cheval noir autant que l’était sa barbe (…) ». Il s’agit de son génie inspirateur qui désormais l’accompagne et l’aide dans sa tâche : « Depuis lors Abû Bakr dès que mon souffle se tarit, que je perds le fil de mon idée ou qu’un tour me fait défaut je n’ai qu’à chanter ces vers et mon ami m’apparaît ». Avec cette aide venue d’un autre monde, le poète ne peut que réussir dans son entreprise. D’autant plus qu’il fera sur le dos du cheval de son Génie bienfaiteur un merveilleux voyage. Il traversera des mondes inconnus, il foulera des terres lointaines et fabuleuses où il discutera avec les Génies et Djinn pour les obliger à louer son œuvre.

Stefan Zweig en La Pléiade Gallimard

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 16 Mai 2013. , dans Récits, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Langue allemande, Roman, Nouvelles, La Pléiade Gallimard

Stefan Zweig, Romans, nouvelles et récits. Avril 2013. 2 tomes. Prix de lancement 116 € (130 € après le 31 août 2013) . Ecrivain(s): Stefan Zweig Edition: La Pléiade Gallimard

 

L’arrivée en La Pléiade d’une œuvre est en soi, toujours, un événement. Pour le lecteur français, francophone, c’est une sorte de consécration éditoriale suprême d’un auteur et de ses œuvres. La publication de Stefan Zweig constitue donc un événement, et à plus d’un titre. Toute l’œuvre est là, bien sûr, mais aussi et surtout, dans son cas, la dernière demeure en fin de compte de celui qui n’en avait plus vraiment depuis l’exil et qui, en choisissant la disparition physique, disait au monde que son œuvre était son dernier refuge. Ecoutons à ce propos Jean-Pierre Lefebvre dans sa superbe préface :

« Il n’avait pas déserté le monde, (…) Il avait seulement fait « sécession », lui aussi. Non pas dans la rumeur dorée d’une architecture nouvelle fortement imprégnée de ses héritages, ni dans un repli religieux, mais dans le jardin d’un monde de demain, pour mettre un terme à la fuite infinie, et se replier avec armes et bagages dans la seule vie de ce qu’il avait écrit. »

Vice, Hervé Guibert

Ecrit par Arnaud Genon , le Vendredi, 10 Mai 2013. , dans Récits, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Biographie, Gallimard

. Ecrivain(s): Hervé Guibert Edition: Gallimard

 

 

Vice occupe une place particulière dans l’économie générale de l’œuvre d’Hervé Guibert. Publié pour la première fois en 1991 aux Editions Jacques Bertoin, il a été écrit à la fin des années 1970, peu de temps après La Mort propagande, son premier livre. Il est aussi contemporain de Suzanne et Louise, le roman-photo que l’écrivain consacra à ses deux grand-tantes.

En ce sens, comme le remarque justement Thomas Simonet dans sa note préliminaire, il témoigne des « préoccupations d’écrivain et de photographe de l’auteur à cette période ».

L’ouvrage est constitué de trois parties.